Volume 41 - numÉro 17 - 22 JANVIER 2007
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Les femmes psychopathes misent sur la séductionBien que Karla Homolka soit la plus célèbre criminelle des annales judiciaires canadiennes, on ne connait presque rien sur les caractéristiques de ce trouble chez les femmes
Les femmes psychopathes utilisent la séduction et les comportements de flirt pour arriver à leurs fins alors que les hommes psychopathes procèdent surtout par duperie. Hommes et femmes sont de grands manipulateurs. C’est l’un des éléments qui ressort d’une recherche qu’a menée auprès de 80 femmes incarcérées dans des prisons québécoises Elham Forouzan, chercheuse au centre de recherche de l’Institut Philippe-Pinel de Montréal et psychologue à l’hôpital Louis-H.-Lafontaine. Son étude, l’une des premières à être effectuée à partir d’un échantillon de femmes aux prises avec ce trouble de la personnalité, met au jour plusieurs différences entre les hommes et les femmes psychopathes. Égocentrique, ignorant le sens moral et dépourvu de tout sentiment de culpabilité, le psychopathe possède souvent un certain charme qui lui permet de tromper ses interlocuteurs. Karla Homolka, accusée du meurtre de deux jeunes femmes en 1993, est l’une des seules psychopathes à avoir fait l’objet d’études. «On dispose de très peu de recherches sur la psychopathie chez les femmes, affirme Elham Forouzan. Les rares études à s’être penchées sur ce sujet se sont basées sur l’idée, erronée, voulant que la conceptualisation, la symptomatologie clinique et l’évaluation de la psychopathie masculine puissent être généralisées et appliquées à la psychopathie féminine. Pourtant, plusieurs indices cliniques et empiriques amènent à douter de cette affirmation.» Forcément, cette remise en question soulève plusieurs problèmes, ajoute la psychologue de son bureau du Centre de psychiatrie légale de Montréal, où elle travaille également une vingtaine d’heures par semaine. «Une revue de la littérature sur les troubles de la personnalité en général nous apprend qu’il existe des différences entre les sexes en ce qui concerne la symptomatologie, l’expression et la définition même d’autres troubles corrélés à la psychopathie, notamment pour ce qui est des comportements violents, délinquants ou criminels, dit-elle. Mais, à ce jour, aucune étude rigoureuse n’avait fait ce constat pour la psychopathie.» C’est pour tenter de remédier à cette situation que la psychologue a entrepris une recherche qualitative sur les caractéristiques affectives, interpersonnelles et comportementales de la psychopathie féminine. Des résultats préliminaires, publiés en 2006 dans Behavioral Sciences and the Law Journal, indiquent que trois différences notables distinguent les hommes et les femmes psychopathes, notamment sur les plans de l’expression de certains traits, du degré du trouble et de la signification psychologique des comportements.
Comportements différenciés selon le sexe Finalement, certains indicateurs de la psychopathie auraient un sens différent pour les femmes et pour les hommes psychopathes. Ainsi, les comportements de promiscuité sexuelle féminins semblent renvoyer à une tendance à vouloir «exploiter» l’autre alors qu’il s’agit davantage d’une recherche de sensations fortes pour les hommes.
Prédire le risque de récidive Mme Forouzan a réalisé en 2002 un postdoctorat en psychologie à l’Université de Montréal sur les facteurs étiologiques de la psychopathie chez les femmes. Dans ces travaux, elle analysait les dossiers de 200 jeunes femmes placées dans des centres jeunesse durant leur enfance. Auparavant, elle s’était intéressée au devenir psychologique et comportemental d’hommes ayant été victimes de sévices sexuels au cours de leur jeunesse. La chercheuse poursuit ses travaux sur la psychopathie féminine. Grâce à une bourse du Fonds de la recherche en santé du Québec, elle travaille à l’élaboration d’un outil d’évaluation adapté aux femmes. «Un tel outil permettrait aux professionnels de la santé et aux intervenants du système judiciaire de poser un diagnostic objectif, de prédire les chances de succès d’un programme thérapeutique et d’évaluer le risque de récidive», conclut Mme Forouzan. Dominique Nancy |
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