Volume 40 - numÉro 29 - 1er mai 2006 |
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L’économètre Jean-Marie Dufour collectionne les prixLe professeur remporte un prix Killam et touche des bourses prestigieuses d’Allemagne et des États-Unis
Année faste pour Jean-Marie Dufour, professeur au Département de sciences économiques de la Faculté des arts et des sciences. Non seulement il est lauréat du prestigieux prix Killam 2006 en sciences sociales, mais il reçoit aussi deux bourses importantes de l’étranger, la première de la Fondation John Simon Guggenheim et la seconde de la Fondation Alexander von Humboldt, en Allemagne (le prix Konrad-Adenauer). Selon Robert Lucas, Prix Nobel d’économie en 1995, qui a soutenu la candidature de Jean-Marie Dufour pour le prix Killam, l’Université de Montréal peut être fière de son économètre. «M. Dufour est une autorité compétente reconnue internationalement au chapitre des séries temporelles économétriques et des méthodes statistiques, sur lesquelles la plupart des travaux empiriques se basent, explique-t-il dans sa recommandation. Il a écrit des douzaines d’articles sur la théorie et les applications, a publié dans les meilleures revues et a donné des conférences partout dans le monde.» Pour le professeur Dufour, que les grands honneurs ne semblent pas émouvoir outre mesure, le prix Killam est une «très belle récompense». Rencontré quelques jours avant son départ pour Halifax, où avait lieu la remise officielle du prix, le 27 avril, le lauréat ne savait toujours pas ce qu’il ferait des 100 000$ qu’il toucherait grâce à la succession de l’homme d’affaires néo-écossais Izaak Walton Killam (1885-1955). «Je vais déposer l’argent à la banque. Je suis surtout flatté de l’honneur qui m’est fait: le prix Killam est assurément l’une des plus prestigieuses récompenses au Canada pour un chercheur.» Jean-Marie Dufour, qui a reçu l’an dernier de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) le prix Marcel-Dagenais pour ses recherches en sciences sociales, est donc autant honoré chez lui qu’à l’étranger. Économétrie fondamentaleLe prix Konrad-Adenauer, d’environ 50 000 €, remis chaque année par l’Allemagne à un chercheur étranger, permettra à l’économètre d’effectuer plusieurs voyages à l’Institut des sciences économiques, à Halle, dans l’ancienne Allemagne de l’Est. Au moins trois séjours sont prévus dans les prochains mois. Et grâce à la bourse de la Fondation John Simon Guggenheim (35 000$US), le chercheur pourra approfondir ses travaux. De quoi bien occuper l’année sabbatique qu’il entend prendre dès janvier 2007. «De tous les économistes québécois, le professeur Jean-Marie Dufour est probablement celui dont la réputation scientifique a atteint le plus haut niveau à l’échelle internationale», mentionne le directeur du Département de sciences économiques, Michel Poitevin. Selon lui, les travaux les plus influents de M. Dufour ont touché à une grande variété de sujets en économétrie fondamentale. Qualifié d’«alchimiste du nombre» par une journaliste du Devoir, Jean-Marie Dufour se destinait à la physique. N’eût été un professeur qui lui a déconseillé cette voie, peu prometteuse sur le plan des débouchés, il n’aurait peut-être jamais découvert l’économétrie. «Ce qui me plait dans cette discipline, c’est qu’elle peut avoir des applications dans la vraie vie, explique ce chercheur qui se classe au septième rang mondial pour l’importance et l’impact des publications en économétrie. Le principal intéressé estime que ses travaux ont d’abord de profondes racines dans la connaissance pure. «Un économètre élabore des méthodes en lien avec des recherches économiques. Il permet le raffinement des prévisions par exemple», dit-il. Actuellement, plusieurs étudiants des cycles supérieurs poursuivent des travaux sous sa direction. Tarek Jouini étudie l’analyse de la causalité, Abderrahim Taamouti examine l’influence de la monnaie sur la politique et Mame Diouf met au point des méthodes statistiques pour mesurer la pauvreté. Tous trois sont au doctorat. Quand il ne travaille pas, Jean-Marie Dufour aime lire des essais et des livres d’histoire. Il a récemment dévoré Ideas, une somme de 800 pages sur l’histoire des idées, du néolithique à nos jours, par Peter Wilson. Il s’intéresse beaucoup aux faits de société qui peuvent avoir une influence sur l’économie. Ainsi, le débat autour des changements climatiques suscite actuellement son intérêt. «C’est un problème qui aura forcément des répercussions notables sur l’économie. J’ai lu au moins trois livres sur le sujet récemment.» Bien que le professeur Dufour dise aimer l’enseignement, particulièrement auprès d’étudiants des deuxième et troisième cycles, il consacre l’essentiel de son temps à la recherche. Mathieu-Robert Sauvé |
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