Volume 40 - numéro 18 - 30 janvier 2006 |
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Décoder les messages gais dans le cinéma et la littératureLa représentation homosexuelle dans un roman du 19e siècle peut prendre des formes étonnantes
Michael Eberle Sinatra a développé une expertise particulière: reconnaitre les éléments homosexuels d’un film ou d’un roman. Le professeur du Département d’études anglaises a noté, par exemple, que les agissements d’un homme de la comédie Clueless, d’Amy Heckerling (1995), et de deux femmes du drame Mansfield Park, de Patricia Rozema (1999), étaient de nature homosexuelle. Pour ce diplômé de l’Université d’Oxford qui termine actuellement une étude des adaptations cinématographiques de romans du 19e siècle, mettre au jour les références gaies et lesbiennes permet de mieux cerner les mentalités. Michael Eberle Sinatra n’hésite pas à plonger dans la littérature classique aussi bien que dans la culture pop pour parvenir à ses fins. Alors que les normes sexuelles répressives s’adoucissent, les codes de la culture occidentale tendent à gommer l’homosexualité dans les romans et le cinéma, estime l’expert. Il faut donc décoder le message sexuel des auteurs, un travail d’analyse délicat. Mais une série d’indices homosexuels retiennent son attention. Ils émanent de l’activité d’un personnage ou des surnoms utilisés, souvent associés aux mœurs dominantes. «Cela peut se traduire par des vêtements flamboyants portés par un personnage ou par l’absence de personnages féminins», mentionne M. Eberle Sinatra. Ce professeur entré en poste à l’Université en 2001 affirme que découvrir les courants sous-jacents aux œuvres des siècles passés ou du siècle actuel nécessite une bonne connaissance des composantes, gouts et couleurs de l’époque où les œuvres se situent. La représentation homosexuelle cachée dans un roman du 19e siècle peut prendre la forme d’une référence musicale, la musique étant alors associée au sexe féminin, selon M. Eberle Sinatra. L’indice peut être plus subtil encore. Dans un roman anglais, le chercheur a déduit l’homosexualité d’un personnage simplement à une allusion à un «voyage à Londres pour se faire couper les cheveux». Passer de la littérature au cinéma peut donner une création beaucoup plus explicite, souligne le chercheur, pour qui le septième art est un art de l’évidence. Selon lui, même si l’intention de l’auteure Mary Shelley n’était pas tout à fait claire en ce qui concerne la relation entre le Dr Frankenstein et sa création masculine, Branagh lui donne une dimension clairement hétérosexuelle. Le travail de ce chercheur inclut aussi la création des auteurs ouvertement homosexuels, dont les œuvres parlent des changements récents survenus dans la culture gaie. Par exemple, Angels in America, de Tony Kushner, et Poor Superman, de Brad Fraser, dénoncent l’un les années Reagan et l’autre les ravages du sida. Philip Fine |
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