Volume 41 - numÉro 11 - 13 NOVEMBRE 2006
|
|
||||
La collection Baby sera classée bien historiqueAvec plus de 23 000 pièces, cette collection consacrée à l’histoire du Canada est l’une des plus importantes au pays
La collection Baby sera bientôt officiellement classée bien historique en vertu de la Loi sur les biens culturels. Le ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Jean-Marc Fournier, est venu en faire l’annonce le 2 novembre à l’UdeM, au nom de sa collègue Line Beauchamp, ministre de la Culture et des Communications. Au fil des ans, il a amassé plus de 20 000 documents d’archives couvrant tous les aspects de l’histoire du Canada de 1601 à 1905. À cela s’ajoutent quelque 3400 livres rares, estampes, gravures dont certains sont aussi anciens que 1479. La collection comprend des incunables, le premier livre imprimé au Canada (Catéchisme du diocèse de Sens, 1765), des manuscrits signés de la main du cardinal de Richelieu ou de Louis XIV, la correspondance de Louis-Joseph Papineau ou encore un journal relatant le siège de Québec.
Un joyau de l’UdeM Le classement com -me bien historique est le statut le plus important qui peut être conféré à un bien culturel et c’est exceptionnellement qu’il est accordé à une collection d’archives et de livres rares. Cette marque qui reconnait sa valeur historique donne aussi à la collection un statut juridique, une visibilité accrue et une protection mieux assurée. «C’est l’un des joyaux de l’Université de Montréal», a affirmé pour sa part la provost Maryse Rinfret-Raynor. Selon Geneviève Bazin, chef du Service des livres rares et des collections spéciales de la Direction des bibliothèques, «on vient de partout dans le monde pour consulter ces documents afin de mieux connaitre notre passé». L’intérêt de la collection ne se limite pas à l’histoire; elle constitue une source incomparable d’information pour la linguistique, la sociologie, la politique et la littérature. Pour l’arrière-petit-neveu du collectionneur, Antoine Baby, qui représentait la famille à l’annonce du classement, «la constitution d’une telle collection, en plus des tâches de député et de juge, tient de l’exploit». Sociologue et professeur émérite de l’Université Laval, M. Baby n’a pas manqué de souligner à grands traits, mais à la blague, que la collection avait en fait été léguée à «l’Université Laval à Montréal»!
Mais le légataire ne s’y est pas trompé. C’est vraiment à la filiale montréalaise qu’il a confié sa collection puisqu’il a lui- même été un artisan de l’autonomie de ce qui allait devenir l’Université de Montréal, se rendant jusqu’au Vatican pour défendre cette cause.
Ministre et ultramontain y apprend par exemple que c’est à la demande de Georges-Étienne Cartier que Georges Baby fait son entrée en politique. Il se fera élire une première fois sous le gouverne- ment conservateur de John A. Macdonald en 1872 et sera nommé ministre du Revenu de l’Intérieur en 1878. Sa vision du Canada est celle d’un pays bilingue où deux peuples fondateurs cohabitent en paix. Comme député, il demande l’amnistie pour les Métis de la rivière Rouge, défend les droits des francophones et soutient l’autonomie des provinces. Il s’opposera à la création de la Cour suprême, craignant que le droit civil québécois soit mal interprété. À la vitrine du «bon Canadien français catholique», on découvre que cette désignation est en fait un euphémisme pour dire «ultramontain». Georges Baby est en effet du groupe d’ultramontains qui va livrer la guerre aux libéraux de l’Institut canadien parce que ceux-ci refusent que leur institut soit subordonné à l’Église; ils seront d’ailleurs excommuniés par Mgr Bourget. Finalement, c’est à Georges Baby qu’on doit la sauvegarde du château Ramsay, menacé de démolition. En tant que président de la Société d’archéologie et de numismatique, il collectionne aussi la monnaie, les médailles, les timbres et les artéfacts amérindiens, et il ouvre un musée dans cet établissement qui sera le premier pavillon de la Faculté de médecine de l’Université Laval à Montréal. Une conférence présentant le contenu de la collection Baby aura lieu le 15 novembre aux Belles Soirées et sera suivie d’une visite guidée de l’exposition. En outre, un site consacré au centenaire de la collection est accessible depuis la page de la Direction des bibliothèques (www.bib.umontreal.ca/centenaire-baby) et une exposition virtuelle sera bientôt en ligne. Daniel Baril |
Ce site a été optimisé pour les fureteurs Microsoft Internet Explorer, version 6.0 et ultérieures, et Netscape, version 6.0 et ultérieures.