Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 5 - 26 septembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Trois rescapés de la Louisiane sont accueillis à l’UdeM

Ils ont beaucoup perdu, mais le moral est sauf

Les trois rescapés de la Louisiane : Coline Six, Clelia Tran et Cyrille Legras

Ayant abandonné leur appartement louisianais à l’approche de l’ouragan Katrina, le 28 aout dernier, Cyrille Legras, Coline Six et Clelia Tran, trois étudiants français en stage à l’Université de La Nouvelle-Orléans, ont été accueillis à l’Université de Montréal, le temps pour eux de terminer leur trimestre en informatique.

«Nous avons presque tout perdu», dit Coline Six qui, à l’instar de ses compatriotes, n’a pas cru que cet ouragan allait être le plus dévastateur de l’histoire des États-Unis. «Des évacuations, il y en a régulièrement en Louisiane, indique l’étudiante de 24 ans. Quand nous avons été évacués, nous comptions revenir trois jours plus tard.»

On connait la suite. Katrina a provoqué des brèches dans la digue du lac Pontchartrain, inondant La Nouvelle-Orléans, construite sous le niveau de la mer. Pour les étudiants réfugiés avec 300 autres personnes dans un sous-sol d’église à Baton Rouge, le cauchemar ne faisait que commencer. «Nous avons passé quatre jours sans électricité ni eau courante dans ce refuge de la Croix-Rouge, raconte Coline Six. En tout, nous avons été bloqués là une semaine. Pour manger, à peine quelques sacs de chips par jour et de l’eau.»

Parmi les déplacés, plusieurs jeunes en voyage d’études, mais aussi de plus en plus de familles entières et de personnes âgées. Pour les étudiants inscrits à l’Université de Marne-la-Vallée, les plans ont changé. «Plusieurs ont renoncé à leur programme d’échange et sont retournés en France», relate Cyrille Legros.

Mais pour eux, pas question de faire une croix sur leur séjour en Amérique. «C’était le projet de notre année. Rentrer: surement pas!» lance-t-il.

Plan B

C’est en furetant sur Internet à partir de son ordinateur portatif que Coline Six a vu que l’Université de Montréal était disposée à accueillir les sinistrés louisianais. Une annonce a en effet été lancée sur le site <www. umontreal.ca> dès que la situation dans les bayous est devenue critique. Pour l’étudiante en informatique, c’était une aubaine. «J’avais déjà fait une demande pour venir étudier ici, déclare-t-elle. Mon dossier était donc encore actif, ce qui a simplifié la procédure.»

Après avoir répondu aux formalités administratives, Coline est arrivée à Montréal le 8 septembre, suivie, trois jours plus tard, de Cyrille et Clelia.

«Nous sommes encore sous le choc, et le moral est en dents de scie», mentionne Clelia Tran. Comme les deux autres, elle n’a pas accès à son compte en banque ouvert en Louisiane et n’a toujours pas l’autorisation d’en posséder un à Montréal compte tenu de son visa de tourisme. «Je ne crois pas que notre argent soit perdu, mais tous les fonds sont gelés jusqu’à nouvel ordre.»

Comment font-ils pour se nourrir et se vêtir? Le système D (débrouille) et la solidarité. «Heureusement, ajoute Coline, le Service d’action humanitaire et communautaire nous a beaucoup soutenus. Son directeur, Alain Vienneau, nous a donné accès gratuitement aux vêtements destinés aux étudiants dans le besoin. Et nous avons pu nous acheter de la nourriture grâce à des coupons.»

En plus de leur louer chacun un studio dans les résidences, l’UdeM a assuré aux sinistrés de quoi rendre leur «plan B» le plus agréable possible dans les circonstances. «Nous voulons qu’ils conservent un bon souvenir de leur passage à Montréal», signale Bruno Viens, conseiller au Bureau des étudiants internationaux, qui les a encadrés depuis leur arrivée.

Back to New Orleans

L’inondation de La Nouvelle-Orléans a bouleversé les trois étudiants. Installés là-bas depuis quelques semaines, ils avaient eu le temps de prendre le pouls de cette ville si particulière. «C’était une ville avec une âme, remarque Coline Six. J’ai pas mal voyagé aux États-Unis et aucune ville ne lui ressemble. On y percevait bien l’atmosphère chaleureuse, avec toutes ces boites de jazz. C’est vraiment triste.»

Actuellement inscrits à trois cours de la Faculté des arts et des sciences et de la Faculté de l’éducation permanente (Traitements de l’image, Intelligence artificielle et Anglais, langue seconde), les trois étudiants ont bien l’intention de finir leur trimestre au Québec. Mais aussitôt que l’interdiction de revenir dans la ville du sud des États-Unis sera levée, pas question de manquer ça. Et après? Après, on verra.

Coline, Clelia et Cyrille sont presque certains de ne rien retrouver de leurs effets personnels. «Ce que la tempête aura épargné sera tombé aux mains des pilleurs, résume Coline Six. Mais il semble inconcevable que cette ville ne renaisse pas un jour de ses cendres...»

Mathieu-Robert Sauvé

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