Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 30 - 15 mai 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Fernand Boucher tourne la page après 38 ans de service

Fernand Boucher

Les personnes passent, les œuvres restent. Malgré son départ à la retraite le 31 mai, le registraire Fernand Boucher lèguera un héritage important non seulement à l’Université de Montréal, mais à l’ensemble du milieu universitaire québécois.

Fernand Boucher est en effet connu comme le «père de la cote Z», contestée par les uns et considérée comme un outil incontournable par les autres. Dès son arrivée à l’Université de Montréal, en 1968, M. Boucher a été intimement lié à l’implantation de diverses mesures de pondération des résultats scolaires en lien avec les admissions. Il peut vous en raconter les rebondissements dans les moindres détails.

Une méthode statistique simple

«Je suis entré à l’Université à titre de psychologue en mesure et évaluation aux Services aux étudiants [SAE], relate-t-il. Je faisais alors de la psychométrie à partir des tests d’admission et d’aptitude, ce qui n’a rien à voir avec le traitement des “bibittes”», tient-il à préciser.

En 1972, cette division des SAE est transférée au Bureau du registraire. C’est au cours de cette période que Fernand Boucher commence à appliquer une méthode statistique simple, connue sous le nom de «cote Z», pour rendre comparables les notes des candidats en provenance de collèges où les exigences et les rendements ne sont pas nécessairement équivalents.

Fernand Boucher convainc ses partenaires de l’Université Laval et de l’Université de Sherbrooke d’en faire autant et la gestion de cette mécanique est par la suite prise en charge par le ministère de l’Éducation et la CREPUQ. Son rôle le mène au poste de directeur du Bureau des admissions en 1982, qui devient alors indépendant du Bureau du registraire.

L’implantation de la cote Z est toutefois contestée, tant par certains collèges que par les associations étudiantes, contestation qui se rend devant la Commission des droits de la personne en 1989. «Pour rendre le mode de calcul plus réaliste, nous avons alors pris un risque que les autres universités n’osaient pas prendre: nous avons ajouté à la cote Z de chaque classe le calcul, sur trois ans, du rendement des diplômés universitaires issus de ces groupes», explique le registraire.

Ce sera l’une des innovations dont Fernand Boucher restera le plus fier. Mais la vie n’est jamais simple. Des cégeps créent au milieu des années 90 des programmes pour étudiants forts, ce qui oblige de nouveau à revoir le modèle de pondération pour tenir compte des critères de constitution de chacun des groupes. La cote Z devient la cote R, actuellement en vigueur.

«L’instauration de la cote R a été l’étape la plus difficile de ma carrière, avoue Fernand Boucher, surtout que cela s’est passé dès mon entrée en fonction comme registraire, en 1996. Mais ça reste un bon souvenir.»

Ces années sont aussi celles de la morosité budgétaire et des départs volontaires. Ce contexte conduit à la fusion du Bureau des admissions avec le Bureau du registraire et l’on demande à Fernand Boucher de combiner les deux directions. Le Bureau du registraire devient le Registrariat. Mais l’histoire bégaie. À quelques jours de la retraite de M. Boucher, la perspective qui s’annonce est celle de la redivision des deux services.

«La fusion des services a donné plus de visibilité et d’importance au rôle du registraire, estime Fernand Boucher. Entretemps, l’Université est devenue plus consciente des effets budgétaires de la gestion des clientèles et plus soucieuse d’aller chercher la part du marché à laquelle elle a droit. Mais il faudrait être plus nombreux pour assumer les deux fonctions.»

Guichet étudiant

Une autre étape importante de sa carrière de registraire a été la mise en place du guichet étudiant. «Cette structure nous a demandé des années de travail et les résultats ont changé le visage de l’Université, affirme-t-il. Malgré les résistances du début, personne ne voudrait revenir en arrière.»

L’UdeM était jusque-là en retard sur d’autres établissements où les demandes d’admission pouvaient se faire par téléphone. «En devenant la première université à rendre possibles les inscriptions en ligne, nous avons devancé tout le monde.»

Fernand Boucher déplore toutefois que ce virage informatique ne soit demeuré, sur certains aspects, que «cosmétique». «Les modifications qu’un étudiant peut apporter à sa demande ne se font pas en temps réel parce que le système ne met les données à jour qu’une fois toutes les 24 heures. Il faudrait changer toute la banque de données, ce qui nécessiterait plusieurs dizaines de millions de dollars d’investissement sur plusieurs années.» À son avis, c’est le défi qu’aura à relever son successeur, Pierre Chenard.

Pendant ses deux mandats à la direction du Registrariat, Fernand Boucher a également vécu les répercussions de la décroissance budgétaire et de la dénatalité sur le recrutement d’étudiants. L’aspect «moins plaisant» de la tâche, c’est la compétition féroce entre les universités qui en résulte.

Du temps pour les amis et la famille

À 64 ans, Fernand Boucher entrevoit une retraite bien remplie. «Je compte faire tout ce que j’aurais voulu faire sans jamais avoir eu le temps de le faire», lance-t-il.

Outre la photographie, la musique, les voyages et l’informatique pour le plaisir, ce sont les personnes qui seront au centre de ses préoccupations. «Gérer un bureau est très exigeant et demande énormément de passion. J’y ai consacré beaucoup beaucoup de temps, insiste-t-il. J’aurai maintenant plus de temps à accorder à ma famille et pour rencontrer mes amis; je vais en consacrer plus aux relations et moins aux rapports.»

Daniel Baril

Ce site a été optimisé pour les fureteurs Microsoft Internet Explorer, version 6.0 et ultérieures, et Netscape, version 6.0 et ultérieures.