Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numéro 3 - 12 septembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Damien D’Amours pose ses valises à Montréal

Le spécialiste de la biologie moléculaire est embauché par l’IRIC

Damien D’Amours revient au Québec avec sa conjointe, Julie St-Pierre, afin de se consacrer à ses recherches à l’IRIC.

Après huit ans d’études à l’étranger, le biologiste Damien D’Amours revient au Québec à titre de professeur adjoint à la Faculté de médecine. Il dirigera un laboratoire à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC), le nouveau centre de recherche de l’Université.

«Nous sommes très contents de cette offre et nous sommes à Montréal pour y rester», annonce M. D’Amours au cours d’un entretien téléphonique depuis Boston, où il termine actuellement un postdoctorat au Massachusetts Institute of Technology. S’il s’exprime à la première personne du pluriel, c’est qu’il rentre au pays avec sa femme, Julie St-Pierre, également chercheuse de haut niveau (maitrise à l’Université Laval, doctorat à Cambridge et postdoctorat à Harvard), et leur garçon de 21 mois, qui compte s’inscrire sous peu en biochimie!

Le professeur D’Amours s’est spécialisé dans un secteur névralgique de la biologie cellulaire: la régulation du cycle cellulaire. «Je cherche à comprendre comment une cellule procède à la division de ses chromosomes», résume le chercheur de 32 ans. Si l’on observe au microscope la division des chromosomes depuis un siècle, encore beaucoup de choses échappent aux spécialistes et le biologiste a déjà contribué à y voir plus clair. Il a notamment frappé un grand coup, en mai 2004, en publiant dans Cell une toute nouvelle façon d’expliquer la séparation des chromosomes lors de la mitose. «Comme vous savez, un chromosome a la forme d’un X, explique-t-il. C’est à la jonction de ce X que nous croyions que se déroulait l’essentiel du processus de division. Ce n’est pas tout à fait exact. Le mécanisme que j’ai mis en lumière n’implique pas uniquement la jonction des deux chromosomes.»

Petite révolution

Au cours de ses travaux de doctorat, Damien D’Amours a mené une recherche originale sur des cellules issues d’une maladie excessivement rare: le syndrome de Nijmegen. À peine une centaine d’hommes et de femmes dans le monde souffrent de ce cancer très virulent auquel on ne survit pas après l’âge de 30 ans. L’hypothèse du chercheur était que les personnes atteintes de cette maladie avaient une déficience liée à l’une des trois protéines vitales de la reproduction cellulaire, NBS1. «Nous connaissons la séquence de cette protéine grâce aux travaux sur le génome humain. Nos recherches ont démontré que, si nous inhibons cette protéine, la réplication est touchée.»

Ce qui est fascinant, c’est que cette protéine est l’une des plus primitives que nous ayons au cœur de nos cellules. L’être humain partage donc des caractéristiques fondamentales de sa croissance avec la levure Saccharomyces cerevisiae. «C’est une grande découverte de la biologie que d’avoir mis au jour un lien évolutif entre les levures et nous.» Le directeur du Laboratoire de régulation du cycle cellulaire et structure des chromosomes entend poursuivre deux buts, comme il l’indique sur son site: «L’objectif principal de notre équipe de recherche est de révéler les principes moléculaires fondamentaux qui régissent la réorganisation de la structure des chromosomes lors de la mitose. De plus, nous voulons établir comment ce processus de morphogenèse des chromosomes s’intègre avec les autres évènements clés qui régulent la fin du cycle cellulaire.»

L’IRIC lui apparait comme un centre de recherche de très haut calibre qui rassemble une masse critique de chercheurs qui n’ont rien à envier à leurs collègues des grands centres internationaux. «Je vous donne un seul exemple: la spectroscopie de masse. On trouve à l’IRIC une technologie à la fine pointe des connaissances dans ce domaine. Je n’aurai pas besoin de collaborer avec des gens de Boston ou New York, car je trouverai des spécialistes comme Pierre Thibault au bout du corridor.»

La présence de Guy Sauvageau, Marc Therrien, Kathy Borden et bien d’autres chercheurs éminents est également un gage de succès de l’IRIC, estime-t-il.

De Rimouski à Montréal

Originaire de Rimouski, Damien D’Amours ne correspond pas au chercheur type qui a baigné dans un environnement scientifique dès son plus jeune âge. Au contraire, ni son père ni sa mère n’ont fait des études universitaires. «Un de mes professeurs de science, Alan Anderson, m’a donné la piqure pour la recherche. Mais je me souviens que ma découverte de la génétique, durant mon baccalauréat, a eu sur moi l’effet d’un choc. Je me suis dit: “Wow! C’est ça que je veux faire dans la vie.”»

Lauréat de plusieurs bourses d’excellence, notamment du Fonds pour la formation des chercheurs et l’aide à la recherche et du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, Damien D’Amours a obtenu son doctorat de l’Université de Cambridge en 2001 sous la direction du professeur Stephen Jackson. Ses travaux, dont les résultats ont été publiés dans des revues comme Nature, Cell et Genes and Development, lui ont conféré une réputation internationale avant d’atteindre la trentaine.

L’ouverture de l’IRIC, qui souligne la volonté du Canada d’investir dans des champs de recherche prometteurs, lui a offert une occasion inespérée de rentrer au pays par la grande porte. «Il y a huit ans, quand nous sommes partis étudier à l’étranger, l’avenir n’était pas rose pour les chercheurs canadiens. Heureusement, les choses ont changé depuis.»

Mathieu-Robert Sauvé

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