Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 12 - 21 novembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Sports et activités culturelles pour prévenir la délinquance

La recette du Centre Mariebourg, financé par Centraide, comprend plusieurs ingrédients qui aident à prévenir la délinquance

Claude Moreau se sent plus utile auprès des enfants qu’auprès des adolescents délinquants.

La fin des classes va bientôt sonner en ce mardi après-midi de novembre et les enfants de Montréal-Nord vont se diriger en courant vers le Centre Mariebourg, au 2901, boulevard Gouin Est. Dans la salle principale, une quinzaine d’employés et de stagiaires se préparent à les accueillir. «On attend de 40 à 50 jeunes aujourd’hui», signale Catherine Joly, qui coordonne les activités du Centre. Ce qu’il y a au programme? Du théâtre, de la menuiserie, de l’artisanat, des sports, de la cuisine...

Tous les jours depuis le 9 février 1977, cet ancien pavillon de l’École de psychoéducation de l’UdeM offre aux jeunes un endroit où ils peuvent s’occuper le cœur et l’esprit en attendant l’heure du souper. Le directeur général du Centre, Claude Moreau, évalue à 250 le nombre d’écoliers qui fréquentent son établissement de façon régulière. Longtemps tourné exclusivement vers les besoins des adolescents en difficulté, le Centre a réorienté sa mission en 1990 et s’occupe désormais des enfants de 6 à 12 ans et de leurs parents. «Tout le monde est bienvenu ici, explique M. Moreau. Mais nous savons que ce sont surtout les enfants issus de milieux plus difficiles et leurs parents qui en profitent.»

Grâce à deux blocs d’activités (le premier de 15 h à 17 h et le second en soirée), les enfants sont encadrés par une équipe incluant des travailleurs sociaux, des psychoéducateurs, des criminologues et autres spécialistes. Ils peuvent aussi se rendre à la bibliothèque du troisième étage pour faire leurs devoirs ou s’installer simplement dans un coin pour piquer une jasette. Que feraient-ils à cette heure sans ce point de rencontre? Plusieurs s’assoiraient devant le téléviseur ou erreraient dans les rues.

Dans un livre publié à l’occasion des 25 ans du Centre, Marguerite Dicapua, une mère de cinq enfants, dit que Mariebourg l’a libérée de bien des soucis tout en exerçant une influence positive sur ses fils. Une autre mère raconte au sujet de sa fille: «Quand elle est là, je ne suis pas inquiète. En plus de me dépanner, ça me sécurise!»

Le sport dans la cour

C’est l’absence d’un lieu de rassemblement pour les jeunes à leur sortie de l’école qui a motivé Claude Moreau et son équipe à modifier la vocation du centre Mariebourg. «Le fait de proposer aux enfants des activités stimulantes, un milieu de vie, ça les aide à socialiser, à développer leurs compétences», souligne-t-il avec un enthousiasme communicatif.

Les programmes du Centre débordent du cadre de la maison. Quotidiennement, neuf éducateurs partent à la rencontre d’élèves à partir de 15 h 15 dans la cour de récréation des écoles primaires du quartier. Ils ouvrent leur sac rempli de ballons de soccer, jeux de hockey, cordes à sauter. Les élèves sont parfois plus de 70 à rester après la classe. Pas nécessaire de réserver sa place ni de s’inscrire. «Le sport est un excellent moyen de regrouper les enfants et de leur permettre de resserrer des liens d’amitié dans un cadre ludique. Ce n’est pas pour rien qu’on appelle cela l’éducation physique», affirme ce diplômé universitaire dont le sujet de maitrise portait sur les comportements délinquants et le hockey.

Claude Moreau a aussi mis sur pied le Centre international de résolution de conflits et de médiation, qui a pour objectif de promouvoir les conduites pacifiques chez les jeunes. Ce centre a plusieurs succès à son actif. Son programme Vers le pacifique a été implanté au Pérou et en Bolivie notamment. En 2001, en vertu d’une entente avec la Commission permanente de coopération franco-québécoise, l’Université Paris XIII et la Ville de Paris, il a été adopté par des intervenants sociaux à l’œuvre dans les banlieues parisiennes. «Plus de 800 écoles ont introduit le programme chez elles. Plus de 250 000 jeunes en ont profité», mentionne son initiateur.

Sous le patronage de l’UNESCO, un concours littéraire sur le thème de la paix dans le monde a été lancé par le Centre en 2000. Les organisateurs ont reçu plus de 24 000 textes et dessins.

Le Centre Mariebourg a aussi gardé une vocation pédagogique puisqu’il sert de milieu de stage aux étudiants des cégeps Marie-Victorin, du Vieux-Montréal, d’Ahuntsic et de Saint-Jérôme, et des universités de Montréal, du Québec à Hull et de Sherbrooke. Des étudiants sont même venus de Belgique pour y suivre un stage...

Centraide: essentiel

Autrefois, Claude Moreau travaillait à Mont-Saint-Antoine, un centre qui accueillait des délinquants de 12 à 18 ans sous ordonnance de la cour. En 1989, il est passé de cet établissement au Centre Mariebourg. «J’avoue que je me sens plus utile ici, car nous agissons en amont des problèmes», observe-t-il.

Le Centre Mariebourg bénéficie d’une subvention de 173 000$ de Centraide. Sur un budget de près de 500 000$, c’est un gros morceau. «Sans Centraide, le Centre n’existerait tout simplement pas, soutient-il. Ce montant nous assure un financement de base absolument essentiel.»

M. Moreau était d’ailleurs présent à l’Université de Montréal au lancement de la campagne de l’organisme, le 20 octobre dernier. L’an passé, les fonds amassés sur le campus avaient dépassé les 300 000$. On souhaite faire mieux cette année.

Mathieu-Robert Sauvé

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