Volume 40 - numÉro 24 - 20 mars 2006 |
|
||
Le recycleur recycléAncien dessinateur industriel, Michel Rouleau est devenu recycleur
«Vos papiers, SVP!» Depuis que Michel Rouleau occupe le poste de technicien en recyclage à la Direction des immeubles, les authentiques déchets doivent montrer patte blanche avant de trouver le chemin de la poubelle. Sans ménagement, le papier et le carton sont refoulés aux frontières des boites à ordures, puis emportés vers les bacs de recyclage. Les objets de verre et de métal sont également repoussés. Même les piles et les téléphones cellulaires sont de plus en plus persona non grata chez les détritus. «Je suis moi-même recyclé», dit en riant cet ancien dessinateur industriel qui a travaillé 12 ans en usine avant de se lancer dans la gestion environnementale au collège de Rosemont. En 2002, il devenait le premier technicien en recyclage officiellement engagé à plein temps dans une université montréalaise, suivie de peu par les universités McGill et du Québec à Montréal. Actuellement, il participe à l’implantation, sur le campus, de plus de 350 ilots de récupération partout où il y a des matières à recycler. Sont ciblés les principaux pavillons de Montréal et de Saint-Hyacinthe, mais aussi la Station de biologie des Laurentides, à Saint-Hippolyte, l’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV) de la rue Sherbrooke, le pavillon de géographie, sur le chemin de la Côte-Sainte-Catherine, etc. «L’embauche de Michel Rouleau est un élément clé de la politique environnementale de l’Université de Montréal, déclare Denis Tardif, directeur de la section Santé et sécurité au travail et l’un des concepteurs de cette politique. Récupérer le papier, on le faisait depuis 30 ans, mais de façon morcelée, incohérente. La présence de Michel a contribué à faire avancer les choses globalement. Pour que ça bouge, ça prend un porteur de dossier.» De stagiaire à permanentAvant de se voir offrir un poste à l’UdeM, Michel Rouleau était venu sillonner le campus à titre de stagiaire. Ce qu’il y a observé confirme le constat de M. Tardif. «Quand je suis venu ici pour la première fois, j’ai constaté qu’il y avait plusieurs initiatives intéressantes. Par exemple, une femme avait décidé de récupérer les piles d’appareils photo dans son pavillon. Elle allait elle-même, bénévolement, les apporter au centre de tri. Un autre employé, au pavillon Roger-Gaudry, recueillait les cartouches d’encre pour les recycler. Ailleurs, on ramassait les pots de peinture. Tous ces gestes étaient très valables, mais il manquait une vision d’ensemble.» Le plan de gestion des matières recyclables (plastique, verre, métal), que Michel Rouleau instaure actuellement, sera achevé sous peu. Il comprend des phases d’évaluation et d’installation précédant la phase de récupération active. Les derniers pavillons qui figurent sur la liste (cinq immeubles sur le boulevard Édouard-Montpetit, deux sur le chemin Queen-Mary, le laboratoire René-J.-A.-Lévesque, l’IRBV et le campus de Saint-Hyppolite) seront tous dotés en juin prochain de bacs de recyclage. Ceci dit, l’implantation du plan de gestion ne se fait pas sans heurts. Au cours de la Semaine de l’environnement, des bénévoles du comité Uni-Vert-Cité (un partenaire de l’Université en matière de récupération et de recyclage) ont vidé les poubelles de la cafétéria Chez Valère, au 3200, rue Jean-Brillant. Ils y ont découvert d’innombrables produits recyclables jetés par mégarde ou par ignorance. «Il y a encore de la sensibilisation à faire», reconnait Michel Rouleau. La cafétéria utilise beaucoup de produits jetables, explique-t-il, et les clients ont pris certaines habitudes difficiles à modifier. Mais il y a de l’espoir. Par exemple, depuis le 1er mars, les repas y sont servis dans de la vaisselle «durable» à défaut d’une demande particulière. Les assiettes de carton et les verres de plastique non recyclables sont facturés au consommateur. Selon le technicien, ce n’est qu’une question de temps avant que les usagers de la cafétéria adoptent de meilleures habitudes en matière de récupération et de recyclage. Une étude a d’ailleurs montré, récemment, que plus de 85 % du contenu des bacs de recyclage était conforme aux indications données. Les minipoubellesMichel Rouleau est à l’origine d’un changement en apparence anodin, mais qui pourrait avoir un impact considérable sur la quantité de matières récupérées d’un bout à l’autre du campus: les minipoubelles. Environ cinq fois moins grand que la traditionnelle poubelle de bureau, le contenant de plastique se fixe dans cette poubelle qui devient, du coup, un bac de recyclage pour le papier et le carton. On en a déjà distribué 1000 sur les 5000 postes de travail et la réponse des usagers est étonnamment positive. «Je dirais que de 10 à 15% des gens réagissent mal spontanément lorsqu’on leur apporte cette poubelle minuscule, souligne-t-il. Nous leur conseillons de l’essayer pendant deux semaines. Puis nous n’en entendons plus parler.» Le principe est simple: si l’on diminue la taille de la poubelle, le volume de déchets va diminuer d’autant. «Cela fonctionne», observe Frédéric Lapointe, conseiller en évaluation au Centre d’études et de formation en enseignement supérieur. «Je me sers de cette petite poubelle depuis deux mois et mes déchets sont presque réduits à zéro.» Quand la poubelle se remplit rapidement, ce sont les verres à café non recyclables qui occupent la plus grande partie de l’espace. Discrètement, l’air de rien, Michel Rouleau a donc distribué des tasses recyclables à chaque personne qui avait la mauvaise habitude de boire son café dans un de ces verres. Grâce à l’adoption de la tasse réutilisable, les déchets ont subitement disparu. Le technicien n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. D’ailleurs, ses interventions ne se limitent pas à la récupération et au recyclage. Il n’est jamais loin lorsqu’il est question de covoiturage et d’un usage plus généralisé du vélo sur le campus. Mathieu-Robert Sauvé |
Ce site a été optimisé pour les fureteurs Microsoft Internet Explorer, version 6.0 et ultérieures, et Netscape, version 6.0 et ultérieures.