Volume 41 - numÉro 2 - 5 septembre 2006
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Les garçons et le français: c’est la faute de l’orthographeC’est ce qu’a découvert Isabelle Gauvin au cours de sa recherche doctorale
Il est généralement reconnu que les garçons sont plus faibles que les filles dans la maitrise du français écrit. Mais cette faiblesse ne se manifeste que dans l’une des composantes de l’écriture, soit l’orthographe. C’est ce qu’a découvert Isabelle Gauvin au cours de sa recherche doctorale, effectuée au Département de didactique. «Les études existantes sur les différences entre les garçons et les filles en français ne sont pas très poussées, affirme la chercheuse. Pour avoir un tableau plus précis de la situation, nous avons analysé les résultats obtenus à l’épreuve du ministère de l’Éducation par les élèves de cinquième secondaire en production écrite entre 1999 et 2003.» Volet textuel et volet lexicalL’évaluation de cette épreuve de rédaction comporte deux volets: le volet textuel, qui désigne la qualité du discours et l’organisation cohérente des idées, et le volet lexical-grammatical, qui représente l’utilisation des mots, la syntaxe, la ponctuation et l’orthographe. Une première constatation faite par l’étudiante est que les garçons réussissent aussi bien que les filles dans le volet textuel. La moyenne obtenue par les garçons est de 85,4% alors que celle des filles est de 87,6%. «Cette différence n’est pas significative», indique Isabelle Gauvin. Par contre, garçons et filles performent beaucoup moins bien dans le volet lexical-grammatical: la moyenne des deux sexes est de 60,5%. «De façon générale, les filles et les garçons éprouvent plus de difficultés en grammaire et en orthographe qu’en cohérence de texte, souligne la chercheuse. Selon les normes de correction du ministère, les garçons comme les filles s’en sortent mieux pour ce qui est du fond que de la forme.» L’analyse des résultats du volet lexical montre en outre une différence importante selon les sexes: les garçons obtiennent une moyenne de 56,7% contre une moyenne de 64% pour les filles. Mais ce volet comporte plusieurs éléments, soit le vocabulaire, la syntaxe, la ponctuation et l’orthographe. Isabelle Gauvin a scruté les données plus en détail pour s’apercevoir que les résultats des garçons sont égaux à ceux des filles en vocabulaire (autour de 80%) et que la différence n’est pas significative en syntaxe et en ponctuation (55% pour les garçons contre 57% pour les filles). Ce n’est qu’en orthographe que la différence est importante, soit 35% pour les garçons et 50% pour les filles. Il serait même possible de déterminer encore plus précisément où se situe l’écueil puisque, dans l’évaluation du ministère de l’Éducation, l’orthographe inclut à la fois l’orthographe lexicale et l’orthographe grammaticale. «Ce sont deux réalités linguistiques fort différentes, mentionne Marie-Claude Boivin, directrice de cette recherche. L’orthographe lexicale renvoie à la correspondance entre graphème et phonème alors que l’orthographe grammaticale a trait à la relation syntaxique entre des constituants de la phrase, comme l’accord entre le sujet et le verbe.» Il est donc permis de penser que ces deux composantes de l’orthographe ne sont pas maitrisées de la même façon. Pour le vérifier, il faudrait toutefois avoir accès aux copies de l’examen afin de distinguer les deux types de fautes. La motivation ne serait pas en jeuLes observations d’Isabelle Gauvin vont dans le même sens que d’autres travaux réalisés en France et aux États-Unis et qui ont mis au jour là aussi des difficultés particulières chez les garçons en orthographe. Plusieurs hypothèses pourraient être proposées pour expliquer cet écart intersexe. La motivation à l’égard de l’apprentissage de la langue est-elle en jeu? Est-ce le rapport que les garçons et les filles établissent avec l’écriture? S’agit-il du manque de modèles masculins parmi les enseignants de français?
Isabelle Gauvin écarte pour l’instant l’hypothèse de la motivation. «Si le problème résidait dans la motivation, on peut penser que la faiblesse des garçons apparaitrait dans tous les éléments évalués dans l’épreuve et non seulement en orthographe», estime-t-elle. La chercheuse a donc entrepris d’examiner comment les élèves abordent l’apprentissage de l’orthographe, et plus précisément l’orthographe grammaticale, dès la première année du secondaire. «Je veux observer la manière dont les garçons et les filles s’approprient ce savoir, explorer leurs stratégies respectives à l’aide, notamment, des hypothèses qu’ils formulent et des questions qu’ils posent», spécifie-t-elle. Cette analyse descriptive pourrait éventuellement donner lieu à des études qui tiennent compte des éléments étudiés. Ces travaux s’inscrivent dans le programme de recherche de la professeure Marie-Claude Boivin portant sur les interactions didactiques dans l’enseignement et l’apprentissage de la grammaire. Ils sont subventionnés par le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture. Daniel Baril |
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