Volume 40 - numÉro 21 - 20 fÉvrier 2006 |
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Café et sommeil: une relation loin d’être reposanteUne recherche menée au Centre d’étude du sommeil et des rythmes biologiques de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal conclut à un lien entre la sensibilité subjective à la caféine et la qualité du sommeil.
L’impression qu’ont les gens des effets du café sur le sommeil entraine une perturbation réelle de celui-ci, notamment pour ce qui est de la durée de la phase de sommeil paradoxal, lorsqu’ils prennent de la caféine en soirée. Présentée au 27e Congrès annuel de la Société québécoise pour la recherche en psychologie, cette étude, réalisée par Marta Fernandez-Bolanos, étudiante de deuxième cycle au Département de psychologie sous la direction de la professeure Julie Carrier, a mis à contribution 18 hommes et femmes en bonne santé physique et psychologique dont la moyenne d’âge était de 40 ans. Répartis dans deux groupes selon leur niveau de sensibilité à la caféine, les sujets étaient tous des consommateurs modérés de café, c’est-à-dire qu’ils buvaient de 125 à 400 mg de café par jour, soit de une à quatre tasses. «Mes travaux ne visaient pas à comparer l’incidence de la caféine en fonction de la quantité de café absorbée, mais plutôt à observer les paramètres physiologiques touchés selon que les sujets se disent plus ou moins sensibles à l’action de la caféine», précise Mme Fernandez-Bolanos, qui a récemment terminé ce qui est sans doute l’une des premières études sur le sujet. Un sommeil paradoxal perturbéDe nombreux chercheurs ont démontré les contrecoups de ce stimulant sur le système nerveux central, notamment sur la vigilance et les paramètres de sommeil, mais des différences individuelles majeures sont documentées, selon l’étudiante. «Certains rapportent par exemple qu’ils ne pourront pas dormir s’ils prennent du café en soirée alors que d’autres ne semblent pas être dérangés du tout par la caféine, indique-t-elle. L’association possible entre cette sensibilité subjective et la qualité du sommeil a toutefois été peu étudiée. J’ai voulu en avoir le cœur net.» À intervalle d’une semaine, tous les sujets ont dormi deux nuits au Laboratoire de chronobiologie du Centre d’étude du sommeil. Au cours d’un premier séjour, ils ont avalé 200 mg de caféine et, durant le second, ils ont pris un placébo à double insu, c’est-à-dire sans le savoir. Chaque sujet a absorbé une capsule de 100 mg de caféine (ou de lactose) trois heures avant l’heure habituelle à laquelle ils se mettent au lit et une autre dose de 100 mg une heure avant le coucher. Un enregistrement polysomnographique a été effectué pour chacun des séjours au Laboratoire afin de pouvoir analyser les paramètres de sommeil des sujets. Le matin suivant chaque nuit expérimentale, les participants ont également évalué la qualité de leur sommeil à l’aide d’un questionnaire. Comme on pouvait s’en douter, les personnes qui ont pris les capsules de caféine ont eu une nuit agitée et ne se sont guère reposées. La caféine les a empêchées d’avoir une bonne consolidation de sommeil et a diminué la durée du sommeil lent profond. Les sujets ont par ailleurs pris plus de temps à s’endormir comparativement à la nuit où ils avaient avalé le placébo. À noter que les participants se disant «très sensibles» aux effets de la caféine ont mentionné une qualité subjective de sommeil plus pauvre que les sujets «peu sensibles» et ont admis être en moins bonne forme au réveil peu importe la condition. La perturbation du sommeil par la caféine est-elle donc essentiellement liée à l’impression qu’ont les sujets de ce stimulant? Non, semble dire la chercheuse. «Ça ne se passe pas juste dans la tête. Des effets plus perturbateurs de la caféine sur le sommeil sont toutefois observés chez les personnes se disant “très sensibles” au café, constate-t-elle. On ne sait pas encore pourquoi ces gens y sont plus sensibles que d’autres. La caféine agit en bloquant certains récepteurs de l’adénosine, entravant ainsi l’endormissement. Il serait donc possible que le système adénosinergique de certains individus soit génétiquement plus sensible à ce stimulant.» Pour l’instant, une seule chose est sure. «La sensibilité subjective à la caféine se reflète clairement dans les paramètres objectifs du sommeil», affirme la jeune femme de 25 ans. Marta Fernandez-Bolanos a en effet noté que la caféine diminue la durée totale du sommeil de tous les participants, mais cette baisse est encore plus marquée chez les gens «très sensibles» au café. Le même phénomène est constaté pour le sommeil paradoxal, qui occupe normalement 25% de nos nuits. Banal, ces résultats? Certainement pas. «C’est essentiellement au cours de cette phase que l’organisme s’emploie à trier et à assimiler l’information apprise pendant la journée», signale la chercheuse. Dominique Nancy Dormeurs recherchésDes dormeurs sont recherchés pour mesurer l’effet de la caféine sur la récupération du sommeil. Le projet de recherche que poursuit Marta Fernandez-Bolanos vise les personnes des deux sexes âgées de 20 à 25 ans. Les sujets doivent être des consommateurs modérés de café et en bonne santé physique et psychologique, mais ils ne doivent pas travailler de nuit, ni prendre d’anovulants. Ils devront passer trois nuits au Centre d’étude du sommeil de l’Hôpital du Sacré-Cœur et percevront une compensation de 195$ pour leur participation. Les personnes intéressées peuvent communiquer avec le Laboratoire de chronobiologie du Centre d’étude au (514) 338-2222, poste 2517, option 1. |
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