courrier du lecteur

Crime de lèse-majesté?

Réponse à l’opinion parue dans Forum le 7 novembre en réaction à l’entrevue publiée dans le numéro du 17 octobre dernier intitulée «La brouillonnologie, vous connaissez?»

En Turquie, on s’en souviendra, un Québécois a été emprisonné pour avoir donné son avis sur le président qu’il voyait à la télévision. En France, certainement, un professeur d’université ne pourrait dire publiquement sans conséquence son avis sur une institution de l’État. Au Québec, heureusement, j’ai droit de parole et je peux dire ce qu’aucun professeur de la République n’oserait jamais: la critique génétique du manuscrit moderne (CGMM) est une pseudoscience élaborée par l’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM) de la République française. J’ai écrit simplement ce que je pense: il s’agit d’une «sinistre imposture intellectuelle» et j’en fais la démonstration dans un ouvrage publié sur la toile de pas moins de 250 pages, arguments que j’ai résumés sommairement dans l’entrevue du 17 octobre que j’ai accordée à Forum.

Mes collègues Robert Melançon et Michel Pierssens, au lieu de répondre à mes critiques et à mes arguments, m’accusent de lèse-majesté en plus d’incompétence (alors que je suis précisément spécialiste des études de genèse, comme en font preuve mes éditions critiques, aucun des deux n’ayant jamais fait de tels travaux). J’ai dit, ce qui est tout à fait juste, que l’ITEM est en France la gamique [Forum a traduit «la combine», donc merci] «qui permet à l’État [oui, l’État] d’un côté d’acheter ces manuscrits et de l’autre de rémunérer les pseudosavants qui ont construit leur carrière autour, rendant ainsi possible la mise en place de la [CGMM]». Mes accusateurs se lancent dans une grande défense de l’ITEM, qui n’achète rien ni ne paie personne! On s’en fiche complètement, d’autant qu’il s’agit de l’État et non de l’ITEM. Ils ne savent pas lire?

Ceci dit, c’est de la CGMM qu’il s’agit. À quand un débat public contradictoire où le brouillonnologue humoriste et hilarant que je suis pourra interroger les sérieux et sinistres adeptes de la fumeuse CGMM? C’est un défi. On ne se défile pas aussi simplement qu’on accuse un collègue de crime de lèse-majesté.

Guy Laflèche
Département d’études françaises
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