Volume 41 - numÉro 9 - 30 octobre 2006
|
|
||||
Kyoto: les engagements du Canada étaient irréalistesLes changements climatiques risquent d’affecter la santé humaine, explique le biologiste Claude Villeneuve
Sans vouloir donner des munitions au gouvernement Harper, qui reporte aux calendes grecques la réduction des gaz à effet de serre (GES), le biologiste Claude Villeneuve a reconnu que les engagements du Canada pris dans le cadre des accords de Kyoto étaient irréalistes.
«Les objectifs fixés étaient impossibles à atteindre avec le plan du gouvernement Chrétien; les choses seront encore pires s’il n’y a pas de plan, a-t-il déclaré. Le Canada s’est tiré dans le pied et la solution n’est pas pour demain.»
Objectif: embêter le suivant «Le Canada avait procédé à une analyse sommaire de la situation en s’alignant sur les objectifs des États-Unis et en misant sur le fait que les accords de Kyoto ne seraient pas ratifiés, a affirmé le professeur en entrevue. Le gouvernement Chrétien cherchait à embêter Paul Martin; c’est aussi bête et méchant que ça!»
Entretemps, les États-Unis se sont retirés des accords et le Canada fait du surplace. Selon Claude Villeneuve, le protocole de Kyoto est devenu un nouveau jeu international permettant d’intégrer le cout des GES à l’économie mondiale. Les suites de Kyoto ne lui semblent pas plus prometteuses. La seule retombée de la conférence de Montréal est la tenue de quatre autres conférences mais où aucun engagement n’est prévu. Quoi qu’il arrive, il est trop tard pour empêcher le réchauffement climatique et il faut donc se préparer à vivre avec ses conséquences. Dans le meilleur des scénarios, l’impact des GES se fera sentir pendant les 100 prochaines années.
Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire. Bien au contraire, l’écologiste cherche plutôt à sonner l’alarme pour que tous prennent conscience de l’urgence d’adopter des mesures de développement durable et une gestion responsable des ressources. Ceci est l’affaire à la fois des gouvernements, des municipalités, des industries et des individus. «Nous devons modifier nos comportements de consommation et nos modes de production», insiste-t-il.
Effets sur la santé Les évènements climatiques extrêmes, qui s’aggravent plus rapidement que prévu, ont en effet des incidences directes sur la vie humaine; la canicule qui a fait des milliers de morts en France à l’été 2003 et le nombre record d’ouragans en 2005 n’en sont que les deux exemples les plus frappants. La pollution de l’air est quant à elle un facteur de maladie respiratoire comme l’asthme, sans parler des cancers. Les inondations contaminent les sources d’eau potable, entrainant diverses maladies comme le choléra, les infections à E. coli, le paludisme ou l’encéphalite virale. À l’autre extrémité du spectre, les sècheresses nuiront aux récoltes, ce qui risque de causer des famines. Ces bouleversements s’accompagnent de migrations forcées qui vont de pair avec l’apparition de la diarrhée, la malnutrition, le surpeuplement et les conflits sociaux.
Selon Claude Villeneuve, ces dangers guettent surtout les populations des zones côtières, des zones semi-arides et des zones urbaines défavorisées. Les groupes les plus à risque sont les enfants, les personnes âgées et les personnes atteintes de troubles respiratoires. Sa plus grande inquiétude demeure toutefois l’inertie d’un système économique fondé sur la combustion fossile et qui refuse de changer. Son espoir: la capacité d’adaptation de l’être humain, qui saura modifier sa façon de penser. «Un problème engendré par l’humanité ne peut être résolu que par l’humanité», conclut-il en citant Pierre Dansereau. Daniel Baril |
Ce site a été optimisé pour les fureteurs Microsoft Internet Explorer, version 6.0 et ultérieures, et Netscape, version 6.0 et ultérieures.