Volume 40 - numÉro 1 - 29 août 2005 |
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Quelques conseils aux nouveaux professeurs« Essayez d'avoir du plaisir »
Cette année encore, un important bataillon de nouveaux professeurs fait son entrée à l’Université. Parions qu’ils auront autant de papillons dans l’estomac que les jeunes qui leur feront face. Mais plusieurs auront eu la bonne idée de suivre une des séances de formation qu’offre le Centre d’études et de formation en enseignement supérieur (CEFES) aux nouveaux enseignants. Tout y est discuté, des «trucs» pour garder l’attention des étudiants aux étapes qui conduisent à l’agrégation. À la fin de juin, Forum a assisté à une table ronde très animée à laquelle participaient 25 personnes buvant littéralement les conseils et commentaires de trois professeurs chevronnés et respectés: Gilles Fecteau (Médecine vétérinaire), Diane Lamarre (Pharmacie) et Sonia Gauthier (École de service social). «Je suis une experte en passion!» Sonia Gauthier ne peut être plus claire: les éteignoirs n’ont pas leur place dans ce métier. Cela dit, il n’est ni nécessaire ni même souhaitable d’être chum avec les étudiants. «Je commence avec ma liste d’épicerie, je passe mes commandes dès le premier cours de sorte que tout le monde est fixé. Pour les étudiants, un bon prof, c’est quelqu’un qui est structuré.» Un exemple? Mme Gauthier ne veut pas entendre d’autres voix que la sienne lorsqu’elle parle. «Cette exigence m’a bien servie devant les groupes de 150 étudiants, qui sont comme un grand cheval sauvage. On va se faire jeter par terre s’il n’y a pas de bride.» Comme un spectacleSonia Gauthier est professeure adjointe. Elle enseigne depuis 2001. Ses conseils aux nouveaux ne se limitent pas aux échanges avec les étudiants. Elle insiste énormément sur la nécessité de «prendre du temps pour soi». «Moi, j’arrive tôt, mais à 5 ou 6 h je pars. Et je ne travaille jamais le samedi.» Cette exhortation à une vie équilibrée, Mme Gauthier la mettra d’autant plus en application qu’elle est enceinte. «Il est important d’avoir une vie à l’extérieur.»
Les professeurs s’entendent également pour privilégier un petit quelque chose d’imprévu à chaque cours, lorsque cela est possible. «C’est comme un spectacle. J’essaie d’avoir un petit moment d’innovation», dit Diane Lamarre. Celle-ci favorise à l’occasion les démonstrations concrètes. Ainsi, pour bien faire comprendre la difficulté que pose une injection d’insuline aux diabétiques, elle fait porter aux étudiants des lunettes enduites de vaseline. «La durée de vie de ce qu’on enseigne en pharmacie est d’environ cinq ans. Donc, nous devons former des pharmaciens capables de penser», résume-t-elle. À une question sur le respect, Mme Lamarre a estimé que «la constance, l’équité et la rétroaction» sont les qualités permettant de gagner le respect des étudiants. «C’est certain que les étudiants veulent que vous les nourrissiez à la petite cuillère. Mais il faut qu’ils acquièrent une certaine autonomie.» Gilles Fecteau précise pour sa part que, de la même façon qu’il n’accepte aucun travail remis en retard, il fait sa part en étant très bien préparé lorsqu’un étudiant a pris rendez-vous avec lui sur un sujet précis. De plus, M. Fecteau tente de donner aux jeunes une idée assez précise du moment où il sera en mesure d’annoter leurs travaux. M. Fecteau est professeur titulaire en médecine vétérinaire. En 2003, il a remporté le prix d’excellence en enseignement de l’Université. Il tente de se maintenir à la fine pointe des connaissances dans son domaine. Il parle aussi de passion, d’enthousiasme, de disponibilité. Et, comme ses collègues, il s’interroge à haute voix sur la manière de concilier l’enseignement, la recherche, la contribution à l’établissement et le rayonnement extérieur. «Vos recherches ne doivent pas vous éloigner de votre enseignement, prévient-il. Et les travaux doivent enrichir l’enseignement et être tellement intéressants que vous ayez le gout d’en parler dans les congrès.» Car plusieurs le diront, la recherche reste la priorité dans plusieurs facultés et il faut s’assurer qu’elle peut s’accorder avec l’enseignement. Concrètement, les défis peuvent prendre plusieurs visages. Par exemple, une jeune femme devenue professeure adjointe 22 jours plus tôt au Département de sociologie se demande si elle doit accepter de siéger à toutes sortes de comités pour lesquels sa participation est vivement sollicitée, compte tenu du départ à la retraite de nombreux professeurs. «Apprenez à dire non quand vous le pouvez», répond Mme Gauthier. Paule des Rivières
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