Volume 41 - numÉro 13 - 27 NOVEMBRE 2006
|
|
||
Parlons des personnesNicolas Sarrasin, commis et...écrivain
Quand Nicolas Sarrasin ne sert pas les étudiants et les professeurs de la bibliothèque de l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (EBSI), au pavillon Lionel-Groulx, il écrit des livres. Deux ouvrages viennent de sortir aux Éditions de l’Homme: Qui suis-je ?, un essai de psychologie cognitive sur l’identité, et Le petit guide de l’Internet (avec la collaboration de Dany Dumont). Ces volumes, totalisant près de 550 pages, suivent sa précédente parution, Petit traité antidéprime (même éditeur, 2005, 364 pages) et d’autres titres de nature plus universitaire (Albert Camus: un apostolat sanglant, Humanitas, 2002, et Archéologie de la médecine au Québec, L’Harmattan, 2001). Ouf! «Je l’avoue, je suis un peu hyperactif», confie celui qui rêve d’écrire depuis l’âge de 15 ans et qui a toujours entretenu «une vision romantique de l’écrivain». Qu’est-ce qui le fait courir? «L’amour de la pensée et le plaisir de construire un texte bien documenté, à la fois intéressant et informatif», explique ce commis «permanent à temps partiel» qui assure le service au comptoir de la bibliothèque deux soirs par semaine et les fins de semaine. Dans Qui suis-je ?, Nicolas Sarrasin présente la synthèse des connaissances en matière de construction de la personnalité. Sans s’imposer comme un expert de la question, il cherche à transmettre au grand public des éléments de sciences cognitives. «Je suis un boulimique des livres de Daniel Schacter, John Anderson et Howard Garner, des gens qui ont fait des recherches empiriques de psychologie cognitive. Il me semble que ce qu’ils ont réussi à démontrer mérite d’être mieux connu de la population.» Carl Fournier, médecin à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont et professeur à la Faculté de médecine, écrit dans la préface de ce livre qu’il s’agit bien plus que d’un traité de vulgarisation scientifique. «Cet ouvrage nous permet de mieux saisir qui nous sommes et pourquoi nous réagissons d’une certaine façon. Pouvons-nous changer? Au fil des chapitres de ce livre, Nicolas Sarrasin nous amène à découvrir notre identité et ses multiples composantes.» Qui suis-je ? est en fait le second tome d’une somme que l’auteur a consacrée à son sujet (la première partie étant le Petit traité antidéprime). À la demande de son éditeur, Nicolas Sarrasin a dû se résoudre à une réécriture «grand public» de son essai, sous la gouverne de la réviseure Céline Sinclair. «Le travail de vulgarisateur est fort intéressant, souligne-t-il. Nous accomplissons un travail utile que les spécialistes n’ont pas toujours le temps de faire.» Présentés dans un format facile d’accès, ses deux livres sont classés dans la catégorie «psychologie populaire». Il en est conscient. Au dernier Salon du livre de Montréal, il signait des exemplaires à quelques pas de l’auteure d’un ouvrage sur l’astrologie. «Il y a de tout dans cette catégorie de volumes, note-t-il en riant. Ma démarche s’appuie toutefois sur la méthode scientifique. Rien d’autre.» S’il n’est pas psychologue ou médecin, Nicolas Sarrasin a tout de même fait des études universitaires. Après une majeure en études françaises et un certificat en rédaction, il fait une maitrise en études françaises et rédige, sous la direction de Marie-Christine Lesage, un mémoire sur Albert Camus. «Cela peut surprendre, mais les études littéraires nous ouvrent à de multiples disciplines. On étudie les textes à la lumière de la narratologie et de la littérature, mais aussi de l’histoire, de la sociologie, de la psychologie... C’est à ce moment-là que j’ai découvert les sciences cognitives. J’ai eu envie d’en apprendre plus.» Il a été tenté par des études en psychologie, mais les cinq années nécessaires à l’obtention du diplôme l’ont découragé. Il s’est alors tourné vers la linguistique. Encore là, quelques cours lui ont suffi pour comprendre que ce n’était pas pour lui. D’ici deux ans, il compte s’inscrire au programme de doctorat en sémiologie et sciences cognitives de l’UQAM. Rien de moins. Le poste qu’il occupe à la bibliothèque de l’EBSI s’étend sur huit mois. Chaque année, il perd son emploi en mai pour le retrouver en septembre. De plus, il ne travaille que 22 heures par semaine. «J’applique les principes de la simplicité volontaire», mentionne-t-il, philosophe. Cela dit, son emploi lui a donné une bonne méthode de travail. Chacune de ses lectures s’accompagne d’une fiche détaillée qu’il retranscrit dans un document grâce à un lecteur optique. De plus, il s’est façonné des outils de recherche qui le maintiennent au courant de toute nouveauté dans son domaine d’intérêt. Il fait bénéficier les usagers de la bibliothèque de son système de veille en donnant des conférences et en les conseillant. C’est à partir de son expertise que lui est d’ailleurs venue l’idée du Petit guide de l’Internet, écrit avec un ami l’été dernier. «Ce guide est idéal pour ceux et celles qui ignorent par où commencer, dit le communiqué de promotion. Il vous apprendra comment trouver des images, des vidéos et une foule d’autres renseignements utiles. Il vous aidera même à dénicher les meilleures aubaines qui soient sur la toile! Que vous soyez journaliste, professeur, étudiant ou simplement curieux, ce livre vous propose un contenu pour tirer le meilleur parti d’Internet.» Bref, Nicolas Sarrasin a la «job idéale», selon lui. «J’ai une grande liberté d’action et je ne suis pas astreint à la course aux subventions...» Mathieu-Robert Sauvé |
Ce site a été optimisé pour les fureteurs Microsoft Internet Explorer, version 6.0 et ultérieures, et Netscape, version 6.0 et ultérieures.