Volume 41 - numÉro 9 - 30 octobre 2006
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capsule sciencesLes étudiants ont-ils tendance à surconsommer?Les étudiants ont-ils tendance à surconsommer? «Oui, affirme Jacques Nantel, mais le phénomène ne se limite pas qu’aux jeunes. Ce qui est frappant chez les moins de 34 ans, c’est l’augmentation marquée de leur taux d’endettement. Il y a 20 ans, ce taux s’élevait chez les 18-25 ans à 20 % de leurs avoirs et à 30 % chez les 25-34 ans. Actuellement, les chiffres sont respectivement de 37 % et de 45 % chez les mêmes tranches d’âge.» Autrement dit, plus du tiers de ce que possèdent les 18-25 ans est déjà grevé de dettes alors que ce groupe compte peu de propriétaires. Professeur depuis 25 ans à HEC Montréal et titulaire de la Chaire de commerce électronique RBC Groupe financier, M. Nantel est un spécialiste de la psychologie de la consommation. À son avis, ce ne sont pas tant les aspirations matérielles très élevées des étudiants qui posent problème, mais le fait qu’ils n’arrivent pas à avoir d’actif net. «L’actif net, c’est ce que vous possédez comme biens durables moins ce que vous devez», explique le professeur, qui montre plutôt du doigt la capacité des jeunes d’hui à épargner. Chiffres à l’appui, il précise que leur taux d’épargne est actuellement très bas. «On est passé de 5 % de leurs revenus annuels en 1980 à 0,3 % en 2005!» Bien sûr, leurs besoins ont évolué, admet M. Nantel. «Ce qui était considéré comme secondaire il y a 10 ans est maintenant devenu quasi indispensable, dit-il en donnant l’exemple du câble, du cellulaire et d’Internet haute vitesse. Mais les habiletés en gestion des étudiants seraient aussi trop souvent déficientes, selon lui. «La notion de budget n’existe à peu près pas dans cette tranche d’âge, souligne le professeur Nantel. Ces jeunes fonctionnent sur une base de gestion par flux monétaire. C’est pernicieux, car, dans une perspective comme celle-là, on ne privilégie pas forcément une planification à long terme. On est par ailleurs plus vulnérable quant au crédit à la consommation, ce qui crée une illusion de richesse.» Pour le professeur Nantel, nous ne sommes plus à l’ère du citoyen-travailleur, mais à celle du citoyen-consommateur. «Les individus n’ont malheureusement de valeur que s’ils dépensent, indique-t-il. On nous pousse donc de façon éhontée à la consommation et à l’endettement. Dans les jours qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001, l’administration Bush n’a d’ailleurs pas hésité à demander aux Américains de montrer leur patriotisme en… achetant davantage!» Cette tendance à la surconsommation, qui fait l’objet du chapitre d’un ouvrage sur lequel travaille actuellement le professeur Nantel, le préoccupe au plus haut point. «On fait porter le poids de la croissance économique sur les ménages, constate M. Nantel. Normalement, il s’agit d’un impératif très présent lorsqu’on a une société caractérisée par une croissance démographique. Mais ce n’est pas le cas chez nous. Or, la dette des ménages au Canada n’a jamais été aussi lourde. Ça ne pourra pas continuer ainsi encore longtemps.» Dominique Nancy |
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