Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 10 - 7 novembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Capsule SGPUM

Forum ouvre ses pages au Syndicat général des professeurs et professeures de l’Université en publiant une série de capsules sur l’histoire de ce syndicat, à l’occasion de son 30e anniversaire. Les informations sont tirées d’un ouvrage à paraitre aux Éditions du Boréal.

1955: l’Association des professeurs voit le jour

J.Frégault, premier président de l'APUM.

En 1955, des professeurs fondent l’Association des professeurs de l’Université de Montréal (APUM), premier regroupement représentant l’ensemble du corps professoral de l’UdeM. Ayant pour objectif d’améliorer les conditions de travail de ses membres, l’Association compte aussi les «aider à remplir le mieux possible leurs obligations». Pendant ses 20 années d’activité, l’Association interviendra également dans les débats sur la réforme du système d’éducation au Québec et elle participe à la mise en place de la nouvelle charte de l’Université de Montréal en 1967.

Comme nous l’avons fait remarquer dans une capsule précédente, l’Association des professeurs de la Faculté des sciences abandonne ses velléités syndicales à partir de 1947, après que l’Université s’est dérobée à la négociation d’une convention collective. Au printemps 1954, l’Association se fait plus revendicatrice et achemine de nouveau un mémoire sur la rémunération des professeurs de science. On se plaint que les salaires soient inférieurs à ceux des professeurs des principales universités canadiennes, notamment l’Université McGill, et l’on réclame une échelle salariale commune pour remplacer les augmentations attribuées selon l’évaluation des doyens et des directeurs de département.

Au cours de la rencontre du bureau de l’Association avec le vice-recteur, Mgr Georges Deniger, celui-ci souligne que l’Université devra obligatoirement tenir compte de l’ensemble du corps professoral dans la détermination de la rémunération: «Ce qu’on fera pour vous, dit-il, on doit le faire aussi pour les autres.» Deux des membres du bureau, Maurice L’Abbé et Jean-Marie Demers, réalisent alors la nécessité d’une association générale de tous les professeurs.

Le projet s’impose facilement, car les professeurs embauchés à temps complet commencent à être nombreux. Au total, si l’on excepte les professeurs ayant une responsabilité de direction, on dénombre environ une centaine de professeurs de carrière dans les 10 facultés où l’on compte recruter des membres. L’Association générale des professeurs de l’Université de Montréal (APUM) est fondée en assemblée générale le 20 avril 1955 pour représenter les professeurs de carrière dans les facultés de chirurgie dentaire, droit, lettres, musique, médecine, pharmacie, philosophie, sciences et sciences sociales ainsi que de l’École d’hygiène. Les doyens et les directeurs de département peuvent même faire partie de l’Association, qui regroupe 87 membres en 1955, 183 en 1961 et 430 en 1967, ce qui représente pour cette dernière année les deux tiers du corps professoral.

En 1956, la question qui préoccupe au plus haut point l’Association tient à la constitution d’un fonds de retraite pour les professeurs, une mesure que l’administration s’apprête à instaurer. L’Association réussit à bonifier le projet et elle s’attèle la même année à la tâche d’améliorer la rémunération des professeurs, qui accuse un retard important par rapport aux autres universités canadiennes. Le modèle de rémunération proposé s’inspire de celui suggéré par l’Association canadienne des professeurs d’université, avec une grille salariale selon le rang des professeurs et une augmentation statutaire avec des minimums et des maximums. Les pourparlers avec l’administration se poursuivent jusqu’en 1959, alors que le recteur soumet finalement une échelle de traitement très proche des réclamations de l’Association.

Au début des années 60, l’APUM participe activement aux débats sur la réforme du système d’éducation au Québec. Elle présente un mémoire à la Commission royale d’enquête sur l’enseignement (commission Parent), critiquant sévèrement le système d’éducation et plaidant pour la création d’un ministère de l’Éducation. Elle demande aussi que la réforme touche aux structures de l’Université, qui détient une charte pontificale et dont le chancelier est l’archevêque de Montréal. Ce dernier nomme le recteur et le vice-recteur et peut intervenir dans la vie universitaire pour préserver «l’intégrité de la doctrine et la pureté de la morale». Les représentants de l’APUM défendent les principes qui seront ceux de la nouvelle charte, adoptée en 1967, soit une université laïque, de caractère public et de fonctionnement démocratique où les professeurs participent à la gestion de l’établissement. L’APUM représentera les professeurs jusqu’à l’accréditation du Syndicat général des professeurs, en 1975.

Jacques Rouillard
Professeur du Département d’histoire

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