Une étude internationale coordonnée par le docteur Jean-Louis Chiasson, chercheur au Centre hospitalier de l'Université de Montréal, a démontré que l'on pouvait prévenir, chez des sujets prédiabétiques, le développement du diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires.
Le projet STOP-NIDDM («stopper le diabète non-insulino-dépendant», diabète dit de type 2) mené de juillet 1998 à août 2001 a en effet permis de démontrer que le traitement de sujets prédiabétiques (intolérance au glucose) avec l'acarbose diminuait de façon significative le risque de développer:
1) le diabète de type 2 (publié dans la revue médicale The Lancet en juin 2002);
2) l'hypertension et, surtout, les maladies cardiovasculaire (publié dans la revue médicale JAMA en juillet 2003).
Le nombre de personnes avec le diabète de type 2 est de 7 à 8% dans la population adulte et augmente de façon exponentielle depuis quelques années. On prévoit que la population diabétique va doubler dans les 20 prochaines années. Le diabète est la première cause de cécité, d'insuffisance rénale terminale, d'amputation et une cause majeure de maladie cardiovasculaire. Il est associé à un excès de mortalité et coûte au-delà de 14 milliards de dollars par année à notre système de santé canadien.
Les personnes qui développent le diabète passent tous par une phase prédiabétique appelée «intolérance au glucose». Cet état est caractérisé par une augmentation du taux de sucre après le repas, et peut facilement se diagnostiquer par un test d'hyperglycémie provoquée; 2 heures après la prise de 75 g de glucose par la bouche, le taux de sucre dans le sang se situe entre 7,8 et 11,1 mmol/L. Bien que les sujets avec intolérance au glucose ne développe pas les complications spécifiques du diabète (yeux et reins), ils présentent un risque élevé de maladies cardiovasculaires et d'hypertension.
L'hypothèse de travail était que l'hyperglycémie post-prandiale qui caractérise l'état prédiabétique constitue un facteur de risque important dans le développement du diabète ainsi que des maladies cardiovasculaires et d'hypertension.
Des chercheurs du Canada, de l'Allemagne, de l'Autriche, de la Norvège, du Danemark, de la Suède, de la Finlande, de l'Israël et de l'Espagne ont participé à l'étude STOP-NIDDM. L'objectif était de vérifier si, en diminuant l'hyperglycémie post-prandiale avec l'acarbose chez des sujets prédiabétiques, l'on pouvait prévenir le diabète, les maladies cardiovasculaires et l'hypertension. Un échantillonnage de 1 368 sujets, hommes et femmes âgés de 40 à 70 ans avec intolérance au glucose ont participé à ce projet de recherche. La moitié a reçu de l'acarbose, médicament qui diminue l'hyperglycémie post-prandiale, et l'autre moitié a reçu un placebo. L'étude a démontré après 3,3 ans de traitement que l'acarbose est associée à une réduction significative de risque relatif de:
1) développer le diabète de 36%;
2) développer des maladies cardiovasculaires de 49%; et
3) développer de l'hypertension de 35%.
Le médicament acarbose peut donc prévenir, ou du moins retarder chez des sujets prédiabétiques, le développement du diabète et des maladies cardiovasculaires.
Il a été également démontré par une étude finlandaise et une étude américaine que la diète amaigrissante et l'exercice pouvait prévenir le diabète chez les sujets prédiabétiques. L'acarbose peut donc être utilisé soit comme alternatif, ou encore plus intéressant, en combinaison avec la diète et l'exercice pour prévenir le diabète et les maladies cardiovasculaire chez des sujets avec un état prédiabétique.