Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 3 - 11 septembre 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Étudier les manuscrits des auteurs pour mieux saisir les œuvres

Micheline Cambron coorganise le colloque «Archives et manuscrits d’écrivains»

Micheline Cambron

Si vous comptez un écrivain dans votre famille ou parmi vos amis, conservez ses lettres et ses cartes postales. «Elles ont une grande valeur», soutient Micheline Cambron.

Pour la professeure du Département des littératures de langue française et directrice du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises, les manuscrits, les carnets de notes et la correspondance des auteurs n’ont pas de prix. «Ces documents font partie de ce qu’on appelle le patrimoine littéraire. Ils permettent en outre aux chercheurs d’explorer la genèse des textes, une démarche qui enrichit la compréhension des œuvres», explique Mme Cambron.

Sans être nouvelle, l’attention accordée au patrimoine littéraire a pris une ampleur considérable au cours des 15 dernières années, selon la professeure. «Grâce aux manuscrits et aux archives, dit-elle, on peut mieux comprendre le travail d’écriture de l’écrivain, le milieu dans lequel il a évolué et, ultimement, la société dans laquelle il a vécu.»

Il n’est donc pas étonnant que les spécialistes du domaine s’intéressent de plus en plus à ce champ de recherche et à la mise en valeur de ces «trésors». Une vingtaine d’entre eux, dont le professeur Bernard Beugnot, collaborateur à l’édition des écrits de Francis Ponge dans la Pléiade, seront présents au colloque «Archives et manuscrits d’écrivains: politiques et usages du patrimoine littéraire», qui aura lieu du 20 au 22 septembre à Montréal.

Il faut aussi mentionner la participation des écrivains Gail Scott, Madeleine Gagnon et Pierre Nepveu à une table ronde qui se tiendra le 21 septembre.

Un partenariat

Organisé en partenariat avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et le groupe Initiative interuniversitaire de recherche sur les manuscrits et les archives littéraires (IRMA), sous la direction d’un comité scientifique mis sur pied par Mme Cambron, ce colloque international réunira 30 conférenciers, dont des archivistes, des chercheurs et des personnes engagées dans les politiques liées au patrimoine littéraire. Rattachés à environ une vingtaine d’établissements d’Europe, du Canada et du Québec, ces spécialistes présenteront des communications qui s’articulent autour de trois axes: l’importance du patrimoine littéraire et de son appropriation, le travail sur les manuscrits et les avant-textes, et les supports de conservation et de diffusion.

«Les sujets abordés iront de la constitution des fonds à l’appropriation et à la mise en valeur du patrimoine littéraire, en passant par l’analyse des mesures archivistiques de plusieurs institutions, précise Mme Cambron. Un de nos objectifs est de montrer la diversité des politiques à l’égard des archives en France, en Belgique et en Suisse. À partir de là, on va essayer de voir ce qui se fait de particulier au Québec.»

Pour Micheline Cambron, cette rencontre entre archivistes et chercheurs revêt une importance fondamentale. «Ce qu’on ne conserve pas du travail des écrivains est perdu à jamais, indique-t-elle. De la même façon qu’on cherche à préserver le patrimoine bâti ou artistique, il faut veiller à permettre la lecture et la réinterprétation des textes dans le temps.»

Un point de repère

Autrefois, c’était les héritiers des écrivains qui faisaient don des manuscrits et archives aux institutions et organisations. Signe des temps, plusieurs auteurs déposent maintenant leur patrimoine de leur vivant. C’est notamment le cas d’Anne Hébert, de Gaston Miron, de Roland Giguère, de Pierre Morency et de Réjean Ducharme. Leur patrimoine repose en sécurité à BAnQ ou à Bibliothèque et Archives Canada, qui ont la grande responsabilité de voir à sa préservation et à sa mise en valeur.

Manuscrit du roman Maria Chapdelaine, de Louis Hémon, conservé à la Division des archives de l’Université.

Mais cette responsabilité ne relève pas que des instances institutionnelles, signale Micheline Cambron. «Les chercheurs doivent par leurs travaux montrer l’intérêt de la mise en valeur de ces fonds d’archives de telle sorte que leur importance paraisse désormais évidente à tous.»

Actuellement, le défi est de taille. Il faut sensibiliser l’ensemble de la population au caractère essentiel de la sauvegarde du patrimoine littéraire et trouver la façon de gérer cette masse documentaire, note la professeure Cambron. À son avis, il est tout aussi capital de mettre en place des mesures cohérentes de préservation et de faire en sorte que de jeunes chercheurs se consacrent à ce travail sur les archives et les manuscrits. «C’est plus fastidieux de s’engager dans ce type de recherche, admet la professeure, car une attention particulière doit être portée aux objets.»

Le colloque, dont la publication des actes est prévue en 2007, constituera un point de repère pour les études en littérature. «Il permettra de faire le bilan des acquis, d’explorer des avenues nouvelles de recherche et, surtout, d’envisager des stratégies politiques pour favoriser la mise en valeur et l’appropriation les plus larges possible de ce patrimoine littéraire», résume Mme Cambron.

Dominique Nancy

 

Le programme du colloque sur les archives est disponible sur le site suivant:
www.crilcq.org.

 

Ce site a été optimisé pour les fureteurs Microsoft Internet Explorer, version 6.0 et ultérieures, et Netscape, version 6.0 et ultérieures.