Volume 40 - numÉro 15 - 12 dÉcembre 2005 |
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Les liens entre les gènes et l’ACV se raffermissentUn certain nombre de variantes génétiques seraient liées à l’ACV lacunaire
Les prédispositions génétiques auraient une forte incidence sur le risque d’accident cérébrovasculaire (ACV), révèlent de nouvelles recherches. Les facteurs «courants» tels que l’hypertension ou le diabète ne compteraient que pour 50% des risques de maladie vasculaire. Les résultats préliminaires de l’étude dirigée par le Dr Sylvain Lanthier, neurologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal et professeur adjoint à l’UdeM, indiquent que la recherche génétique permettrait de déceler de nouveaux facteurs de risque de l’accident cérébrovasculaire. M. Lanthier et ses collègues en ont repéré un parmi un nombre possible de variantes génétiques (ou polymorphismes génétiques) liées à l’ACV lacunaire. Ce type d’ACV survient lorsqu’une maladie primaire des artérioles (les branches terminales d’une artère) est soudain compliquée par une thrombose (l’obstruction par un caillot). Le blocage a pour effet de créer de petits trous dans la matière grise du cerveau. Les ACV plus fréquents de type non lacunaire sont eux causés par des blocages de plus grands vaisseaux sanguins et occasionnent souvent des dommages plus visibles et une débilitation aigüe plus grave. Les ACV lacunaires sont néanmoins une source de préoccupations puisqu’ils ont tendance à se reproduire et leur effet cumulatif entraine des troubles neurologiques et de la démence. Le Dr Lanthier, qui est aussi chercheur clinique au Fonds de la recherche en santé du Québec, est parti de l’hypothèse que la viscosité ou l’épaisseur accrue du sang prédisposerait une personne aux thromboses, à l’occlusion des artérioles et aux ACV lacunaires. En étudiant la population québécoise francophone, il a découvert un lien entre l’accident cérébrovasculaire lacunaire et un polymorphisme du gène codant pour la fibrinogène, un facteur clé de coagulation du sang. «Si un polymorphisme génétique détermine qu’un type de sang est plus visqueux, nous saurions que le patient qui exprime ce polymorphisme pourrait être à plus grand risque de thrombose, de maladie coronarienne ou d’ACV», dit le Dr Lanthier. Ses collègues et lui cherchent maintenant à valider ces résultats par une étude complémentaire des aspects génétiques de l’ACV lacunaire financée par le Canadian Stroke Consortium. Puisque ce gène permet d’éclaircir certains ACV inexpliqués, il est évident que davantage de recherches génétiques devraient être effectuées. «Car ce que nous savons aujourd’hui à propos de l’accident cérébrovasculaire, poursuit M. Lanthier, c’est que, dans la plupart des cas, il n’est pas causé par un seul gène, mais plutôt par plusieurs gènes liés à des facteurs acquis.» La maladie coronarienne a fait l’objet de nombreuses recherches génétiques, dont le Dr Lanthier espère tirer profit pour éventuellement détecter davantage de gènes associés aux accidents cérébrovasculaires. «La population québécoise francophone est un sujet idéal pour la recherche en raison de son étroite homogénéité génétique. Cela s’explique par le nombre relativement faible de colons français qui se sont installés en Nouvelle-France et par l’isolement relatif dans lequel ont vécu plusieurs générations de leurs descendants, indique M. Lanthier. La majorité des francophones du Québec sont issus de quelque 7000 colons dont 3380 ont apporté 70% du fonds génétique actuel.» Si une population migre et se mêle à d’autres, la variété génétique croît et il est plus difficile d’établir l’hérédité génétique. «Par conséquent, certains polymorphismes génétiques liés à l’ACV peuvent être plus fréquents et faciles à dépister dans la population canadienne-française», conclut-il. Le Dr Lanthier prévoit être en mesure de découvrir d’autres gènes associés à l’accident cérébrovasculaire et ainsi de participer à la mise au point de thérapies de prévention. «Déceler les polymorphismes génétiques en question peut contribuer à l’élaboration de nouvelles approches thérapeutiques qui ciblent des mécanismes spécifiques de l’ACV.» En outre, il croit que ce travail se révèlera particulièrement utile dans les cas où le patient n’a aucun des facteurs de risque traditionnels. «S’il s’agit d’un jeune patient avec des antécédents familiaux d’ACV, cela pourrait vouloir dire qu’il existe une condition génétique encore inconnue qui en serait la cause.» Il serait donc avantageux de pouvoir déterminer chez les patients quels sont les polymorphismes génétiques qui augmentent leur risque d’accident cérébrovasculaire. Mais avant que ce diagnostic puisse exister, il faudra beaucoup plus de recherches sur les causes génétiques de l’ACV. Le Dr Lanthier précise que le lien génétique est un facteur de risque tout comme l’hypertension ou l’obésité, et non une bombe à retardement. Son espoir est d’être en mesure un jour de repérer les patients à prédisposition génétique d’ACV. «Mieux comprendre pourquoi tel patient plutôt qu’un autre pourrait subir un accident cérébrovasculaire et être capable de prévenir l’accident, voilà pourquoi mes recherches me tiennent tant à cœur. » Dauphine Dunlap Source: Bulletin du Réseau canadien contre les ACV. |
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