Le D
r André Veillette, chercheur de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), et son équipe publieront dans la prochaine édition de la prestigieuse revue
Immunity du groupe
Cell les résultats de travaux qui pourraient révolutionner le traitement des maladies auto-immunes telles le diabète juvénile, le lupus et l’arthrite rhumatoïde. La médecine actuelle ne parvient qu’à des résultats mitigés face à ce type de maladies qui touchent des centaines de milliers de canadiens.
La découverte de l’équipe du Dr Veillette a permis d’identifier l’un des mécanismes fondamentaux contrôlant la production d’anticorps par les cellules du système immunitaire appelées « lymphocytes B ». Les maladies auto-immunes sont caractérisées par une activité excessive de ces lymphocytes, qui sont aussi normalement responsables de combattre les infections. Ainsi, les anticorps sécrétés par les lymphocytes suractivés se retournent contre l’organisme, menant à des maladies auto-immunes caractérisées par une inflammation débilitante et une dégradation avancée des tissus. La percée réalisée par le Dr Veillette identifie une cascade de réactions moléculaires impliquées dans ces dérèglements. On dispose ainsi de nouvelles cibles thérapeutiques qui pourront être utilisées pour ralentir les agressions subies par le pancréas dans le cas du diabète juvénile, par les reins dans le cas du lupus et par les articulations dans le cas de l’arthrite rhumatoïde.
Cette publication constitue une étape importante dans le programme de recherche du Dr Veillette, qui est un expert international de l’identification des mécanismes moléculaires contrôlant la réponse immunitaire. Les premiers résultats sur ce sujet ont été publiés en 2001 dans Nature Immunology puis ont été complétés en 2003 par un article dans Nature Cell Biology. L’article qui sera publié dans le numéro de novembre 2004 de Immunity apporte une preuve génétique de l’importance du mécanisme moléculaire découvert par l’équipe du Dr Veillette.
Plus spécifiquement, cette découverte établit un lien entre trois éléments : un récepteur (c’est-à-dire «senseur») situé à la surface des lymphocytes, appelé SLAM ; une protéine adaptatrice (c’est-à-dire «relais moléculaire») située dans la cellule, appelée SAP ; et FynT, une enzyme aussi située à l’intérieur de la cellule. À l’aide de souris chez qui les protéines SLAM, SAP ou FynT ont été mutées génétiquement, le Dr Veillette a fourni une preuve de l’importance des liens entre ces trois protéines. A noter aussi que des mutations de la protéine SAP existent chez des humains, où elles causent une déficience immunitaire appelée «syndrome lymphoprolifératif lié au chromosome X». La découverte du Dr Veillette ouvre la voie au développement d’inhibiteurs de SLAM, SAP ou FynT, qui auront comme conséquence de pouvoir bloquer les réponses immunitaires excessives observées dans les patients atteints de maladies auto-immunes.
Le Dr André Veillette est directeur de l’Unité de recherche en oncologie moléculaire de l’IRCM et chercheur titulaire à la Faculté de médecine de l’UdeM. Il est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en signalisation dans le système immunitaire et ses travaux sont subventionnés par les Instituts de recherche en santé du Canada, l’Institut national du cancer du Canada et le Centre d’excellence sur la vaccination CANVAC.