Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 15 - 11 DÉCEMBRE 2006
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capsule science

L’ordinateur peut-il être responsable de troubles de la vue?

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L’ordinateur peut-il être responsable de troubles de la vue? Non, semble dire Jocelyn Faubert, professeur à l’École d’optométrie. «Certes, l’ordinateur fatigue les yeux, mais il ne les abime pas.»

Selon ce psychophysicien dont le champ d'intérêt privilégié est l'étude de la perception visuelle et de la presbytie, on croit souvent, à tort, que l’ordinateur rend myope ou provoque des cataractes. «Aucun lien n’a pu être établi entre les affections oculaires et le travail à l’écran», indique-t-il.

Bien sûr, admet M. Faubert, une personne qui passe 12 heures devant son écran pourra avoir les yeux qui lui piquent et la sensation qu’ils sont secs… «Cela est dû à une insuffisance de sécrétions lacrymales.» Normalement, explique-t-il, la fréquence du clignement des yeux est de l’ordre de 12 à 20 par minute, ce qui permet la formation d’un nouveau film lacrymal avant la rupture du précédent. Mais, quand on travaille à l’ordinateur, cette fréquence diminue. «Le fait de fixer un point lumineux peut provoquer une sécheresse oculaire, surtout chez ceux qui portent des lentilles», affirme le chercheur.

À son avis, la fatigue associée au travail à l’écran est directement proportionnelle au temps passé devant sa console et à la qualité de la vision de l’utilisateur. Il semble en effet que de 20 à 30 % de la population souffre de légers défauts visuels non handicapants au quotidien, mais révélés par le travail à l’écran. La personne a alors l’impression que les images se dédoublent ou deviennent floues. «Cela ne correspond pas à une baisse de l’acuité visuelle, rassure Jocelyn Faubert, mais à ce qu’on nomme “fatigue visuelle”. Ce type de fatigue apparait plus fréquemment chez les gens atteints d’un trouble visuel non corrigé, principalement chez ceux qui font de l’astigmatisme ou de l’hypermétropie. Cette fatigue peut provoquer des maux de tête.» La technologie n’est pas responsable du problème, selon le chercheur. Si ces individus passaient autant de temps à lire un livre, ils manifesteraient probablement les mêmes symptômes.

Par contre, lorsque le temps de travail à l’écran est trop long, une fatigue générale peut également être ressentie du fait de l’immobilité liée à des problèmes posturaux. D’où l’importance d’aménager de façon ergonomique son poste de travail, souligne Aude Dufresne. «Travailler des heures en position assise peut entrainer une contracture des muscles de la nuque, des épaules et du dos, mentionne-t-elle. Pour réduire ce risque, il faut choisir un siège confortable et s’installer au fond du fauteuil, les genoux au même niveau que les hanches.»

Les troubles musculosquelettiques des membres supérieurs dont les poignets, les mains et les épaules sont aussi de plus en plus fréquents. Les portables semblent particulièrement jouer un rôle important dans l’apparition de ce type de problèmes, affirme Mme Dufresne.
Professeure au Département de communication et spécialiste de l’apprentissage assisté par ordinateur, Mme Dufresne mène des études dont le but est surtout d’évaluer et d’améliorer les communications informatisées afin de concevoir des interfaces plus intelligentes qui s’adaptent aux exigences des usagers. Ses travaux ont notamment démontré que la direction du regard et le nombre de fixations peuvent influer sur la perception de l’information. Par ailleurs, l’efficacité définie par le rythme de lecture et la capacité à intégrer les éléments d’information diminuent à mesure que la durée du travail à l’écran augmente.

Dominique Nancy

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