Volume 40 - numéro 18 - 30 janvier 2006 |
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Chloé L’Abbé est la lauréate du dernier concours de l’OSMLa musicienne de 23 ans concentre ses études doctorales sur le compositeur allemand Stockhausen
Le visage de Chloé L’Abbé s’anime lorsqu’elle parle de Karlheinz Stockhausen, l’un des plus grands compositeurs vivants. «La musique de Stockhausen exploite toutes les ressources de la flute traversière de façon magnifique. Stockhausen va jusqu’au bout des possibilités de cet instrument avec sa musique. Il met la flute en valeur de façon particulière», lance la jeune flutiste. C’est au Conservatoire de musique de Québec, grâce à Lise Daoust, flutiste renommée qui lui a enseigné là-bas pendant cinq ans et qui dirige aujourd’hui ses études de doctorat à la Faculté de musique de l’UdeM, que Chloé L’Abbé a découvert le compositeur allemand. «Stockhausen compose une musique très complète, qui demande une concentration incroyable. Son écriture extrêmement précise est la plus exigeante que j’aie eu à jouer. Évidemment, on n’en devient que plus méticuleux dans le reste du répertoire.» Au cours des étés 2003 et 2004, la flutiste a participé aux Stockhausenkurses, une série de concerts et de cours en composition et en interprétation qui ont lieu à Kürten, en Allemagne, où réside le compositeur. Depuis, elle a décidé d’orienter ses recherches de doctorat sur certains éléments du cycle d’opéras Licht («Lumière») de Stockhausen. Il est à noter que ces opéras ne sont pas traditionnels: les personnages sont représentés tantôt par un instrumentiste, tantôt par un groupe d’instrumentistes ou encore par un enregistrement de musique électronique. «Dans mes recherches, je tente d’établir dans quels types d’interventions nous retrouvons la flute et de qualifier la nature de ces interventions. De plus, je me demande dans quelle mesure les personnalités des interprètes avec lesquels Stockhausen collabore influent sur son écriture.» L’an dernier, Chloé L’Abbé a effectué un stage auprès d’une des muses du compositeur, la flutiste Kathinka Pasveer. Elle y a entre autres approfondi les exigences requises sur le plan des mouvements du corps qui doivent accompagner l’interprétation de certaines œuvres du compositeur. «Lorsque nous jouons du Stockhausen, nous devons bouger en suivant la ligne mélodique ou l’esprit de l’œuvre, et parfois à l’extrême, comme tourner sur soi-même ou secouer les épaules. L’association de mouvements à mon jeu instrumental a eu un impact majeur sur celui-ci. Je trouve qu’en intégrant cette conscience corporelle mon jeu est devenu plus convaincant et plus précis.» Un cheminement exemplaireIl y a déjà près de 20 ans que Chloé L’Abbé joue de la flute. Ayant commencé par la flute à bec à 4 ans, elle a adopté la flute traversière à 7 ans. Son premier professeur a été son père. À 12 ans, Chloé L’Abbé entre au Conservatoire de musique de Québec. Un programme arts-études à son école secondaire lui permet d’obtenir sa maitrise en interprétation dès l’âge de 18 ans. Elle profite ensuite de la présence à l’Université de Toronto de Patrick Gallois, un grand maitre français de la flute, pour aller y obtenir un Artist Diploma (diplôme spécialisé en interprétation). L’an passé, la musicienne a entrepris le circuit des concours internationaux. Elle a participé au concours international de flute de Kÿbe, au Japon. Par ailleurs, au dernier concours de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), elle a remporté une foule de prix, dont le premier prix dans la catégorie des bois, ce qui lui a donné la chance de jouer au concert gala en compagnie de l’OSM. Consciente des difficultés inhérentes au métier de musicien, Chloé L’Abbé souhaite avoir plusieurs cordes à son arc. Outre ses engagements à titre de soliste, elle mise sur le duo qu’elle forme avec le pianiste Matthieu Fortin (étudiant au doctorat à la Faculté de musique) et, après ses études, elle voudrait acquérir plus d’expérience au sein d’orchestres. Et dans les moments plus difficiles, qu’est-ce qui motive la jeune flutiste? «Je suis motivée lorsque je fais de la musique avec des gens que j’aime, comme avec Matthieu. C’est le genre d’échanges qui me donnent de l’énergie et je trouve cela ultraprécieux. Je suis inspirée par des gens comme Lise Daoust ou Patrick Gallois. Ce sont des gens qui sont curieux, qui n’ont jamais fini d’explorer, même s’ils ont atteint un niveau vraiment élevé et possèdent un statut reconnu. Ils tentent toujours d’aller plus loin, d’essayer quelque chose de nouveau. Tout cela m’encourage, car je me dis que je vais probablement constamment m’enrichir en faisant ce métier.» Julie Fortier |
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