Volume 41 - numÉro 15 - 11 DÉCEMBRE2006
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Aux ordures, citoyens!La classe d’Éric Montpetit dépose son rapport sur la propreté à Montréal
Le responsable des services aux citoyens au comité exécutif de la Ville de Montréal, Marcel Tremblay, soumettra au conseil municipal un projet de politique sur la propreté d’ici la fin du mandat du maire Gérald Tremblay. C’est ce qu’il a annoncé le 5 décembre, à l’hôtel de ville, au moment de recevoir le rapport d’un groupe de recherche signé par 54 étudiants de l’Université de Montréal et leur professeur, Éric Montpetit. «C’est au-delà de nos espérances», a confié à Forum M. Montpetit, qui a poursuivi en disant que son hôte n’avait pas été aussi explicite lorsque ce dernier avait rencontré les étudiants dans le cadre du cours Analyse de politiques publiques, au Département de science politique de la Faculté des arts et des sciences. Dans son rapport de 12 pages, le groupe de recherche y va de huit recommandations, dont la première consiste en l’adoption d’une «véritable politique de la propreté, à laquelle [la Ville] subordonnerait ses projets et ses programmes». En présentant les grandes lignes du rapport, le professeur Montpetit avait invité la Ville à se doter d’une politique en bonne et due forme. «La propreté ne peut pas être le problème ponctuel d’un mandat électoral. Elle demande un effort continu», avait-il observé. Durant l’enquête menée par les étudiants divisés en 10 équipes, il est devenu évident que la propreté était un dossier important mais relevant dans la majorité des cas d’un autre service... Au fil des 25 entrevues de fond réalisées avec des fonctionnaires, des administrateurs et des élus, ils ont constaté «un certain cloisonnement de l’équipe responsable de la propreté». Plusieurs indiquaient que «la propreté, ce n’est pas mon secteur». Organisations et services municipaux «profiteraient de la mobilisation» suscitée par l’instauration d’une véritable politique.
Appel au civisme Même s’il n’a pas mis à son ordre du jour le nouveau design de la poubelle, Marcel Tremblay s’est engagé à hausser la valeur des amendes encaissées par la Ville. «L’an dernier, le montant des contraventions s’élevait à 500 000 $, mais l’administration touché que 100 000 $ », a-t-il déploré. Où est allé l’argent perdu? Dans des contestations juridiques, principalement. Une politique plus ferme permettrait certainement de diminuer ces pertes.
Pour le frère de l’actuel maire, le fait que l’administration municipale a récemment renouvelé son budget de 10 M$ consacré à la propreté est un signe de bonne volonté. Mais tout ne saurait être une question d’argent. Très critique à l’endroit des citoyens négligents qui laissent des détritus dans leur sillage, «on veut que la société se civilise», a-t-il laissé tomber. Par ailleurs, il a mentionné que les 50 personnes chargées de patrouiller la ville pour faire régner la propreté ne sont pas suffisamment reconnaissables, selon lui. Elles devraient porter un uniforme de façon à pouvoir intervenir avec autorité auprès des citoyens. De plus, si les efforts ont été concentrés au centre-ville depuis un an, M. Tremblay a assuré que les ruelles et trottoirs d’arrondissements plus éloignés, comme Rosemont–La Petite-Patrie, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et Villeray–Saint-Michel–Parc- Extension, ne seront pas laissés-pour-compte dans l’avenir. «Je remercie les étudiants pour cette grande séance de remue-ménage», a déclaré M. Tremblay en commentant le rapport.
Une «expérience» Audrey Lacroix, également étudiante au baccalauréat bidisciplinaire, abonde dans ce sens. «Ce cours nous a fait travailler autrement. Nous n’avons pas souvent à effectuer des entrevues avec des fonctionnaires et des élus pour les besoins de nos cours. Ni la chance d’exercer une influence directe sur les politiques publiques.» Avec Charline Leduc-Marcoux, Catherine Caron et les autres membres de l’équipe no 7, elle a monté un dossier de presse comptant quelque 150 articles de journaux sur l’impact de la pollution visuelle, les graffitis et l’affichage dans les parcs municipaux. Le cours, soutient Catherine Caron, avait l’avantage de montrer des aspects très pratiques des politiques publiques, sans négliger pour autant les aspects théoriques. «Le professeur présentait le contenu théorique en première partie, puis nous avions des échanges sur l’évolution de notre étude par la suite. C’était fort intéressant de découvrir les travaux des autres équipes.»
La participation du Département de science politique a été soulignée par le professeur Montpetit. «C’est grâce aux projets d’initiatives pédagogiques que cette étude a pu voir le jour, remarque-t-il. Nous avions besoin d’un budget spécial pour encadrer les étudiants.» Éric Montpetit ne cache pas, de son côté, qu’il a mis en veilleuse ses projets de recherche pour faire aboutir cette activité originale. Mais il n’a aucun regret.
Mathieu-Robert Sauvé |
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