Gestion de la santé : l’Université soutient Haïti

L’Unité de santé internationale participe à un projet de formation en santé

Port-au-Prince est une capitale pleine de vie, mais aux prises avec plusieurs problèmes de santé publique.

Chaque fois qu’il se rend en Haïti, Lucien Albert est ébranlé par les problèmes de pauvreté et de sous-alimentation de la population ainsi que par la progression des maladies infectieuses qui font de ce pays l’un des plus touchés par la misère humaine.

Explication du phénomène: «Au premier chef, commente le directeur de l’Unité de santé internationale de l’UdeM, figure la grande difficulté qu’éprouvent les institutions à faire respecter l’État de droit. Les initiatives de développement sont de la sorte particulièrement difficiles à réaliser.»

Le désastre causé par le passage de l’ouragan Jeanne en 2004 ne serait ainsi qu’une goutte d’eau dans une mer d’obstacles, selon l’expert. «Les capacités du système de santé haïtien sont principalement handicapées par le manque de ressources humaines, motivées et qualifiées; l’inexistence de systèmes de gestion adaptés et standardisés; la présence d’embuches majeures liées à la coordination et à la gouvernance; et la faible adaptation des actions sanitaires aux problématiques de santé et aux besoins des communautés», affirme-t-il.

C’est pour tenter de contrer ces problèmes que l’Agence canadienne de développement international (ACDI) a injecté 15 M$ dans le Projet d’appui au renforcement des capacités en gestion de la santé en Haïti (PARC).

«C’est un des plus importants projets qui est mené en Haïti par l’Université, a confié Lucien Albert à Forum, qui l’a rencontré à la veille de son départ pour Madagascar dans ses bureaux de la rue Saint-Urbain. Il constituera peut-être une autre lueur d’espoir pour les Haïtiens aux prises avec des catastrophes humanitaires.»

Améliorer les conditions de santé publique

Lucien Albert

Cette collaboration entre l’Université de Montréal et l’Université d’État d’Haïti fait suite à un autre projet qui a vu le jour grâce au soutien financier de l’ACDI: l’implantation d’un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en management et gestion des services de santé, destiné aux gestionnaires haïtiens. Créé en 2001 par l’Unité de santé internationale (USI) en partenariat avec le ministère de la Santé publique et de la Population et l’Université d’État d’Haïti, ce programme de formation connait actuellement un vif succès. Mais le directeur de l’USI insiste sur l’apport du Département d’administration de la santé de l’UdeM, et surtout sur celui du professeur François Champagne et de la coordonnatrice Karina Dubois-Nguyen.

«Une évaluation récente du programme a fait ressortir qu’il peut représenter un levier majeur de changement durable en Haïti dans le domaine de la santé, souligne Lucien Albert. La formation doit toutefois se poursuivre avec des activités de renforcement des établissements de formation et avec un soutien direct aux cadres formés pour qu’ils puissent mettre à contribution leurs connaissances. L’appui au ministère de la Santé publique et de la Population doit également être consolidé si cet organisme veut jouer son rôle de régulateur des formations et de la gestion du personnel.» Le PARC s’inscrit dans cette volonté.

En cours depuis quelques semaines déjà, ce projet d’aide vise à raffermir les compétences et les capacités d’intervention dans le but de contribuer à la consolidation de la gouvernance des établissements du système de santé en Haïti. D’une durée de cinq ans, il appuiera les efforts du ministère et de l’Université d’État dans l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et de stratégies en matière de développement des ressources humaines dans le secteur sanitaire. Il veillera également à la bonification des systèmes de formation en gestion de la santé ainsi qu’à la production de connaissances et à l’amélioration continue des systèmes de formation dans le domaine.

Dominique Nancy