Le recyclage en produit d'épandage de matières résiduelles reconnues pour leurs propriétés fertilisantes, mais contenant des métaux lourds, des contaminants organiques ou des substances toxiques, peut-il nuire à la santé? Ces métaux lourds ou ces contaminants risquent-ils de se retrouver dans les légumes ou la viande destinés à la consommation humaine ?
La question en préoccupe plusieurs, en France comme au Québec où l'emploie des résidus ayant des propriétés fertilisantes est en pleine croissance. Pourtant, on connaît peu l'impact sur l'environnement du recyclage de ces matières (par exemple des boues provenant de stations d'épuration municipales ou industrielles, des sédiments de dragage ou encore des déchets provenant d'usines de pâtes et papiers) et encore moins les conséquences potentielles sur la santé humaine.
Un projet de développement d'outils d'évaluation des impacts environnementaux, soutenu par la Commission permanente de coopération franco-québécoise (CPCFQ), auquel collabore la Chaire industrielle en assainissement et gestion des sites de l'École Polytechnique, vise à développer des outils pour étudier et estimer l'exposition et les effets (biodisponibilité) des contaminants susceptibles d'être présents dans les résidus.
«La prise en compte des substances chimiques contenues dans les différents types de matières résiduelles permettrait d'estimer de manière plus précise l'exposition des composantes de l'écosystème et l'impact qui peut en résulter et, par conséquent, de guider le choix des mesures de gestion encadrant l'utilisation de ces matières résiduelles, précise le rapport de la CPCFQ. L'objectif général est de développer des méthodes et techniques pour l'évaluation des impacts environnementaux à long terme associés à la valorisation des matières résiduelles. Ces développements devraient conduire à l'élaboration d'une approche d'évaluation de la disponibilité qui tiendra compte de la pertinence des méthodes et techniques en fonction des matières résiduelles et des substances chimiques qu'elles contiennent, des récepteurs écologiques potentiellement en cause et des voies de transport et d'exposition effectives.»
Outre l'École Polytechnique, deux autres partenaires québécois sont impliqués dans le projet: le Centre d'expertise en analyse environnementale du Québec et l'Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Du côté français, on note la participation de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques, le CEMAGREF et, enfin, l'Institut national des sciences appliquées.