Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 24 - 20 mars 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

De plus en plus de cas de «troubles d’apprentissage» chez les étudiants handicapés

Le campus est plus accessible aux handicapés

L’ergonome Judith Proulx est la coordonnatrice du Service d’enregistrement de lecture adaptée. Ce service dispose du logiciel d’enregistrement audionumérique servant à mettre sur cédéroms le contenu des livres utiles aux étudiants souffrant de déficiences visuelles.

Selon le Bureau des étudiants handicapés (BEH), les étudiants atteints de troubles d’apprentissage sont en hausse sur le campus. «Nous accueillons une vingtaine d’étudiants souffrant de ces troubles, mentionne Daniel Boucher, responsable du BEH. Cette clientèle a besoin de services personnalisés tels que la prise de notes et de technologies d’aide à l’apprentissage.»

Qu’est-ce qu’un trouble d’apprentissage? C’est un handicap permanent qui limite l’étudiant au cours de son cheminement universitaire. Il peut s’agir d’un déficit de l’attention, de troubles de la mémoire, de dyslexie, de dysphasie, de dyscalculie, du syndrome de la Tourette ou d’autisme. «Les gens pensent que l’étudiant handicapé est forcément en fauteuil roulant. C’est une erreur, signale Nissim Louis, conseiller au BEH. De plus en plus, le Bureau vient en aide à des hommes et des femmes aux prises avec des problèmes liés à l’apprentissage ou à la santé mentale.»

Depuis la création du BEH il y a plus d’une vingtaine d’années, le nombre d’étudiants handicapés a connu une hausse de 400%, passant de 40 en 1985 à 165 en 2005-2006. Selon les plus récentes données, plus du tiers ont une déficience motrice et le quart présente des déficiences visuelle et auditive. Mais 20 souffrent de difficultés d’apprentissage, 5 de troubles de santé mentale et 2 de troubles multiples.

«La plupart des étudiants qui souffrent de troubles d’apprentissage et qui nous consultent ont réussi tant bien que mal leurs études secondaires et collégiales, mais se heurtent à des difficultés majeures dès leur premier trimestre à l’Université, où la somme de travail exigée est au-delà de ce qu’ils ont connu jusque-là», explique M. Boucher.

Nissim Louis précise que le trouble d’apprentissage n’a rien à voir avec la capacité intellectuelle. Certaines personnes éprouvent des difficultés avec l’écriture et la lecture, mais possèdent un quotient intellectuel élevé.

La technologie qui aide

Pour bénéficier des services du BEH, l’étudiant doit avoir un handicap permanent, ce qui exclut les cas de dépression majeure ou d’accident aux séquelles temporaires. Il sera donc évalué, s’il y a lieu, par la Clinique d’évaluation neuropsychologique et des troubles d’apprentissage de Montréal. «Nous n’établissons pas de diagnostic ici, déclare Daniel Boucher. Ce n’est pas notre rôle. Mais notre approche n’est pas limitative. Il arrive que nous rendions service à des étudiants qui ont des besoins particuliers.»

Pour l’aide spécialisée, le BEH compte depuis quelques mois sur des appareils numériques comme le lecteur audio Daisy et le Victor Reader, qui permettent à l’usager d’écouter littéralement ses ouvrages de référence. Transférable dans un lecteur portatif, le document peut être utilisé n’importe où et s’adapte bien aux exigences de l’étudiant. Jusqu’en aout dernier, ce dernier devait se débrouiller avec des magnétophones peu conviviaux.

Des logiciels adaptés, notamment en langues, aident également les étudiants handicapés. La conseillère Judith Proulx consacre l’essentiel de sa tâche à l’accompagnement technique de ces personnes.

Y a-t-il des problèmes insurmontables pour le BEH? Pas vraiment, à en croire Nissim Louis. «Nous répondons à la plupart des besoins des gens qui frappent à notre porte, dit-il. Évidemment, on ne peut pas étudier à leur place. Ils ont beaucoup de mérite. Une de nos étudiantes suivait six cours, malgré ses troubles d’apprentissage. Elle devait travailler très fort.»

M. Louis, qui a travaillé cinq ans à l’Université McGill avant d’obtenir son poste à l’Université de Montréal en septembre 2004, a remarqué certaines différences entre les deux établissements. Pour l’université anglophone, la réalité des troubles d’apprentissage est loin d’être nouvelle. On inclut même dans la définition du handicap certains problèmes temporaires de santé mentale comme la dépression, alors qu’ils relèvent plus du Service d’orientation et de consultation psychologique à l’UdeM.

Appelé à commenter la qualité du campus pour un étudiant en fauteuil roulant, il attribue en général à l’Université une bonne note. Mais des problèmes d’accès demeurent à certains endroits. «Tous les pavillons du campus sont accessibles, mais certains locaux le sont plus difficilement. Et si l’on rêve un peu, on peut souhaiter que des tunnels relient des pavillons comme Marie-Victorin et le CEPSUM.»

La petite équipe du BEH (qui compte aussi le conseiller Baudouin Cardyn) est toujours prête à sensibiliser la communauté universitaire à la réalité des personnes handicapées. Le 3 mai prochain, elle organise sa compétition annuelle de basketball en fauteuil roulant, à laquelle toute la communauté est invitée. Plusieurs unités ont déjà annoncé leur participation, dont la Direction des immeubles, la FAECUM, l’École de réadaptation et le Rectorat.

M.-R.S.

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