Internautes à l’œil

Le CITE acquiert un système de suivi oculaire

Le système de suivi oculaire permet notamment de vérifier dans quel ordre l’internaute perçoit les éléments d’une page et pendant combien de temps il s’arrête sur certains éléments d’une image.

Des chercheurs du Département de communication se servent d’un appareil emprunté à l’ophtalmologie pour étudier les comportements visuels des internautes et ainsi mieux comprendre comment ils lisent une page d’écran, quels sont les éléments d’information retenus et pourquoi.

«Baptisé Eye Tracking, le système d’enregistrement de la position du regard permet de capter le suivi oculaire, de même que divers paramètres physiologiques liés à la mesure de l’attention et de l’intérêt d’usagers des nouvelles technologies, explique la professeure Aude Dufresne. On peut donc savoir si l’internaute regarde l’écran de l’ordinateur, y lit vraiment l’information présentée ou se contente de balayer les zones. On peut également déterminer si l’attention qu’il porte à telle ou telle partie de l’écran est soutenue, moyenne ou faible.»

C’est grâce à une subvention de 100 000$ de la Fondation canadienne pour l’innovation accordée au Centre de recherche interdisciplinaire sur les technologies émergentes (CITE) que l’équipe de Mme Dufresne a maintenant accès à ce système à la fine pointe de la technologie.

Basée sur l’enregistrement du reflet cornéen, la technique consiste à envoyer, sans aucun danger pour le sujet, des faisceaux de lumière infrarouge émise par un ensemble de diodes au centre de la pupille. Les reflets infrarouges renvoyés par la cornée sont ensuite enregistrés et permettent, après des calculs, de repérer le centre de la pupille, d’estimer sa grandeur et de connaitre la position de fixation de l’œil sur une cible.

Le comportement oculaire

On sait que le design d’une page joue un rôle décisif sur la représentation de l’information et par conséquent sur l’utilisation qui en sera faite par l’internaute. Le système de suivi oculaire permet aux chercheurs de reconstruire l’ordre des opérations mentales de l’usager. Ils peuvent ainsi voir de quelle façon son attention se dirige vers tel ou tel point de l’écran et comment elle se répartit sur la page. L’objectif principal de ces travaux est d’élaborer des mécanismes de reconnaissance de paramètres cognitifs tels l’intérêt, la compréhension et le stress, qui peuvent servir à guider la conception, mais aussi l’aide à l’usager.

Utilisé déjà dans le secteur de la publicité, le système de suivi oculaire jouit aussi d’une certaine popularité dans le domaine de la sécurité routière. On y recourt entre autres pour évaluer la perception des signaux chez les automobilistes. Mais les recherches les plus nombreuses en ce moment sont celles consacrées au design des sites Internet. «Un des intérêts de cette technologie est certainement d’augmenter nos connaissances quant aux stratégies attentionnelles pour mieux concevoir les écrans et l’environnement sur le Net», affirme Mme Dufresne.

Pour cette spécialiste de l’apprentissage assisté par ordinateur, le but est surtout d’évaluer et d’améliorer les communications informatisées afin de concevoir des interfaces plus intelligentes qui s’adaptent aux exigences des usagers. «Actuellement, le besoin d’élaborer des techniques d’analyse fine des interactions humain-machine est grand», souligne Aude Dufresne.

L’équipe de chercheurs de Mme Dufresne, qui est composée d’une dizaine d’étudiants des cycles supérieurs, se servira de la technologie du Eye Tracking dans différents projets de recherche. Certains visent la mise au point de méthodes et d’outils destinés à produire des analyses en contexte d’interaction, alors que d’autres sont axés sur le suivi physiologique et oculaire. La professeure Dufresne poursuit également ses travaux sur la modélisation et l’adaptation des interfaces de soutien au téléapprentissage.

Dominique Nancy