Volume 40 - numÉro 19 - 6 fÉvrier 2006 |
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L’ablation des ovaires réduit le risque de cancer du seinL’effet de l’ovariectomie demeure observable 15 ans après l’opération
L’ovariectomie ou ablation des ovaires réduit de façon significative le risque de développer un cancer du sein chez les femmes génétiquement prédisposées à ce cancer. Cet effet préventif vient d’être confirmé de nouveau par une vaste étude internationale qui a permis d’en préciser les conditions optimales. Les femmes prédisposées au cancer du sein sont porteuses de mutations sur le gène BRCA1 ou BRCA2 (pour breast cancer). Dans la population en général, on compte jusqu’à 5% de femmes concernées, mais elles sont deux fois plus nombreuses chez les Canadiennes françaises et chez les Juives ashkénazes. Le risque pour ces femmes de souffrir d’un cancer du sein atteint 80% à l’âge de 80 ans. Elles risquent également d’être atteintes d’un cancer des ovaires; ce risque est de l’ordre de 20% pour des mutations sur le BRCA2, mais grimpe jusqu’à 65% si c’est le BRCA1 qui est touché. Comme ces deux formes de cancer sont reliées dans une certaine mesure, les médecins ont observé que l’ovariectomie chez les femmes porteuses de mutations et aux prises avec un cancer des ovaires diminuait le risque qu’elles développent ultérieurement un cancer du sein. Cet effet est attribué à la diminution du taux d’œstrogène. Mais faute de données suffisantes, on ignorait jusqu’à maintenant la portée précise de cette intervention sur la prévention du cancer du sein. Une équipe de 20 chercheurs, répartis dans autant de centres de recherche dans le monde et dont faisait partie l’épidémiologiste Parviz Ghadirian, de l’Unité de recherche en épidémiologie du CHUM (Hôtel-Dieu), a effectué l’une des premières études d’envergure sur le sujet. Les données ont été recueillies auprès de 3300 femmes porteuses de mutations sur l’un ou l’autre des deux gènes; de ce nombre, 43% avaient reçu un diagnostic de cancer du sein, les autres constituant un groupe témoin. Les résultats, publiés dans le Journal of Clinical Oncology du 24 octobre dernier, montrent que l’ovariectomie a contribué à réduire de 46% le risque de cancer du sein chez les porteuses de mutations sur le BRCA2 et de 56% dans le cas de mutations sur le BRCA1. Selon les chercheurs, il est possible que cette différence soit liée à des caractéristiques biologiques des tumeurs causées spécifiquement par l’un et l’autre des gènes mutés, leurs protéines étant légèrement différentes. Il est connu, par exemple, que l’effet préventif de l’allaitement, des contraceptifs oraux et du tamoxifène sur le cancer du sein est moins grand dans le cas de mutations sur le BRCA2. L’étude a aussi montré que l’effet préventif de l’ovariectomie demeure observable pendant au moins 15 ans après l’opération. Cet effet est par ailleurs plus important si l’opération survient tôt: pour les porteuses de mutations sur le BRCA1, la réduction du risque atteint 64% si l’opération est pratiquée avant l’âge de 40 ans et 50% lorsque l’intervention a lieu entre 40 et 50 ans. Au-delà de l’âge de 50 ans, l’ovariectomie n’a pas d’effet statistiquement significatif. Les auteurs de l’étude recommandent donc aux femmes prédisposées au cancer du sein d’envisager l’ovariectomie préventive à partir de 35 ans. Au Canada, 60% de ces femmes suivent déjà cette consigne. L’ablation des ovaires peut toutefois provoquer une ménopause précoce. Daniel Baril |
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