Volume 41 - numÉro 3 - 11 septembre 2006
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Christine Theoret lève le voile sur la cicatrisation pathologique chez le chevalLa guérison des plaies est souvent problématique chez le cheval
Professeure à la Faculté de médecine vétérinaire, Christine Theoret a réussi un coup de maitre en 2005 lorsqu’elle a découvert certains des gènes en jeu dans la guérison des plaies du cheval. C’était la première fois qu’on parvenait à élucider quelques-uns des mécanismes sous-jacents à la cicatrisation pathologique chez ce mammifère. «La guérison cutanée est souvent problématique chez le cheval, explique la chercheuse. Moins de 25% des plaies traumatiques situées sur les jambes réussissent à cicatriser normalement. Une fibroplasie exagérée entraine le développement de lésions qui peuvent mener au retrait de la compétition des chevaux de course ou à leur euthanasie.» Ces résultats, obtenus grâce aux travaux d’une de ses étudiantes à la maitrise, lui ont également permis de valider une nouvelle technique d’analyse génique pour le modèle équin. En effet, Josiane Lefebvre-Lavoie, aujourd’hui assistante de recherche à la Faculté de médecine vétérinaire, a utilisé la technique d’hybridation soustractive suppressive pour détecter les gènes qui agissent dans le processus de guérison cutanée. Depuis, les séquences complètes de 12 gènes cibles ont été clonées, caractérisées et déposées dans la Gen Bank à la disposition des chercheurs du monde entier.
«Je dois rendre hommage à mon collègue Jacques Lussier, qui a mis au point cette technique, sans laquelle il aurait été difficile de démontrer les mécanismes moléculaires régissant la cicatrisation cutanée chez le cheval», signale Mme Theoret, qui dirige les travaux de plusieurs étudiants des 2e et 3e cycles avec le professeur Lussier. Depuis la publication des résultats de recherche de Josiane Lefebvre-Lavoie dans le Journal of Physiological Genomics en 2005, d’autres étudiants des professeurs Theoret et Lussier comparent l’expression des gènes cibles dans les plaies qui guérissent normalement avec les plaies qui entrainent une fibroplasie excessive. Une approche novatriceVéritable vedette dans le laboratoire de recherche de Christine Theoret, la fibroplasie excessive, qui cause chez le cheval des lésions comparables aux chéloïdes de l’être humain, se caractérise par une accumulation de tissu conjonctif. «Cette cicatrisation pathologique provoque la destruction de la structure normale de l’organe et la perte de ses fonctions», indique la professeure. Chez l’humain, de nombreuses affections en résultent, dont la fibrose pulmonaire, la cirrhose hépatique et la glomérulonéphrite.» Mais si plusieurs chercheurs du domaine de la santé humaine s’attaquent aux mystères de la fibrose tissulaire, rares sont les vétérinaires qui s’intéressent au phénomène. «Et encore moins ceux qui appliquent la technique d’hybridation soustractive suppressive», fait valoir Christine Theoret, la première chercheuse à se pencher sur les mécanismes moléculaires de la cicatrisation cutanée normale et pathologique chez le cheval. «C’est une approche novatrice puisqu’elle est fondamentale plutôt que clinique, à l’inverse des quelques études existantes sur le sujet en médecine vétérinaire», dit-elle. En cela, le laboratoire de la professeure détient une longueur d’avance.
Apprentissage de nouvelles techniquesIl reste beaucoup à découvrir à propos de cette maladie équine, admet la chercheuse, dont le plus grand plaisir de recherche relève des échanges avec les collaborateurs et les étudiants. Mais la lauréate de plusieurs prix d’enseignement n’a pas l’intention de s’arrêter en route. Profitant d’un congé sabbatique, elle travaille présentement au Laboratoire des substituts cutanés de l’hôpital Édouard-Herriot, de Lyon, pour apprendre et maitriser de nouvelles techniques relatives au génie tissulaire, ainsi qu’à l’École nationale vétérinaire de Lyon, où elle mène quelques projets de recherche clinique. Les travaux que dirige la professeure Theoret à la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe sont soutenus entre autres par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et par la Fondation canadienne pour l’innovation. Dominique Nancy
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