Volume 41 - numÉro 1 - 28 août 2006
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vient de paraîtreLes enseignants manquent de formation en sciences
Plusieurs maugréent contre la réforme scolaire, mais il semble y avoir au moins un aspect sur lequel un chercheur est d’accord: l’accent mis sur la résolution de problèmes dans l’enseignement des sciences au primaire. «J’ai beaucoup de réserves à propos de la réforme et elle représente, à certains points de vue, une dérive par rapport aux États généraux sur l’éducation, qui visaient la formation fondamentale, affirme Marcel Thouin. Mais je suis satisfait des orientations en enseignement des sciences au primaire, qui sont fondées sur la résolution de problèmes. Les thèmes abordés constituent un bon survol des savoirs essentiels en biologie, en sciences de la Terre et même en astronomie.» Professeur en didactique des sciences au Département de didactique, Marcel Thouin a été en quelque sorte un précurseur de cette orientation puisqu’il publiait, en 1999, un manuel d’enseignement axé sur la résolution de problèmes en sciences. L’ouvrage a connu un vif succès tant au Québec qu’ailleurs dans la francophonie; il a également été partiellement traduit en espagnol et une version anglaise est en préparation. Le chercheur vient de faire paraitre une version complètement revue et augmentée de ce manuel sous le titre Résoudre des problèmes scientifiques et technologiques au préscolaire et au primaire (MultiMondes, 2006). «Le volume contient 60% de contenu différent par rapport à la première édition, précise l’auteur. On y trouve plus de 400 problèmes et expériences adaptés à chaque niveau d’enseignement et couvrant la physique, la chimie, l’astronomie, la technologie, la biologie et la médecine.» Une matière délaisséeSi Marcel Thouin se réjouit des orientations du nouveau programme, sa satisfaction s’arrête là où finit la théorie et où débute la pratique. «Au primaire, beaucoup de professeurs ne font aucun enseignement des sciences, déplore-t-il. Comme l’atteinte des objectifs n’est vérifiée ni par un examen du ministère ni par un examen de l’école, il arrive que la note inscrite au bulletin vienne de nulle part. Certains professeurs avouent donner la même note à tous les élèves parce qu’ils disent manquer de temps pour cet enseignement.» Le manque de temps n’est qu’un faux-fuyant puisque cette matière est obligatoire et prévue à l’horaire. Le fond du problème serait plutôt le manque d’intérêt et de formation chez ces enseignants. «Plusieurs ont une formation collégiale en sciences humaines et se sentent démunis et peu outillés pour l’enseignement des sciences», reconnait le didacticien. Les universités pallient en partie ces lacunes. À l’UdeM, un cours de didactique des sciences et un cours de culture scientifique sont obligatoires pour tous ceux et celles qui étudient en formation des maitres. Le Département de didactique dispose également d’un laboratoire d’enseignement équipé de tout le matériel dont les classes du primaire sont censées être dotées. Les étudiants de ces cours apprennent à utiliser les manuels de Marcel Thouin. Son dernier ouvrage présente succinctement, pour chaque activité proposée, les concepts scientifiques et les repères culturels que l’enseignant devrait posséder pour saisir la portée des expériences réalisées en classe. «Mon objectif est qu’il se fasse le plus d’enseignement possible en sciences et que cet enseignement se fasse de la bonne façon», souligne-t-il. Méthode adéquateLa bonne façon consiste à partir des interrogations des élèves pour y greffer la démarche et les notions scientifiques. Le professeur Thouin ne croit pas aux démonstrations-spectacles comme méthode pédagogique. «Il faut aller plus loin et proposer des solutions aux questions que soulève l’expérience.» Pour avancer, il est par ailleurs essentiel que l’enseignant connaisse les conceptions des élèves. Si, par exemple, on ne voit pas d’étoiles le jour, ce n’est pas parce qu’elles se sont éteintes ou qu’elles sont de l’autre côté de la Terre, comme pourraient le croire les enfants. «Un enseignement des sciences qui ne tient pas compte des conceptions des élèves conduit à des apprentissages temporaires qui se superposent aux croyances initiales sans les modifier, signale le professeur. L’approche par résolution de problèmes vise à faire évoluer les conceptions et ceci nécessite parfois une rupture avec les notions habituelles.» En cas de conflit avec certaines croyances, il ne faut pas baisser les bras, estime Marcel Thouin. «L’école a la responsabilité de transmettre le savoir scientifique tel qu’il est compris et accepté aujourd’hui.» Il existe quelques écoles dont le projet éducatif est axé sur les sciences. L’école primaire Fernand-Seguin, à Montréal, est de celles-là. Mais cette école sélectionne ses élèves en fonction du rendement scolaire. Au lieu de réserver cet enrichissement à une clientèle privilégiée, on devrait plutôt, selon Marcel Thouin, en faire l’une des bases de la réussite scolaire pour tous. «La science et la technologie pourraient être une façon de contrer le décrochage scolaire chez les garçons, croit le professeur. C’est dynamique, ça bouge, on manipule des objets et des instruments, on fait des expériences, c’est technique et pratique; autant d’aspects qui captivent les garçons.» Daniel Baril Marcel Thouin, Résoudre des problèmes scientifiques et technologiques au préscolaire et au primaire, Montréal, Éditions MultiMondes, 2006, 459 p.
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