Le compositeur Hugues Leclair rend hommage à l’Orient

L’œuvre qui sera présentée le 15 octobre s’inspire d’un roman chinois.

Le chef d’orchestre Jean-François Rivest, la musicienne Liu Fang et le compositeur Hugues Leclair

Lorsque la musicienne Liu Fang a entendu une œuvre d’inspiration japonaise composée par Hugues Leclair il y a deux ans, elle y a perçu une profonde compréhension de la culture orientale. Elle a immédiatement commandé au compositeur une œuvre pour pipa, luth chinois dont elle est virtuose.

«La musique d’Hugues Leclair donnait l’impression qu’il avait vécu en Orient plusieurs années. J’ai été très surprise lorsque j’ai appris que ce n’était pas le cas», raconte-t-elle.

Le compositeur, professeur invité responsable du secteur d’écriture à la Faculté de musique, n’avait jamais même visité un pays d’Orient. Il explique que cette compréhension de la philosophie orientale provient sans doute d’une sensibilité naturelle à l’égard de la culture de cette partie du monde, enrichie par une fréquentation de longue date des pratiques spirituelles du Japon et de la Chine.

L’œuvre que le compositeur a présentée à Liu Fang est inspirée du roman La montagne de l’âme, de l’écrivain chinois Gao Xingjian, prix Nobel de littérature en 2000. Elle comporte quatre tableaux, tirés de quatre chapitres aux ambiances contrastées: méditative, langoureuse, sombre et lumineuse.

Mais qu’on ne s’y méprenne pas, le compositeur n’écrit pas de la musique orientale. «Je n’utilise ni gammes ni rythmes traditionnels chinois; j’intègre l’instrument nouveau, ici le pipa, à mon propre langage. L’instrument en lui-même comporte une touche orientale, apporte sa couleur à la sonorité de l’orchestre», précise-t-il.

Liu Fang appuie l’approche du compositeur: «Les compositions pour pipa sont généralement traditionnelles. Hugues Leclair a exploré les possibilités qu’offrait le pipa et amené l’instrument plus loin en concevant de nouvelles harmonies, de nouveaux modes de jeu et en développant la relation du pipa avec l’orchestre et les sons électroniques.»

Tradition et modernité

Le roman La montagne de l’âme raconte le parcours d’un homme de la ville qui traverse des villages et des montagnes de son pays. Un axe important du livre est celui de la tradition par opposition à la modernité, qui est reflété dans l’œuvre musicale d’Hugues Leclair par la juxtaposition du pipa et d’un clavier numérique contrôlant un ordinateur portable.

Le deuxième tableau de l’œuvre offre un bel exemple du jumelage de l’ancien et du nouveau. Le compositeur a trouvé un disque de chants miao, interprétés au cours d’un rituel de séduction au Laos. Après avoir téléchargé cette musique sur l’ordinateur, puis traité le signal, il a créé un son dérivé qui est contrôlé par le clavier numérique.

«C’est comme si nous entendions ces chants en rêve, car ils sont déformés par le logiciel, un peu à l’image de la quête du personnage du livre, qui recherche des Chine anciennes, mais qui a du mal à les retrouver, car elles ont été transformées par la modernité.»

Vers la montagne de l’âme, d’Hugues Leclair, sera interprétée par l’Orchestre de l’UdeM (OUM) et Liu Fang, sous la direction de Jean-François Rivest, au premier concert de la saison de l’OUM le samedi 15 octobre à 20 h, à la salle Claude-Champagne.

Julie Fortier

Collaboration spéciale

Aussi au programme de ce concert de l’OUM

Il était beau comme Rimbaud, création d’Éric Champagne (lauréat du Concours de composition de l’OUM 2005); Concerto pour flute, de Penderecki, par Chloé L’Abbé (lauréate du Concours de solistes de l’OUM 2005); Concerto pour piano no 3, de Prokofiev, par Chad Heltzel (lauréat du Concours de solistes de l’OUM 2005); et Prélude à l’après-midi d’un faune, de Debussy.

Les billets sont vendus 12$ (grand public) ou 10$ (ainés) (aucuns frais pour les étudiants) au réseau Admission (514-790-1245) ou à la Faculté de musique, 200, avenue Vincent-d’Indy. Ouverture de la billetterie de la salle Claude-Champagne: 90 minutes avant chaque concert. Renseignements: (514) 343-6427.