Volume 40 - numÉro 29 - 1er mai 2006 |
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Denis Rodrigue privilégie les contacts humains avant toutMalgré l’informatisation des laboratoires, le technicien aura toujours sa place
Lorsque nous lui avons rendu visite, Denis Rodrigue venait tout juste d’emménager dans le nouveau laboratoire d’histologie du pavillon Marcelle-Coutu, après avoir passé 29 ans à titre de technicien de laboratoire au Département de pathologie et biologie cellulaire. Mais il n’est pas en terre étrangère puisque les nouvelles installations dans lesquelles il travaille maintenant sont liées à ce même département ainsi qu’à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie. Si ce déménagement n’a pas changé ses fonctions, son travail a considérablement évolué au cours de la trentaine d’années de service qu’il a à son actif. De la dissection jusqu’aux tranches minces«J’ai commencé quand il y avait des laboratoires de travaux pratiques pour les étudiants en médecine, relate le technicien. Il fallait préparer les tissus ou les organes pour des observations microscopiques ou macroscopiques. C’était une autre approche, intéressante, et le contact était agréable avec les professeurs et les étudiants. On faisait aussi de la dissection de cadavres et il fallait transporter les prélèvements sur des plateaux d’une salle de classe à l’autre. Cela n’est plus nécessaire avec l’informatique, mais je crois qu’il faudra y revenir un jour.» Comme bien d’autres, Denis Rodrigue a côtoyé le géant Beaupré, mais il n’a pas eu à manier la dépouille. Parmi les anecdotes, il aime toutefois signaler qu’il a participé à la réfection du cœur du frère André au terme de la sinistre histoire du vol pour rançon à l’oratoire Saint-Joseph. «On a beau se dire non croyant, le fait de travailler sur un personnage historique a quelque chose d’émouvant», souligne-t-il. Une bonne partie de son travail consiste aujourd’hui à tirer des tranches minces d’échantillons de tissus qui ont été préalablement imprégnés d’alcool pour en extraire l’eau et de paraffine pour les rendre solides. Il les colore ensuite pour les besoins de l’observation. Grâce aux instruments modernes, il peut arriver aux résultats voulus en cinq minutes. «Ces échantillons servent aux analyses en immunologie et en cancérologie afin de déterminer s’il y a un cancer et d’établir le type de tumeur, ou encore pour étudier les réactions inflammatoires, explique-t-il. Plusieurs recherches portent sur le cancer du sein et je me considère comme chanceux de pouvoir faire le lien entre les recherches et les applications cliniques; cet aspect du travail est très motivant.» L’automatisation et le travail d’équipeDenis Rodrigue ne craint pas que l’automatisation poussée ni l’informatisation des instruments de laboratoire finissent par rendre le rôle du technicien caduc. «L’automatisation ne diminue pas l’importance du technicien et ne fait pas disparaitre les “zones à jugement”, affirme-t-il. Lorsqu’on prépare une lamelle de microscope, il faut savoir quels sont les besoins et une machine ne le saura jamais. Il n’y a pas d’appareil qui détecte si le tissu provient des amygdales, de l’appendice, de la vésicule biliaire ou du cerveau.» Une machine n’assurera jamais non plus l’entregent nécessaire au travail d’équipe. C’est d’ailleurs le défi qu’il se donne dans ce nouveau laboratoire d’histologie. «J’ai toujours favorisé le travail en collaboration avec le personnel et je veux bâtir ici une véritable équipe pour que le labo roule à fond. Il faut privilégier les contacts humains avant tout et éviter les cloisons, sinon le travail ne sera pas intéressant. Je suis d’ailleurs un admirateur de Charlie Chaplin, qui a montré l’importance de la valorisation de ce qu’on fait pour empêcher que la tâche devienne un travail à la chaine.» Le modernisme n’a pas non plus que de bons côtés. Sans être nostalgique du passé, M. Rodrigue éprouve une certaine gène quant à la pratique du «jeter après usage». «Il est commode de ne pas avoir à nettoyer certains articles dont on se sert et il en coute moins cher de les jeter que de les laver. Mais on ne sait plus quoi faire de nos déchets», déplore-t-il. Au-delà de son rôle de technicien, Denis Rodrigue jette un œil sur le travail des étudiants afin de s’assurer qu’ils ne sautent pas d’étape. Sa plus grande satisfaction est justement d’aider quelqu’un dans ses travaux. «Parfois je revois des professeurs ou des médecins que j’ai connus lorsqu’ils étaient étudiants. Ça me fait un petit velours de savoir qu’il y a une parcelle de ma contribution dans leur formation.» À son avis, les qualités essentielles pour accomplir un tel travail sont «la patience, le sens de l’observation et la précision; il faut aussi être méticuleux et innovateur pour savoir s’adapter aux nouvelles situations et trouver des solutions aux problèmes qui se posent». Engagement socialMais Denis Rodrigue possède encore d’autres qualités qui le rendent indispensable à la Faculté de médecine. En plus de son travail, le technicien est actif dans les causes sociales soutenues par la Faculté. On l’a vu comme bénévole dans l’organisation du rallye cycliste de Relève Médecine 2000, une activité qui visait à recueillir des fonds pour offrir des bourses à de jeunes chercheurs en début de carrière. Il est également engagé dans l’organisation des journées scientifiques du Département de pathologie et biologie cellulaire et prend part à des activités semblables à la Faculté, en plus d’être responsable de la santé et de la sécurité au travail dans son unité. «Je fais mon possible pour rendre service à la communauté», dit-il humblement. Daniel Baril |
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