Aveux et désaveux d’un psychiatre

La formation en pédopsychiatrie est malade

Les prévisions de recrutement en pédopsychiatrie ne sont pas très réjouissantes. Cette discipline n’a pas été très populaire auprès des étudiants en médecine des dernières années, ce qui fait que les cohortes risquent d’être très minces pour quelques années encore. Mais il y a pire, selon le Dr Michel Lemay. Même la formation des futurs pédopsychiatres s’accommode mal de la réalité.

«Il est totalement impossible de former un pédopsychiatre en deux ans, écrit le médecin pour enfants du CHU Sainte-Justine dans son récent ouvrage Aveux et désaveux d’un psychiatre. Si nous continuons dans cette direction, nous risquons de donner une formation insuffisante aux pédopsychiatres, tout en affaiblissant leur cursus par rapport à la psychiatrie générale. Dans la plupart des pays, la pédopsychiatrie n’est pas une option, c’est une spécialité. En France, par exemple, la formation prend quatre ans et en Suisse cinq ans.»

Le Dr Lemay a été professeur à l’École de psychoéducation de Montréal, puis responsable de l’enseignement de la pédopsychiatrie à l’hôpital Sainte-Justine et adjoint au directeur du Département de psychiatrie de l’UdeM avant de se consacrer entièrement à la médecine et à l’enseignement. À son avis, l’idée d’une formation spécialisée en médecine psychiatrique pour les enfants qui s’échelonnerait sur plusieurs années rencontre de très fortes résistances. «On m’a souvent dit qu’un tel projet était impossible parce qu’il fallait que l’ensemble du Canada décide d’emprunter cette voie. Puis, on a ajouté que ce n’était pas souhaitable parce que le médecin pédopsychiatre perdrait la possibilité de faire de la psychiatrie adulte, alors que les parents ont souvent des problèmes qui se répercutent sur leurs enfants.»

«Mais, au fond, toutes ces raisons cachent surtout la crainte de perdre les avantages financiers liés à la pratique simultanée de la psychiatrie adulte et de la psychiatrie infantile», estime le Dr Lemay.

D.N.

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