Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 15 - 11 DÉCEMBRE 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Parlons des personnes

Les techniciens en santé animale: indispensables en recherche

L’expérience de Caroline Bouchard est reconnue à l’étranger

Caroline Bouchard pratique ici une échographie sur un animal.

«Technicienne en santé animale recherchée pour laboratoire de cardiologie.» Une telle annonce peut surprendre, mais c’est le poste qu’occupe depuis 18 ans Caroline Bouchard au Centre de recherche de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal.

«On retrouve surtout les techniciens en santé animale dans les cliniques vétérinaires et les zoos, et c’est là où l’on s’attend à travailler lorsqu’on étudie dans ce domaine au cégep, affirme Caroline Bouchard. J’ai décroché cet emploi sans connaitre les débouchés en recherche en voyant par hasard une annonce sur le site de l’Association des techniciens en santé animale du Québec.»

Rattachée au programme de recherche des Drs Pierre Pagé et René Cardinal, professeurs respectivement au Département de chirurgie et au Département de pharmacologie de la Faculté de médecine, la technicienne se considère comme chanceuse d’occuper un poste lié à la recherche. Mais que fait une technicienne en santé animale dans un laboratoire de chirurgie cardiaque?

«Je vois à faire rouler le labo, résume-t-elle. Il faut gérer les commandes, recevoir les stagiaires, les former à l’utilisation du matériel de laboratoire et à la chirurgie de base, prendre part à l’élaboration des protocoles, parcourir la littérature sur un thème de recherche particulier, travailler avec d’autres spécialistes de l’Hôpital ou intervenir comme intermédiaire avec les chercheurs étrangers. Je participe en fait à toutes les étapes des protocoles et de la chirurgie, du début à la fin.»

Recherches fondamentales et cliniques
Les recherches auxquelles elle coopère en sont au stade de l’expérimentation animale ou ne peuvent être réalisées qu’à partir de modèles animaux. Elles relèvent surtout du domaine fondamental, mais certaines peuvent aussi comporter des applications cliniques.
Ces recherches portent, par exemple, sur l’apparition de l’insuffisance cardiaque, les mécanismes d’atténuation de la douleur angineuse, l’arythmie cardiaque, la mesure par échographie du volume de sang pompé par rapport à la contraction cardiaque ou encore l’implantation des stimulateurs cardiaques.

«Un procédé pour soulager les douleurs angineuses chez les êtres humains consiste à envoyer une faible stimulation électrique dans la moelle épinière; mais on ne connait pas le mécanisme de la réaction des neurones du cœur et un projet de recherche traite actuellement de cet aspect, souligne la technicienne. Un projet récent avait pour but d’évaluer l’effet de certaines chirurgies pratiquées sur la cloison entre l’oreillette et le ventricule pour corriger l’arythmie survenant après une chirurgie cardiaque. Ces recherches ont des retombées cliniques directes.»

Question d’éthique
Travailler sur des modèles animaux soulève des questions éthiques et Caroline Bouchard en est bien consciente.

«Je suis sensible à la situation et très soucieuse de réaliser les protocoles dans les meilleures conditions pour l’animal.»

Ces protocoles sont bien sûr soumis à un comité d’éthique pour évaluation et autorisation. L’ensemble des études menées au laboratoire est d’ailleurs sous la supervision du Conseil canadien de protection des animaux, qui vient inspecter les lieux et contrôler les travaux sur place tous les trois ans.

Expertise reconnue
À titre de technicienne de laboratoire, Caroline Bouchard met également son savoir-faire au service d’autres unités du Centre de recherche. «J’ai parfois à effectuer des analyses sur la teneur en adrénaline, en dopamine ou en caféine du sang, de l’urine ou de la salive prélevés sur des sujets qui ont consenti à participer à des études au Centre d’étude du sommeil et des rythmes biologiques du Centre de recherche. Dans ces cas, il m’arrive de collaborer à la mise au point des méthodes d’analyse.»

L’expérience de Caroline Bouchard est reconnue à l’étranger. Elle a notamment suivi des ateliers aux États-Unis où elle a pu présenter des techniques de chirurgie et elle a contribué par son expertise à établir des collaborations avec des chercheurs européens et américains. Du côté des subventions, la période d’abondance est terminée et les sommes allouées ne le sont parfois que pour trois ans, déplore la technicienne. Mais avec son expérience, elle sait que son avenir en recherche est viable

Daniel Baril

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