Depuis l'automne 1994, l'unité de télémédecine du Centre de recherche de l'hôpital Hôtel-Dieu de Montréal utilise la télémédecine afin de renforcer la collaboration médicale et scientifique avec plusieurs équipes universitaires en France. Plusieurs réunions multidisciplinaires conjointes dans les domaines de l'endocrinologie, de la cardiologie, de la dermatologie et de la pathologie ont ainsi pu avoir lieu à distance, de même que l'analyse de scanners en trois dimensions, à l'aide de logiciels spécialisés. C'est d'ailleurs cette technologie qui a récemment permis au Dr Michel Gagné, anciennement de l'hôpital Hôtel-Dieu, de procéder depuis New York, à l'aide d'un robot, à une opération de la vésicule biliaire sur un patient hospitalisé à Strasbourg.
Suite à ces échanges initiaux, il fut proposé, lors de la réunion de la Commission permanente de coopération franco-québécoise (CPCFQ) de novembre 1998, d'élargir et consolider ces liens pour constituer un réseau multipoint de coopération franco-québécoise entre trois CHU français (Toulouse, Strasbourg et Lille) et celui de Montréal. Le principe de fonctionnement du réseau franco-québécois de télémédecine facilite les échanges entre l'ensemble des professionnels de la santé qui œuvrent dans ces quatre centres hospitaliers universitaires.
Par ces échanges médicaux, favorisé par l'emploi en commun de la langue française, des équipes de haut niveau optimisent les connaissances entre deux continents en diminuant le nombre de déplacements des équipes de professionnels de la santé. Mieux que dans les congrès, les concertations médicales, avec présence éventuelle du malade, sont engagées dans le fond sur des cas concrets. Les réunions de service réalisées dans les hôpitaux français entre plusieurs services peuvent ainsi s'élargir au Québec, réalisant une universalisation du savoir et du savoir-faire des professionnels de santé. Une plus-value, sur le plan de la formation ainsi que sur celui de la recherche médicale, reconnue par l'ensemble des participants.
Grâce au financement obtenu par le CPCFQ, le réseau a pu déployer les activités suivantes:
1. Réunions conjointes de service par visioconférences
Les réunions se déroulent en mode multipoint entre le CHUM et les trois CHU français. L'utilisation du pont multipoint de visioconférence mis à la disposition du projet par le CHRU de Lille permet d'assurer la retransmission des échanges et de réduire les coûts de communication en limitant le nombre des connexions transatlantiques à une seule (CHUM-Lille). Lors des réunions, d'une durée maximale de 120 minutes, chacun des participants présente ses travaux ou cas cliniques portant sur le thème de la réunion. Les réunions utilisent des transmissions à 384 kbps (3 lignes doubles RNIS, standard H320).
Ces réunions conjointes de service ont été riches dans leur contenu scientifique et didactique; elles se sont avérées particulièrement utiles dans nos missions d'enseignement universitaire auprès des étudiants en médecine et en formation spécialisée. Au cours des années récentes, le programme de coopération franco-québécoise favorisait principalement la réalisation de missions d'échanges et ne supportait pas directement des réunions par visioconférence ou le développement d'applications avancées en télémédecine.
2. Missions franco-québécoises d'échanges en télémédecine et technologies de l'information en santé
Un programme bilatéral de missions a été instauré depuis septembre 1999 afin de partager, plus efficacement, les expertises particulières dans les domaines de la télémédecine et des technologies de l'information en santé.
3. Échanges technologiques avancés en télémédecine.
L'IRCAD (Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif) situé à Strasbourg a développé un simulateur hépatique virtuel, permettant de visualiser et de définir une procédure chirurgicale hépatique de façon optimale.
Ce simulateur permet de travailler sur le foie du patient concerné en utilisant les données issues de son scanner. Le programme d'échanges technologiques permet notamment aux équipes médico-chirurgicale du CHUM de transmettre les données du scanner de leur patient pour faire bénéficier celui-ci d'une optimisation de son traitement. Cette optimisation se fait par la visualisation en 3D et la discussion autour de la procédure chirurgicale la plus appropriée, entre les équipes françaises et québécoises dans un contexte préopératoire, per-opératoire et, également, postopératoire.
D'un point de vue général, ce simulateur permet une reconstruction volumique en 3D d'un foie virtuel sur les bases des données "patients". Cette reconstruction est une nouvelle base pour l'enseignement et le télé-enseignement. Elle permet la simulation conceptuelle préopératoire de l'intervention chirurgicale, la simulation préopératoire et l'intervention assistée en temps réel par un expert distant ainsi que la simulation préopératoire de l'intervention en temps réel avec instruments dans un contexte hyperréaliste, avec simulation d'hémorragie, par exemple. Cette simulation apporte également une étude morphophysiologique du foie et permet l'utilisation pré-opératoire d'aspects de réalité augmentée (vue par transparence d'éléments constitutifs de l'organe, donc guidage durant l'intervention).
L'équipe de l'IRCAD souhaitait étendre cette technique à d'autres organes qu'ils ont moins bien étudiés et pour lesquels les équipes du CHUM possèdent des banques de données. Lors de la visite de l'IRCAD, en janvier 2000, par l'équipe du CHUM, celle-ci avait eu l'occasion de prendre connaissance des efforts de développement d'un système expert de segmentation du foie. Le système utilise des critères avancés pour démontrer, à partir d'une pile de coupes de tomodensitométrie contiguë acquises avec un certain protocole, les différents segments du foie. Ce type d'évaluation peut rehausser l'acte chirurgical du foie envahi par processus néoplasique en permettant la localisation du ou des segments touchés. Ceci permet ensuite de limiter l'ablation à ces seuls segments, tout en rendant cette ablation plus complète de par la proportion retirée des segments affectés.
L'IRCAD planifie actuellement une distribution beta du logiciel sur plate-forme NT et il est prévu d'en installer un exemplaire au CHUM de sorte que les traitements d'image pourraient être accomplies localement. Le CHUM contribuera ainsi au développement du système de segmentation du foie de l'IRCAD.