C'est aujourd'hui que sont inaugurés les locaux occupés par l'École Polytechnique au pavillon Decelles, ancien immeuble des HEC sur le campus de l'Université de Montréal. Cette occupation a été rendue nécessaire pour solutionner temporairement la crise d'espace vécue à Polytechnique. L'École occupe actuellement 82 000 m2 brut et souffre d'un déficit de 17 000 m2. En occupant le pavillon Decelles, Polytechnique gagne environ 8 000 m2.
L'École Polytechnique a publié le printemps dernier son plan directeur immobilier qui établit à 53 000 m2 brut le déficit d'espace prévu dans cinq ans si rien n'est fait. Polytechnique prévoit une croissance importante de ses activités au cours des années à venir. Il est déjà acquis qu'elle verra l'implantation d'au moins 23 nouvelles Chaires de recherche du Canada d'ici cinq ans. Celles-ci s'ajouteront aux 53 unités de recherche existantes. Par ailleurs, la Fondation canadienne pour l'innovation a déjà versé à Polytechnique 53 millions de dollars pour l'acquisition d'équipements scientifiques. Tout ceci contribuera à une hausse de clientèle étudiante estimée à 16 % d'ici 5 ans et à une pression encore plus importante sur les espaces. Dans l'intervalle, l'École a été contrainte d'expatrier une partie de ses activités vers le pavillon Decelles. Le département de génie informatique et le département de génie électrique y enseignent désormais tous leurs cours de 3e et 4e année en plus d'y tenir leurs activités de cycles supérieurs.
Le regroupement de ses activités engendre la création d'une équipe de professeurs et d'étudiants assez nombreuse pour poursuivre des travaux de formation et de recherche de haut niveau. En effet, le pavillon Decelles abrite quatre chaires de recherche du Canada, une en nanorobotique, une consacrée aux dispositifs médicaux intelligents, une en micro-électronique et une en télécommunications. Ajoutons à cela une forte concentration de chercheurs dans le domaine de l'informatique, des télécommunications et des réseaux et vous vous retrouvez avec l'un des plus beaux fleurons de l'enseignement et de la recherche dans le domaine des nouvelles technologies au pays. Néanmoins, cet exode d'une grande partie de la matière grise de Polytechnique hypothèque fortement le potentiel d'interaction entre les diverses spécialités du génie, de plus en plus interdépendantes. Rien ne peut remplacer la valeur des échanges et l'émulation créées par les relations quotidiennes entre professeurs, étudiants et chercheurs de toutes les disciplines.
Pour la direction de l'École Polytechnique, il est plus que temps de rapatrier dans un même lieu les activités de l'École réparties en six sites différents. Comme l'a mentionné Madame Soumaya Yacout, directrice des études: «Polytechnique est l'un des plus importants établissements canadiens d'enseignement et de recherche en génie. Elle joue un rôle unique au Québec dans le domaine de la recherche et de l'innovation. Elle draine vers Montréal chaque année des millions de dollars en R-D. À elle seule l'École contribue à plus de 25 % du fonds de recherche de l'Université de Montréal, la deuxième université de recherche au Canada. Elle forme chaque année plus d'ingénieurs, de maîtres et de docteurs dans le domaine du génie que quiconque au Québec. Ses chercheurs ont créé 12 nouvelles entreprises de haute technologie et généré 225 emplois de haut niveau dans la région de Montréal. Qui peut se vanter d'en faire autant ? Personne. Ne mettons pas en péril le potentiel de développement de cette institution.»
Fondée en 1873, l'École Polytechnique de Montréal se spécialise dans la formation et la recherche en génie. Elle compte plus de 5 000 étudiants dans dix spécialités du génie et dispose cette année d'un fonds de recherche de 27,7 millions, auxquels se sont ajoutés 18,5 millions en subventions d'infrastructure et 1 million en honoraires d'analyses et d'expertises. Ceci en fait l'un des plus importants établissements du genre au Canada et le plus grand au Québec.
