Volume 41 - numÉro 18 - 29 JANVIER 2007
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Un thermomètre du développement de l’enfant
Selon les plus récentes statistiques de l’Agence de la santé publique du Canada, le nombre de signalements d’enfants négligés ne cesse d’augmenter chaque année. Seulement au Québec, les cas de négligence seraient passés de 12 272 à 14 085 entre 2002 et 2004. «Cela est d’autant plus grave que la négligence concerne très majoritairement les très jeunes enfants, soit ceux qui sont dans les phases cruciales de construction de leurs habiletés intellectuelles, langagières et socioaffectives», indique Jacques Moreau. Professeur à l’École de service social et chercheur dans le domaine depuis plus de 20 ans, il rappelle que les retards sur ce plan sont souvent dus à «un environnement qui ne fait pas son travail» et ce sont les intervenants de première ligne ou les éducateurs qui travaillent auprès des enfants qui les constatent. «Malheureusement, dit-il, très souvent ceux-ci ne peuvent appuyer leurs impressions sur des mesures objectives, faute d’outils d’évaluation appropriés à leurs besoins.» Les outils d’évaluation du développement actuellement disponibles sont, en effet, souvent très complexes à utiliser et requièrent du temps, de l’argent et l’expertise d’un professionnel de l’évaluation, alors qu’il y a urgence à intervenir. «Les conséquences de la négligence ne sont pas aisément décelables, commente Jacques Moreau. Un enfant négligé – qui fait par exemple l’objet d’indifférence ou encore qui est abandonné à son sort plusieurs heures – ne présente pas de lésions, de fractures ou de traces de violence sexuelle. Dans bien des cas, le seul signe sur lequel on peut se baser pour démontrer qu’il est victime de négligence, c’est la qualité de son développement.» C’est pour répondre à cette problématique des centres jeunesse et des centres de la petite enfance (CPE) que le professeur Moreau et des chercheurs de l’UQAM, dont Gérard Malcuit, Andrée Pomerleau, Nathalie Vézina et Renée Séguin, ont conçu la Grille d’évaluation du développement (GED).
Un outil de référence dans le domaine de la maltraitance Inspirée des outils comme le Bayley, le Stanford-Binet et le Griffiths, notamment, la GED s’appuie sur des tests et des échelles couramment employés pour mesurer le développement des jeunes enfants âgés de zéro à cinq ans. «On n’a pas réinventé la roue, souligne M. Moreau. Parfois, on a pris ce qui existait déjà, parfois on a créé de toutes pièces et l’on a adapté le tout aux besoins des intervenants de première ligne.»
Le chercheur compare la GED à un thermomètre. «À la manière d’un thermomètre qui nous indique si un enfant fait de la fièvre mais sans dire si cette fièvre est due à un rhume ou à une poussée des dents, la GED permet de savoir si l’enfant a un retard et non d’en trouver la cause. Ce n’est pas un instrument de diagnostic, mais un outil pour le dépistage de retards de développement et utile à l’élaboration de plans d’intervention.» La GED, qui a fait l’objet de sérieuses évaluations, connait déjà un vif succès. Le Centre jeunesse de Montréal l’a désignée comme outil de référence dans le domaine de la maltraitance et plusieurs agences de santé et de services sociaux ainsi que des CPE d’un peu partout au Québec se sont déjà procurés la trousse. La diffusion de la GED a été confiée au Centre de liaison sur l’intervention et la prévention psychosociales (www.clipp.ca), qui assure aussi la formation des utilisateurs. Déjà, plus de 200 intervenants des centres jeunesse de Montréal, Québec et Trois-Rivières ont suivi ou suivent présentement une formation. Dominique Nancy |
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