Volume 41 - numÉro 6 - 2 octobre 2006
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saviez-vous que...... la Bibliothèque centrale de l’Université de Montréal contenait des livres à l’index?
On se questionnait aussi sur l’attitude que devait adopter «un bibliothécaire catholique attaché à une bibliothèque officiellement catholique face aux livres à l’index». Pouvait-il les prêter à ceux qui en faisaient la demande sans mettre son âme en péril? Si ces considérations font aujourd’hui sourire, elles étaient prises très au sérieux en 1950. Voici, en résumé, les principes qui devaient guider le bibliothécaire: en prêtant un livre à l’index, «le bibliothécaire […] ne coopère pas à un acte mauvais». Il doit cependant veiller à ce que le lecteur ait obtenu l’autorisation requise pour lire le livre en question. Sinon, il transgresse les lois de l’Église et de la morale chrétienne qui, selon les avis du temps, correspondaient, à la «morale naturelle». La Commission des études avait même été saisie du problème à sa réunion du 1er février 1950, à la suite de l’acquisition d’un grand nombre de livres «qui décrivent des anomalies sexuelles, des cas de dépravation et de perversion». Comment s’assurer que ces livres ne tombent pas entre les mains de personnes «qui n’ont pas la maturité d’esprit ni la préparation voulues pour les comprendre, ou, ce qui est pis, qui pourraient s’en servir dans un esprit non scientifique»? Les membres de la Commission ont donc statué, sur recommandation du bibliothécaire, que les livres traitant de cas psychologiques anormaux ne devaient être prêtés qu’aux étudiants de l’École d’hygiène des trois dernières années de médecine et à ceux de l’Institut de psychologie. Les étudiants des autres facultés auraient besoin d’une autorisation de leurs professeurs pour les consulter. Les étudiants devaient aussi être avertis de ne pas prêter ces livres à d’autres, de ne pas en faire un objet de scandale, de ne pas les mutiler sous prétexte d’épuration ou autre; enfin, ces livres devaient être conservés sous clé et des sections de la bibliothèque aménagées pour leur lecture. Ce sont ces sections qui sont connues sous le nom d’«enfer»… À la fin de la réunion, on a enjoint «messieurs les professeurs […] d’aviser le bibliothécaire des ouvrages qui peuvent contenir une doctrine dangereuse». Sources: Division des archives, Université de Montréal. Fonds de la Commission des études (A0033). Division des archives, Université de Montréal. Fonds du Secrétariat général (D0035). Division des archives, Université de Montréal. Fonds Gabrielle Clerk (P0331).
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