«L'envahissement de l'anglo-américain appauvrit la langue française.» Si elle manie habilement le français, Lorraine Camerlain ne parle pas la langue de bois. Pour la directrice du Centre de communication écrite de l'Université de Montréal (CCE), la suprématie de l'anglais sur les autres langues est un phénomène inquiétant.
«Il faut réagir, car, si certains mots empruntés à la culture anglaise sont utiles lorsque le français ne possède pas d'équivalents - par exemple "baseball", "short" et "steak" -, d'autres viennent interférer avec les expressions et les mots français déjà existants. Ces emprunts nuisent à la clarté de l'expression.»
C'est pourquoi sur son site Web le CCE accorde une attention particulière aux emprunts faits à l'anglais. On y apprend notamment qu'au Québec, contrairement à la France où l'on utilise couramment des termes anglais, tout emprunt direct à la langue de Shakespeare est suspect. «Ici, on commet plutôt des anglicismes sémantiques et syntaxiques», commente Mme Camerlain, qui enseigne la rédaction de la langue française en milieu universitaire depuis une vingtaine d'années.
Le mandat du CCE est de mettre en œuvre la Politique de la maîtrise de la langue française dans les études, que l'Université de Montréal a adoptée en novembre 2001. Cours, ateliers, rencontres avec des spécialistes, concours de rédaction sont organisés par les professionnelles et des collaborateurs du Centre, qui offre également aux étudiants un service de documentation et un centre d'aide en français.
En décembre dernier, le CCE a ajouté une corde à son arc en lançant son site Web (www.cce.umontreal.ca), donnant ainsi aux étudiants un plus grand accès aux outils de perfectionnement.
Le site présente de façon conviviale un contenu pertinent, dont la liste des ateliers que propose le CCE ainsi que la liste des cours sur la langue et la rédaction offerts «en classe» ou «à distance» par la Faculté de l'éducation permanente.
La section «Boîte à outils» est particulièrement intéressante, car elle fournit une foule de renseignements utiles à propos des anglicismes et autres difficultés de la langue française - par exemple la syntaxe et l'orthographe grammaticale. L'internaute peut même mettre ses connaissances à l'épreuve; divers exercices et corrigés sont accessibles en ligne. Par ailleurs, on y trouve des capsules linguistiques, des ouvrages de référence et une série de liens vers des sites essentiels pour toute personne désireuse de parfaire son français: le Grand dictionnaire terminologique, les téléinformations linguistiques de HEC Montréal et Le nouveau petit Robert, pour ne nommer que ceux-là.
Enfin, une section du site est spécialement conçue pour les étudiants de la Faculté des sciences de l'éducation. Une partie comprend des problèmes pratiques sous forme de textes à corriger et l'autre porte sur la terminologie du domaine de l'éducation.