Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 21 - 6 mars 2006
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 Archives de Forum

capsule science

Le traitement de la mnopause protge-t-il le cour des femmes?

 

Ds les premires bouffes de chaleur et autres symptmes caractristiques de la chute brutale des ostrognes, l'hormonothrapie a longtemps t prescrite des millions de femmes dans le monde afin de les aider soulager les manifestations de la mnopause. Si l'on considrait auparavant qu'il protgeait le cour et les vaisseaux, le traitement hormonal substitutif, communment appel THS, est aujourd'hui de plus en plus contest. Ce traitement base d'hormones fminines protge-t-il rellement le cour des femmes?

Jusqu' tout rcemment, le discours mdical semblait quasi unanime: le THS avait des bienfaits long terme sur la sant en offrant notamment une certaine protection contre les maladies cardiovasculaires et l'ostoporose, rpond Mona Nemer, professeure au Dpartement de pharmacologie. Mais les rsultats rendus publics en dcembre 2002 de la vaste tude Women Health Initiative (WHI) relative aux effets sur une longue chance d'un traitement associant un progestatif un ostrogne ont altr ces croyances. Depuis, le doute s'est install.

L'tude amricaine dont fait mention la chercheuse a t entame en 2000 et devait initialement se clore en 2004. Elle a t interrompue plus tt, car on s'est aperu que le traitement n'tait pas aussi inoffensif ni aussi efficace qu'on le pensait et qu'il pouvait nuire aux 40 000 femmes participant l'essai. Dans l'ensemble, les femmes qui tait prescrit un THS ont montr une incidence lgrement plus leve de cancer du sein et d'incidents cardiaques. L'effet protecteur du THS est toutefois confirm pour l'ostoporose, les fractures du col du fmur et le cancer du clon.

Ragissant aux donnes de la WHI et d'autres tudes ralises ces dernires annes, l'American Heart Association a cess de se dclarer en faveur du THS et un grand nombre de femmes ont abandonn leur traitement d'hormonothrapie. Rsultat? C'est maintenant la sant de leurs os qui est en pril, selon la Socit de l'ostoporose du Canada. Il existe des mdicaments sur ordonnance autre que le THS afin de maintenir les os en sant, mais seulement 32% des femmes mnopauses en connaissent l'existence.

C'est sans doute le revirement le plus spectaculaire jamais observ en mdecine clinique, estime la titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la diffrenciation des cellules cardiovasculaires. L'hormonothrapie est passe du traitement de routine l'exclusion presque totale.

son avis, il n'y a pas assez de preuves selon lesquelles les problmes sont suprieurs aux avantages de l'hormonothrapie, particulirement lorsque les doses mdicamenteuses sont minimes et que le traitement est utilis pendant moins de quatre ou cinq ans. C'est clair: il y a des bienfaits et des effets secondaires nfastes, dit Mme Nemer. Il est important que chaque utilisatrice de ce traitement hormonal discute des risques et des avantages lis au THS avec son mdecin, qui prendra en compte sa situation personnelle et ses antcdents familiaux de cancer comme ses autres antcdents mdicaux.

Rappelons que le THS a t lanc aux tats-Unis en 1942, d'abord avec des ostrognes seuls puis en association avec un progestatif pour protger des risques d'hyperplasie et de cancer de l'endomtre (muqueuse de l'utrus). Des tudes sur de faibles chantillons de sujets avaient en effet laiss supposer que cette substitution hormonale permettait de rduire le risque cardiovasculaire. Mais trop rapidement, semble-t-il, on a pens que la trs grande majorit des femmes pouvaient en profiter, sauf contre-indications connues.

cette poque, mentionne Mona Nemer, on croyait que le traitement hormonal ne pouvait que prvenir les troubles cardiovasculaires, tout simplement parce que les femmes souffrent de maladies cardiaques bien plus tard que les hommes. Autrement dit, jusqu' la mnopause, elles seraient protges par leurs hormones.

l'heure actuelle, les preuves manquent encore au sujet de cette hypothse. Les hormones sexuelles des femmes semblent avoir un rle protecteur sur les vaisseaux, signale Mme Nemer, mais leurs rpercussions sur le cour reste encore dterminer. Il est fort possible que leurs effets vasculaires et cardiaques soient opposs, sinon diffrents. Cela expliquerait la controverse quant l'effet bnfique de l'hormonothrapie au cours de la mnopause.

Mais quelle qu'en soit la raison, le message est clair, constate la professeure Nemer. Avant de parler de l'effet prventif d'un traitement, nous avons vraiment besoin de preuves scientifiques. Un avertissement en direction des tudes qui soulignent que les ostrognes protgeraient de la maladie d'Alzheimer et que la vitamine E pourrait ralentir cette dmence, certains cancers ou maladies cardiovasculaires.

Dominique Nancy

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