Le recteur de
l’Université de Montréal, M. Robert Lacroix,
a plaidé aujourd’hui en faveur du renforcement et du
développement de la formation en santé devant la Commission
d’étude sur la santé et les services sociaux.
" Pour s’assurer que le Québec dispose à
l’avenir d’un personnel hautement qualifié et en
nombre suffisant, il faut rapidement améliorer le système
de formation des professionnels de la santé et mettre en
place des conditions favorables au développement de la formation
clinique dans les Centres hospitaliers d’enseignement. "
affirme M. Lacroix.
L’Université de Montréal, à l’instar
de plusieurs de ses homologues québécoises, est investie
d’une quadruple mission : de formation, de recherche, d’amélioration
des soins et d’évaluation des technologies. C’est
en regard de ces matières qu’elle présente ses
réflexions sur les services de santé et les services
sociaux.
Combler
les pénuries de main-d’oeuvre
De toutes les difficultés qui affectent notre système
de santé, la pénurie de main-d’œuvre est
un problème majeur dont les répercussions ne se limitent
pas à une offre insuffisante de soins aux populations, elles
mettent aussi en péril la formation de la relève,
la recherche et l’amélioration en santé. À
titre d’illustration de la gravité de la situation,
mentionnons que le réseau des hôpitaux affiliés
à l’Université de Montréal ne dispose
que d’un seul neuropathologiste de qui relève toutes
les activités de clinique en neurochirurgie oncologique.
Ce type de carence n’est pas seulement porteur de ruptures
dans les soins, il remet en question la capacité des établissements
d’enseignement à s’acquitter de leur mission de
formation et de recherche. Si la pénurie de médecins
et d’infirmières est bien connue du public, les autres
professions du secteur de la santé ne sont pas en reste.
La pharmacie, la nutrition, la physiothérapie, l’ergothérapie,
l’inhalothérapie, l’audiologie, l’orthophonie
et le travail social sont également touchés alors
que ces professions sont appelées à jouer un rôle
de plus en plus important dans le système de santé.
Il est évident que la pénurie de professionnels de
la santé devra être comblée, à moyen
terme, par une formation accrue. En conséquence, l’Université
de Montréal recommande d’accroître le nombre d’admissions
dans les différentes facultés des sciences de la santé,
d’augmenter le nombre de postes d’admission à la
résidence de façon à faciliter l’intégration
des diplômés d’universités étrangères
et de revaloriser certaines professions par leur reconnaissance
formelle.
La formation des professionnels de la santé repose sur une
formation universitaire de haute qualité mais également
sur la disponibilité de stages bien encadrés dans
divers milieux de pratique. Toutefois, dans plusieurs disciplines
les professionnels responsables de l’enseignement pratique
ne trouvent plus le temps nécessaire pour remplir leur mission
d’enseignement sur le terrain. Les professeurs qui demeurent
actifs en milieu clinique, pour leur part, ne reçoivent aucune
reconnaissance financière pour leur contribution. Il convient
de corriger cette situation et de reconnaître l’enseignement
et la recherche comme faisant partie de la mission principale des
centres hospitaliers universitaires. " Il ne saurait y avoir
de politique crédible à long terme sans une attention
spéciale et spécifique aux infrastructures impliquées
dans la continuité et la mise à jour des connaissances
pour les professionnels de la santé ", ajoute M. Lacroix.
Redéfinir
les rôles
À l’heure actuelle, la gestion centrale du système
québécois d’enseignement et de formation en sciences
de la santé est éclatée entre plusieurs pôles
sans que les responsabilités de chacun aient toujours été
clairement définies et sans qu’il existe entre eux de
mécanismes formels de coordination. Ainsi, au niveau du gouvernement
provincial, trois ministères disposent, à divers titres,
de compétences réglementaires et financières
pour intervenir dans le réseau des institutions de formation
et de recherche en matière de santé. Il s’agit,
en ordre dispersé, du ministère de la Santé
et des Services sociaux, du ministère de l’Éducation
et du ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie.
Les compétences respectives des trois administrations à
propos de certains champs d’intervention des réseaux
de formation et de recherche sont si peu clairement définies
qu’il en résulte une confusion, voire même un
immobilisme inacceptable pour les institutions d’enseignement.
Compte tenu des défis auxquels sont confrontés les
centres hospitaliers d’enseignement, il est plus que jamais
essentiel de mieux coordonner les interventions et les efforts des
trois ministères en cause.
Rappelons que l’Université de Montréal est à
la fois un observateur privilégié du système
de santé québécois et un de ses principaux
acteurs de développement. En effet, entre 1995 et 1997, le
pourcentage de diplômés de premier cycle de l’Université
de Montréal dans l’ensemble du Québec a été
de 30% en médecine,
55% en médecine dentaire, 51% en pharmacie, 60,5% en sciences
infirmières, 100% en optométrie et 50,2% pour tout
le secteur paramédical.
L'Université de Montréal est l'une des grandes universités
canadiennes de recherche. Avec ses deux écoles affiliées,
l'École Polytechnique et l'École des HEC, elle offre
des programmes d'études de 1er, 2e et 3e cycles dans presque
tous les domaines du savoir. Elle compte 1 700 professeurs et plus
de 44 500 étudiants, dont 10 265 aux 2e et 3e cycles, ce
qui la situe au deuxième rang au Canada pour le nombre d'étudiants
aux cycles supérieurs. Elle se classe au deuxième
rang parmi les universités de recherche canadiennes pour
les subventions et les contrats de recherche.
|