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Faculté de médecine

Un groupe indépendant de médecins questionne la réponse gouvernementale au jugement Chaoulli

9 mars 2006 – «S’il séduit à la première lecture, le projet gouvernemental de «garantie de soins» ne permettra pas d’améliorer significativement l’accessibilité aux soins. Il garantit plutôt une réorientation du flux de patients vers le secteur privé, aux frais de l’État», lance le Dr Antoine Boivin, médecin de famille à Rouyn-Noranda.

En conférence de presse à l’Université de Montréal, le groupe Médecins pour l’accès à la santé, composé de plus de 120 médecins de différentes régions du Québec, a présenté aujourd’hui le fruit d’un important travail de mobilisation et de réflexion sur le problème de l’attente dans le système de santé. Il réagit au document «Garantir l’accès: un défi d’équité, d’efficience et de qualité». Ce plan gouvernemental propose une participation accrue du secteur privé par l’introduction de cliniques spécialisées affiliées (CSA) qui s’inscrivent dans le plan de modernisation de l’État.

Accompagné des Drs Simon Turcotte, du département de chirurgie de l’Université de Montréal, Réjean Hébert, doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke et Raymond Lalande, vice-doyen à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, le docteur Boivin note que la formule des CSA proposée par le ministre Couillard ouvre la porte à un type de clinique inédit dans notre système de santé. «Une clinique spécialisée affiliée, ce n’est pas le cabinet de votre médecin de famille». Contrairement aux cabinets de médecins actuels, les CSA pourraient être construites et gérées par des corporations privées à but lucratif, canadiennes ou étrangères. «L’expérience internationale soulève plusieurs inquiétudes quant à l’impact de cette forme de sous-traitance sur la qualité des soins et les coûts à long terme pour le gouvernement.»

D’autre part, le groupe note que de nombreux cabinets privés de chirurgie où pratiquent des médecins rémunérés par la RAMQ existent déjà au Québec. « Les patients traités en cabinet ont à payer d’importants frais accessoires pouvant s’élever à plus de 1000$ par intervention, créant ainsi une «deuxième vitesse » à l’intérieur même du système public» rapporte le Dr Simon Turcotte. Afin de mieux intégrer les cabinets privés existants au reste du réseau, le groupe propose de financer publiquement les frais inhérents aux chirurgies et actes diagnostiques pratiqués en cabinet et pour lesquels le patient n’a pas à payer à l’hôpital.

Pour tirer pleinement parti des possibilités qu’offrent les nouvelles technologies et profiter des ressources hospitalières, le groupe insiste pour que le gouvernement investisse dans le développement de centres de chirurgie ambulatoires publics. «Les installations existent déjà depuis trois ans à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et pourraient accroître de 30% la capacité opératoire, mais faute de volonté politique, le centre n’est toujours pas fonctionnel», mentionne le Dr Turcotte.

En calculant le délai d’attente à partir de l’inscription du patient sur une liste par un médecin spécialiste, le plan ministériel aborde la question de l’accès de façon réductrice en négligeant la durée d’attente considérable pour consulter un médecin de famille, puis un spécialiste. Toute intervention visant à diminuer efficacement les délais réels d’attente passe par un investissement dans les services de première ligne. Le groupe propose aussi un système amélioré de gestion et de surveillance des listes d’attente pour identifier à quel niveau résident les problèmes majeurs d’accès aux soins.

Le groupe déplore finalement que, dans sa réponse au jugement Chaoulli, le gouvernement semble privilégier le développement d’un nouveau marché pour les investisseurs plutôt que les besoins des patients. Le Dr Turcotte conclu: «Devant l'existence de solutions publiques ayant fait leurs preuves pour améliorer mieux et à moindre coût l'accès aux soins, le groupe se demande en quoi l'élargissement supplémentaire du secteur privé proposé par le gouvernement permettra de répondre aux besoins et aux attentes de la population d'obtenir des soins rapidement et de façon équitable.»

Propositions
1. La mise en place d’un système intégré de surveillance des délais d’attente et de ses conséquences sur la santé
2. Renforcer la première ligne
3. Miser sur le développement de centres de chirurgie ambulatoire publics
4. Mieux intégrer les cabinets privés existants et remettre en question la pertinence des cliniques spécialisées affiliées
5. Maintenir l’étanchéité entre médecins participants et non participants
6. Ne pas considérer l’assurance privée comme une solution profitant à l’ensemble de la population
7. Encourager la participation des citoyens au débat

Les notes accompagnant les propositions peuvent être consultées à l’adresse : www.med.umontreal.ca/santeacces

 

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