Volume 40 - numÉro 10 - 7 novembre 2005 |
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courrier du lecteurCritique génétique: des propos injurieuxLes propos de Guy Laflèche dans Forum (édition du 17 octobre) mettant en cause l’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM) et dénigrant le travail de la critique génétique appellent correction. Ses imputations injurieuses à l’égard de l’ITEM, avec lequel G. Laflèche n’a jamais eu de rapport, sont évidemment dépourvues de tout fondement. Avancer qu’il s’agit de «la combine qui permet à l’État d’un côté d’acheter ces manuscrits et de l’autre de rémunérer les pseudosavants qui ont construit leur carrière autour, rendant ainsi possible la mise en place de la critique génétique du manuscrit moderne» est proprement absurde: l’ITEM ne possède aucun manuscrit en propre. Pour ne parler que des plus célèbres, ceux de Proust appartiennent pour une part à la Bibliothèque nationale de France, le reste étant dispersé dans le monde, de même que les manuscrits de Flaubert, déposés par sa nièce, appartiennent à la Bibliothèque municipale de Rouen. Quant aux 14 000 pages de carnets de Joyce pour Finnegans Wake, c’est aux États-Unis qu’il faut les chercher, même si l’ITEM est partie prenante dans leur édition en 60 volumes. Quant aux «pseudosavants», certes plus savants cependant que G. Laflèche, ils ne sont nullement salariés par l’ITEM: les directeurs de recherche sont des universitaires payés par leur université et les autres chercheurs appartiennent au CNRS (ils sont très peu nombreux dans ce cas), sont des doctorants ou des postdoctorants possédant des statuts variés, la plupart bénévoles, en grande partie venus du reste du monde. C’est à ces chercheurs appartenant à tous les pays que nous devons de comprendre avec profondeur et précision la genèse d’À la recherche du temps perdu ou Bouvard et Pécuchet et c’est à eux encore que nous devons les magnifiques éditions publiées depuis quelques années, entre autres par la Pléiade (ainsi des deux volumes d’œuvres de Francis Ponge édités par Bernard Beugnot, de l’Université de Montréal), par Garnier-Flammarion ou le Livre de poche (certains romans de Balzac édités par Stéphane Vachon, également de l’Université de Montréal). La «brouillonnologie» n’a évidemment aucune espèce de rapport avec la critique génétique des avant-textes et G. Laflèche parle de ce qu’il ignore en multipliant les inexactitudes. Ce qu’il appelle «critique» consiste à diffamer collectivement toute une partie, la plus dynamique et la plus féconde, de la recherche littéraire contemporaine. Conseillons aux lecteurs intéressés de consulter la collection de la splendide revue de l’ITEM, Genesis, aux Éditions Jean-Michel Place ou le site de l’Institut lui-même: <www.item.ens.fr/index.htm>. Robert Melançon et Michel Pierssens |
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