Volume 40 - numÉro 11 - 14 novembre 2005 |
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4 vues sur le paysageUne exposition nous aide à comprendre l’influence majeure que peuvent avoir les architectes paysagistes sur notre environnement
L’architecture de paysage est une discipline méconnue au Québec. Malgré le développement de la conscience environnementale de la population et son engouement des dernières années pour les activités horticoles, peu connaissent le rayonnement et l’action de l’architecte paysagiste. Ce professionnel est souvent considéré comme une personne de soutien agissant à titre de décorateur pour mettre en valeur ou rendre plus agréable le travail d’architectes ou d’urbanistes. Force est de constater que son influence est minime. Toutefois, si l’architecte paysagiste intervenait en amont des projets d’aménagement des espaces, le rôle créateur et la valeur artistique de son travail en seraient assurément renforcés. Voilà le constat que fait Stefan Tischer, le directeur de l’École d’architecture de paysage et commissaire de l’exposition 4 vues sur le paysage, présentée du 10 novembre au 10 décembre au Centre d’exposition de l’Université de Montréal. «Cette exposition présente quatre artistes qui ont fait leur marque dans l’histoire de l’architecture de paysage des 30 dernières années, explique M. Tischer. J’ai voulu montrer, sous forme de photographies, le travail de Günther Grzimek, qui a fortement contribué à l’essor de la discipline en Allemagne avec, entre autres, sa participation au projet du parc olympique de Munich en 1972. Pour sa part, Roberto Burle Marx était sans équivoque un artiste accompli. Ce peintre et botaniste brésilien est reconnu notamment pour la qualité et le raffinement de son travail ainsi que pour la recherche incessante qu’il a menée sur les plantes indigènes du Brésil. Parmi nos architectes paysagistes contemporains, j’ai choisi une figure emblématique de notre discipline: Cornelia Hahn Oberländer. Allemande d’origine et canadienne d’adoption, cette pionnière du mouvement moderne de l’architecture de paysage a reçu de nombreuses distinctions pour son approche alliant, par le paysage, la responsabilité sociale, la responsabilité culturelle et la responsabilité environnementale. Ses œuvres tels que les jardins de la Vancouver Public Library ou ceux du musée d’anthropologie de Vancouver sont connues partout dans le monde. Finalement, le quatrième maitre est le français Michel Corajoud, qui est vu comme l’un des fondateurs du renouveau du métier du paysage. Par sa lutte farouche contre la tendance de ses ainés paysagistes à vouloir «naturaliser» la ville, il a fondé sa pensée et sa pratique sur la grande tradition française issue des jardins de Versailles, travaillant avec les axes, les symétries tout en adaptant ces grands principes à notre temps.» Soulignons que Michel Corajoud sera à Montréal le 6 décembre afin de prononcer une conférence publique intitulée «Le processus de conception et de réalisation d’un grand parc». Elle aura lieu à l’amphithéâtre Hydro-Québec de la Faculté de l’aménagement à 17 h. 4 vues sur le paysage propose une double lecture des œuvres choisies: l’une est réalisée par des photographes et l’autre consiste en des écrits d’une quarantaine de jeunes architectes paysagistes venant d’Allemagne, de France, d’Italie, du Québec... «Le témoignage de ces jeunes professionnels démontre bien l’influence que ces quatre maitres exercent sur leur travail actuel», souligne M. Tischer. Fondée en 1978, l’École d’architecture de paysage décerne chaque année des diplômes à une trentaine d’étudiants qui travailleront majoritairement dans des firmes privées. La profession est encore jeune au Québec et ne jouit pas de la notoriété qu’elle peut avoir aux États-Unis ou en Europe. Originaire d’Allemagne, Stefan Tischer est issu de cette tradition européenne puisqu’il a fait ses études à Munich et à Versailles. Au cours de son mandat, il entend bien pousser à la roue afin de changer les mentalités et de valoriser le rôle de l’architecte paysagiste tant dans le milieu de l’aménagement que dans la population en général. «Il est certain que cette exposition s’inscrit directement dans cette volonté.» L’exposition a été rendue possible grâce au travail de Jean-Philippe André, étudiant à la maitrise en architecture de paysage. Le Centre d’exposition, situé au pavillon de la Faculté de l’aménagement, est ouvert les mardis, mercredis, jeudis et dimanches de 12 h à 18 h et l’entrée est libre. Anik Larose |
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