Volume 41 - numÉro 3 - 11 septembre 2006
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Générations X et Y: pas si sacrifiées que çaLes jeunes générations seraient moins «sacrifiées» qu’on le croit, selon une étude de Jacques Légaré
Les boomers ont tout pris sur leur passage et n’ont rien laissé aux générations suivantes. Ce cliché a la vie dure, mais devrait définitivement être considéré comme non fondé. Une étude réalisée par Jacques Légaré, professeur au Département de démographie, et son étudiant Pierre-Olivier Ménard laisse en effet entrevoir un tableau plutôt méconnu des nouvelles générations lorsqu’on les compare avec les boomers. La génération des années 1966-1976, appelée génération X pour «sacrifiée», n’est pas nécessairement celle du chômage. Chez les hommes de cette génération, le taux d’activité est de 91% alors qu’il était de 92% lorsque les boomers étaient âgés de 30 à 35 ans. Au chapitre de l’emploi, la seule différence notable apparait au sein des boomers eux-mêmes quand on divise cette génération en deux groupes; chez les «vieux boomers» (de 1946 à 1956), le taux d’occupation était de 94% entre 30 et 35 ans, comparativement à 90% chez les «jeunes boomers» (de 1956 à 1966). Parmi la génération qui était âgée de 20 à 25 ans au tournant du siècle – la génération Y –, le taux d’activité atteignait 80%, ce qui est légèrement supérieur à celui des X de cet âge. Les femmes de la génération X ont quant à elles une situation plus enviable que les boomeuses. Toujours pour la tranche d’âge de 30 à 35 ans, le taux d’activité était sous la barre des 70% chez les boomeuses, mais grimpe à 78% chez les X. Qualité de l’emploiLes démographes ont également tenu compte de la qualité de l’emploi. Là encore, les jeunes de la génération X n’ont rien à envier à leurs prédécesseurs: 88% des hommes X occupent un emploi à temps plein contre 89% des vieux boomers et 84% des jeunes boomers. Chez les femmes, 75% des X occupent un emploi à plein temps contre 69% des vieilles boomeuses et 71% des jeunes boomeuses. Il serait également faux de penser que les jeunes générations ne trouvent comme emplois que ceux qu’elles se créent elles-mêmes. En 2001, 31% des jeunes boomers étaient travailleurs autonomes, contre 16% des X. Chez les Y âgés de 25 ans, le taux chute à 3%. Le document produit par les deux chercheurs ne donne toutefois pas d’information sur la rémunération, si ce n’est pour dire que l’entrée plus tardive de la génération X sur le marché du travail a «possiblement eu des impacts négatifs sur leur revenu». L’accessibilité à l’éducation postsecondaire, facilitée par les réformes de la fin des années 60, a par ailleurs profité davantage aux X qu’aux boomers. En 1981, la proportion de diplômés d’université chez les 25-29 ans (vieux boomers) était de 14%; en 2001, dans le même groupe d’âge (génération X), le taux était de 28%. Un autre mythe tombe en matière d’épargne-retraite, objectif principal de cette étude commandée par l’Institut canadien de la retraite et des avantages sociaux. Du côté du Régime de rentes du Québec, les boomers et les X ont pour ainsi dire le même taux de participation au tournant de la trentaine. Pour ce qui est des régimes enregistrés (REER), les X ont un taux de participation plus élevé que les boomers. «Contrairement aux idées reçues, la participation aux REER n’est pas une activité de personnes âgées», notent les chercheurs. Évidemment, boomers, X et Y n’ont pas le même poids démographique, ce qui pourra jouer sur l’épargne collective à moyen terme. Valeurs socialesIl semble que ce soit sur le plan des valeurs sociales que les deux générations se distinguent le plus. Boomers et X ont en effet des valeurs différentes à l’égard du travail. Les boomers acceptent des augmentations de tâche et consentent à travailler de longues heures, ce à quoi les X sont plutôt réfractaires. Des différences ressortent également quand vient le temps de fonder une famille. Les femmes de la génération X ont leurs enfants plus tard que les boomeuses, mais le nombre d’enfants est le même chez les deux générations, soit 1,6 par femme. La question de l’avortement représente par ailleurs une des principales différences intergénérationnelles; plus on est jeune, plus on y recourt. Chez les vieilles boomeuses, on comptait 6 avortements pour 1000 femmes lorsque celles-ci étaient âgées de 20 à 25 ans; le taux atteint 30 ‰ chez les X et 35 ‰ chez les Y. Chez les femmes de moins de 20 ans, la proportion d’avortements a doublé entre 1980 et 1998. «Considérant que l’accès à la contraception est très facile, on doit conclure qu’il y a un relâchement de ce côté chez les jeunes», souligne Jacques Légaré. Finalement, la façon de vivre le couple est radicalement différente entre boomers et X. Entre 30 et 35 ans, moins de 10% des vieux boomers vivaient en union libre, un taux qui atteint 35% chez les X. Daniel Baril |
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