Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 31 - 29 mai 2006
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 Archives de Forum

Maurizio Pollini à la salle Claude-Champagne: une soirée mémorable

Le pianiste Maurizio Pollini

La venue du pianiste Maurizio Pollini à la salle Claude-Champagne le 12 mai fut certainement l’évènement de la saison à la Faculté de musique. Et les chanceux qui ont assisté au récital ont vécu un moment de bonheur en compagnie du musicien italien.

M. Pollini a donné en mai cinq récitals en Amérique, quatre aux États-Unis et un au Canada. Ce fut donc avec une légitime fierté que la Faculté présenta le pianiste en ses murs. Une professeure de musique de l’UdeM avait eu vent l’an dernier du voyage de Maurizio Pollini de ce côté-ci de l’océan et de son désir de s’arrêter à Montréal. Elle communiqua l’information à la direction de la Faculté avec le résultat que l’on connait.

Le musicien a joué devant une salle archicomble sur le Steinway Hambourg de l’atelier d’Angelo Fabbrini, un piano qui l’a suivi dans sa tournée nord-américaine. On peut imaginer que l’installation de l’instrument sur la scène de la salle Claude-Champagne ne s’est pas faite sans mal, la salle ne possédant pas de quai d’embarquement. Mais, contre toute attente, il fut possible de rentrer le piano dans l’ascenseur. M. Fabbrini lui-même accompagnait le pianiste et a accordé l’instrument sans se départir de son thermomètre, question de s’assurer que la chaleur de la salle ne réchauffait pas indument le piano.

Maurizio Pollini a ouvert son récital avec les Nocturnes, de Chopin, dont il ne cesse de vanter le génie, plus de 40 ans après avoir remporté le premier prix au concours international de piano Frédéric Chopin à Varsovie.

Mais le musicien ne limite pas ses fréquentations romantiques au compositeur polonais. Il embrasse la tradition romantique avec Liszt (qui était au programme de la seconde partie du récital), Schumann, Schubert et Beethoven. Son approche analytique le prémunit contre toute interprétation sirupeuse, ce qui lui vaut souvent d’être qualifié de froid. Rien n’est plus faux. Il est vrai que l’exubérance n’est pas la marque du pianiste. En revanche, comme son grand compatriote Arturo Benedetti Michelangeli, avec qui il a étudié plusieurs années, Maurizio Pollini pousse l’étude du texte musical avec un art qui fait ressortir le contrepoint des magnifiques œuvres de la période romantique. Il ne cherche pas à créer l’émotion. Mais entre ses mains, les pièces revêtent une musicalité unique, claire. Et malgré quelques fausses notes le 12 mai, l’assistance a eu droit à ce son cristallin, unique au pianiste.

Paule des Rivières

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