Volume 40 - numÉro 19 - 6 fÉvrier 2006 |
|
||
Information: n’oublions pas les bibliothèquesQuelque 2,5 milliards de lecteurs dans le monde sont inscrits dans une bibliothèque
«Les États doivent investir dans les bibliothèques publiques pour assurer aux plus démunis un accès à l’information. Les nouvelles technologies sont fantastiques, mais elles ne sont pas nécessairement démocratiques», déclare Réjean Savard, professeur à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information. En novembre dernier, le professeur Savard a représenté le Canada à la Fédération internationale des associations de bibliothécaires et de bibliothèques (IFLA), qui organisait une rencontre historique en Égypte, dans les murs de la nouvelle bibliothèque d’Alexandrie. À l’issue des travaux, le Manifeste d’Alexandrie sur les bibliothèques, la société de l’information en action a été adopté (voir www.ifla.org/ III/wsis/AlexandriaManifesto-fr. html). Ce texte était présenté au Sommet mondial sur la société de l’information, qui avait lieu en Tunisie quelques jours plus tard. Alors que les enjeux de ce sommet onusien étaient clairement orientés vers Internet, les membres de l’IFLA ont tenu à ce que les bibliothèques ne soient pas écartées du débat. Les bibliothèques peuvent selon eux être perçues comme des coopératives qui permettent à la fois le partage du savoir avec tous les membres de la communauté et son accès gratuit aux moins nantis. «Le retour sur l’investissement dans les bibliothèques est de quatre à six fois supérieur au montant initial. C’est relativement économique et les avantages sont nombreux», indique le chercheur. Certains économistes soutiennent que tout ce que l’État investit dans les bibliothèques pour la structure, le matériel et le personnel engendre des retombées positives pour la société, notamment en ce qui concerne l’efficacité au travail. De fait, les étudiants et les autres usagers des bibliothèques économisent énormément de temps et d’argent dès qu’ils ont appris à repérer rapidement l’information recherchée, grâce aux séances de formation données par les bibliothécaires. En plus de recommander un investissement dans les bibliothèques et les services d’information, le Manifeste demande aux gouvernements et aux organismes internationaux de soutenir un accès illimité et sans obstacle à l’information et de favoriser la liberté d’expression. L’«infobésité»Le rôle des bibliothèques publiques s’étant grandement diversifié au fil du temps, celles-ci possèdent des collections numériques et des documents imprimés. Les 2,5 milliards de lecteurs inscrits dans les bibliothèques du monde parcourent chaque année les 15 000 kilomètres de rayons et effectuent 1,5 trillion de prêts. «Au départ, les bibliothèques ont été conçues comme des centres d’archives, pour entreposer les documents anciens, souligne le professeur. Leur mission de diffusion de l’information est arrivée plus tard afin de rendre accessible l’information qui y était stockée. De nos jours, la fonction des bibliothèques s’oriente vers la formation aux usagers pour qu’ils se servent mieux de l’information.» Cette vocation est d’autant plus essentielle que nos sociétés modernes baignent dans une mer d’information. Bien avant l’apparition d’Internet, les spécialistes avaient observé ce phénomène d’explosion de l’information. Aujourd’hui, la situation est telle qu’on emploie le terme «infobésité» pour la décrire. Et qui d’autre qu’un bibliothécaire peut aider un usager à naviguer sur cet océan et à trouver rapidement l’information tant convoitée? «Ce qui manque surtout au Québec, ce sont des bibliothécaires professionnels, car ce sont eux qui sont responsables de former les étudiants à repérer, à évaluer et à utiliser l’information», confie M. Savard. Il y a une pénurie de bibliothécaires au Québec actuellement et l’UdeM est le seul établissement francophone en Amérique du Nord à offrir une maitrise en sciences de l’information. Les 75 finissants qui entrent dans le marché du travail chaque année arrivent difficilement à combler les départs à la retraite. Québec, Ontario, FranceRéjean Savard mène une étude comparative sur le Québec, l’Ontario et la France. Il tente de comprendre comment la gestion et l’organisation des bibliothèques sont touchées par les transformations technologiques, notamment l’automatisation des modes de recherche et Internet. Il essaie également d’observer les impacts des fusions municipales sur les bibliothèques publiques. En plus de ses recherches, M. Savard est engagé dans plusieurs projets parallèles. Après avoir participé à la naissance de la Grande Bibliothèque du Québec, il fait maintenant partie du comité organisateur du 74e congrès mondial de l’IFLA, qui se tiendra à Québec en 2008. La Vieille Capitale a été préférée à Rome. Chargé du dossier du multilinguisme au sein de l’IFLA, qui compte cinq langues officielles (anglais, français, espagnol, allemand et russe), il milite notamment pour que le français y occupe une plus grande place. Natacha Veilleux |
Ce site a été optimisé pour les fureteurs Microsoft Internet Explorer, version 6.0 et ultérieures, et Netscape, version 6.0 et ultérieures.