Volume 41 - numÉro 10 - 6 NOVEMBRE 2006
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parlons des personnes...Stéphane Lavigne est l’unique briqueteur du campus
Un travail bien fait, pour Stéphane Lavigne, c’est quand plus rien ne parait après son passage. «J’aime laisser derrière moi un espace où l’on dirait qu’il ne s’est absolument rien passé», dit le seul maçon-briqueteur de l’Université de Montréal. Employé de la Direction des immeubles depuis 1994, c’est lui qu’on appelle pour réparer les plaques de céramique, couler la base de ciment d’une chaufferie, installer une table de granit où sera fixée une balance de haute précision. Et, évidemment, réparer les murs en brique. Construit à partir des années 30, le pavillon Roger-Gaudry, anciennement Pavillon principal, est recouvert de briques d’argile de couleur jaune qui subissent les outrages du temps. «C’est comme pour les routes du Québec, il faut surveiller les affaissements», fait remarquer le maçon de 40 ans. Lorsqu’on doit effectuer de grosses rénovations, il faut généralement engager des équipes complètes parce qu’un homme seul n’y arriverait pas. Mais c’est lui qui est le premier à signaler les besoins. «Je dois constamment procéder à des inspections visuelles des murs extérieurs, explique-t-il. S’il y a des urgences, je dois les rapporter de façon à éviter les accidents.» Si l’on parle beaucoup des immeubles neufs par les temps qui courent, Stéphane Lavigne, lui, s’occupe davantage des bâtiments d’hier. Or, les budgets sont parfois plus difficiles à obtenir pour l’entretien que pour la construction. «Un autre problème se pose, poursuit-il. Certains matériaux choisis pour les pavillons originaux sont plus ardus à trouver 20 ou 30 ans plus tard. Les tuiles ont changé de format, voire de couleur. Il existe aussi un problème de cout: changer des pièces en granit, par exemple, engendre plus de dépenses que remplacer des briques.» Comment devient-on briqueteur? À la suite d’une formation à l’école secondaire, au secteur professionnel, suivie d’un apprentissage sur les chantiers. Au total, 6000 heures de travail en compagnie d’un maçon professionnel sont nécessaires avant de pouvoir obtenir sa carte de qualification. Il faut, de plus, passer un examen. Comme le signalait récemment un professeur de l’École de relations industrielles, Jean Charest (voir «Les entreprises doivent se mêler de formation professionnelle», Forum, 18 septembre 2006), une crise de la formation professionnelle perdure en Occident, et ce phénomène se constate à l’UdeM. «De façon générale, les gens de métier sont très recherchés, fait observer Stéphane Lavigne, qui n’a de son côté jamais manqué de travail. Par exemple, à l’Université, nous manquons actuellement de plombiers.» C’est à sa sœur, Guylaine Lavigne, technicienne en coordination de travail de bureau à la Faculté de l’éducation permanente, qu’il doit son poste à la Direction des immeubles. «Elle a eu vent d’un poste à pourvoir et m’en a fait part. J’ai posé ma candidature et j’ai été sélectionné.» Il avait toujours travaillé dans le secteur privé et ce fut sa première visite sur le campus. Dès son premier jour, il a eu beaucoup de pain sur la planche. «Dans la construction, on gagne un salaire supérieur, mais il y a des avantages à travailler dans une organisation comme celle-ci. L’horaire d’été, quand on a des enfants, on l’apprécie grandement», indique-t-il. Stéphane Lavigne est aussi engagé auprès de diverses instances universitaires. Il est depuis six ans, notamment, secrétaire-trésorier du Syndicat des employés d’entretien, section locale 1186. Il siège en outre à l’Assemblée universitaire à titre de représentant du personnel. «C’est important de s’impliquer», souligne-t-il. Côté loisirs, Stéphane Lavigne est un chasseur de gros gibier. L’automne est donc, pour lui, une saison très active. En 14 ans, il a abattu sept orignaux et il ne compte même plus ses chevreuils. Il pratique la chasse traditionnelle, mais aussi d’autres types de chasse, au mousquet par exemple. «On n’a droit qu’à un seul coup de feu.» Cette année, il a initié ses enfants, Vincent, 14 ans, et Marie-Pierre, 12 ans, à la chasse à l’arbalète. Mathieu-Robert Sauvé |
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