Volume 41 - numÉro 6 - 2 octobre 2006
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Vétérinaires sans frontièresSix étudiants de la Faculté de médecine vétérinaire vont voir comment se pratique leur métier en Inde et au Pérou
«C’est une expérience formidable que nous conseillons à tous, quel que soit le domaine d’études», affirmaient à l’unisson et sans réserve un groupe d’étudiants de la Faculté de médecine vétérinaire de retour de stages effectués l’été dernier en Inde et au Pérou. Ces stages volontaires et non crédités sont en fait un défi, le Défi Vet-Monde, relevé depuis 13 ans par des étudiants de deuxième année de la Faculté. En mai dernier et pour une durée de trois mois et demi, Valérie Lalonde, Geneviève Marceau et Jacinthe Messier partaient pour le Pérou, alors que Jean-François Cléroux, Agathe Bédard et Audrey Amoroso s’embarquaient pour l’Inde et le Sri Lanka. «L’idée du Défi Vet-Monde est d’aller voir comment notre métier se pratique ailleurs dans le monde et d’apporter notre aide à d’autres personnes», précise Geneviève Marceau. Les étudiants intéressés par l’aventure doivent présenter des projets à un comité d’évaluation composé de professeurs et organiser eux-mêmes leur voyage. En 13 ans, tous les continents ont été visités. «C’est une occasion unique d’étudier des animaux exotiques que nous n’avons pas la chance de traiter ici. C’est un plus pour notre formation», ajoute Agathe Bédard. «Ces stages nous aident à comprendre des façons de penser différentes des nôtres et nous apprenons à nous connaitre davantage», estime pour sa part Audrey Amoroso. Dormir près des caïmansDes animaux exotiques, les étudiants en ont vu, soigné et même mangé. Après un séjour à la faculté de médecine vétérinaire de l’Université Cayetano Heredia à Lima, où l’on élabore un vaccin contre un parasite de l’alpaga, l’équipe du Pérou s’est rendue sur les hauts plateaux, à 4300 m d’altitude, pour procéder à la vaccination d’un troupeau d’élevage. Au Pérou, l’alpaga est élevé non seulement pour la laine, mais aussi pour la viande. «C’est une viande très maigre qui se compare au chevreuil», indique Geneviève Marceau, qui n’a pas hésité à y gouter. Les trois aventurières ont par contre eu moins de cran face à cet autre animal d’élevage qu’est le cochon d’Inde. Ce petit rongeur qui, chez nous, est un animal de compagnie est élevé au Pérou pour la consommation humaine. On le fait cuire à la broche et on le sert entier dans l’assiette, avec la tête! Les vétérinaires en herbe se sont également rendues à Iquitos, en pleine jungle amazonienne. Dans un refuge pour animaux, elles ont aidé à planter des arbres fruitiers destinés à nourrir les singes. «Nous dormions dans une hutte du refuge, pas très loin des caïmans!» lance Geneviève Marceau. De fermes d’élevage en facultés universitaires, de refuges en cliniques, les trois étudiantes sont passées par Lima, où elles ont participé à une opération de stérilisation et de vaccination de chiens errants, avant de gagner la côte pour procéder au décompte des restes de mammifères marins échoués: lions de mer, dauphins et baleines. «Les pêcheurs tuent ces animaux parce qu’ils croient qu’ils nuisent aux bancs de poissons», déplore Valérie Lalonde. Un tel stage n’interdit pas le tourisme et un séjour au Pérou ne peut se faire sans visiter la cité de Machu Picchu ni sans aller observer les mystérieuses lignes de Nazca, des endroits que les apprenties vétérinaires n’oublieront pas. Même si plusieurs éleveurs ont trouvé bizarre que des filles viennent toucher à leurs animaux, le seul motif de plainte aura été la chaleur, parfois suffocante. Nécropsies d’éléphantsTout s’est également très bien déroulé pour le groupe qui s’est rendu en Inde, malgré un attentat à Bombay pendant que les étudiants étaient à l’autre bout du pays et l’agitation au Sri Lanka, qui a failli conduire à l’annulation du voyage dans ce pays. Encore plus que l’Amérique latine, l’Inde est un monde d’hommes et se retrouver dans un tel univers a été une expérience troublante pour Agathe Bédard et Audrey Amoroso. Ce périple aurait sans doute été impossible sans la présence de leur compagnon d’études Jean-François Cléroux, croient-elles. «Partout, c’est avec Jean-François que les gens établissaient les rapports, signale Agathe Bédard. C’est à lui qu’on posait les questions et que l’on confiait les tâches.» Cela n’a pas empêché les étudiantes d’atteindre les objectifs de leur stage et de faire le tour du pays: vaccination des ânes contre le tétanos dans le parc national de Mukurthi; observation de la pratique de la médecine sportive dans un club équestre de Bangalore; étude du traitement des maladies des taureaux de somme à Sangli; aide bénévole dans une SPCA pour vaches, chevaux et primates; campagne d’éradication des tiques sur les chiens errants à Delhi; visite d’un parc de reptiles à Madras; nécropsies d’éléphants au Sri Lanka. Figuraient aussi au programme la découverte du Taj Mahal, de Pondichéry, d’anciennes forteresses et la visite d’universités. Pour ce groupe aussi, la chaleur a été un obstacle majeur, sans parler de la pauvreté et de la misère. «À Bombay, des victimes de polio, des amputés et des familles complètes vivent dans la rue et dorment sur les trottoirs», dit Audrey Amorosa. Autre pays, autres mœurs. Que se soit au Pérou ou en Inde, les deux groupes d’étudiants seraient néanmoins prêts à aller exercer leur profession dans le pays qui les reçus, du moins temporairement. Daniel Baril
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